Des scientifiques de l'Université Calgary auraient levé le voile sur l'un des secrets génétiques des graines de pavot, une découverte qui pourrait permettre la fabrication de médicaments pour soulager la douleur moins dispendieux et plus facilement accessibles.
Le professeur en sciences biologiques Peter Facchini aurait ainsi retracé les gènes uniques des graines de pavot qui sont à l'origine de la codéine et de la morphine.
C'est du moins ce qu'il a révélé dans l'édition en ligne de la publication Nature Chemical Biology, où les résultats de ses recherches ont été publiés dimanche.
Selon M.Facchini, les enzymes encodés par ces gènes ont mystifié les biochimistes des végétaux pendant plus d'un demi-siècle. Qualifiant la découverte de «d'important pas en avant», le professeur estime qu'elle est équivalente à celle d'un gène impliqué dans le cancer ou d'autres désordres génétiques.
Le scientifique originaire de Toronto et âgé de 46 ans effectuait des recherches sur les graines de pavot depuis plus de vingt ans. Avec l'aide de sa collègue Jillian Hagel, qui aurait fait tout le travail de terrain, selon M.Facchini, cela faisait deux ans qu'ils essayaient de retracer plus spécifiquement les secrets du gène.
C'est avec l'aide de l'équipement de dépistage à la fine pointe de la technologie que Mme Hagel a passé au travers de plus de 23 000 gènes différents contenus dans un tout petit échantillon de graines de pavot.
Ainsi, il y a plus d'un an, soit le 4 février 2009, elle a finalement localisé un gène appelé «codéine/O/dementhylase», qui produit l'enzyme de la plante qui transforme la codéine en morphine. «C'est comme trouver une aiguille dans une botte de foin», a illustré le chercheur torontois en entrevue à La Presse Canadienne.
Depuis cette date, les deux chercheurs se sont affairés à contre-vérifier leur travail et à élargir leurs recherches.
M. Facchini, qui a déposé un brevet sur sa découverte, croit que ses implications pourraient avoir un important impact sur l'industrie canadienne des analgésiques.
Parmi ceux-ci, la codéine est le plus utilisé à travers le monde. Au Canada, les consommateurs dépensent plus de 100 millions $ par année pour des médicaments contenant cet analgésique. Même si les Canadiens sont des grands consommateurs de codéine, beaucoup d'entre eux importent leurs doses de France ou d'Australie.
Ainsi, le biologiste se dit cependant sceptique quant aux retombées que sa découverte pourrait avoir chez les consommateurs. Il juge cependant que les impacts seront du côté de la production.
«Notre découverte rend possible l'utilisation de micro-organismes pour la production d'opiacés et d'autres médicaments importants», a expliqué M. Facchini.
L'une des prochaines étapes pour son équipe est l'utilisation des gènes de la codéine pour créer des médicaments dans la levure ou dans des bactéries. «Beaucoup de médicaments proviennent de la levure», a expliqué le professeur.
La codéine est extraite directement des plantes. Elle est aussi obtenue par synthèse de la morphine que l'on retrouve en importante quantité dans les graines de pavot.
Thé de pavot et médicaments : attention, danger
La consommation de thé de pavot, parfois combinée à la prise d’autres médicaments, pourrait être fatale, dénoncent les proches de certains adeptes qui y ont laissé leur peau.
« À nos yeux, notre fils consommait un thé naturel, fait à partir d’ingrédients disponibles à l’épicerie. » Ces mots, ce sont ceux d’un couple californien dont le fils serait mort en 2003 après avoir consommé « sa quantité habituelle » de thé de pavot.
Sur le site Web www.poppyseedtea.com, les parents du jeune homme avertissent la population des effets de cette préparation. Ils présentent le rapport anonyme du coroner. Une surdose de morphine et de codéine expliquerait la mort de leur fils de 17 ans. Si cet événement est difficile à documenter, d’autres cas semblables ont défrayé les manchettes aux États-Unis.
En février 2009, Alex McGuiggan, de Bolder au Colorado, serait mort d’une surdose de morphine après avoir consommé un thé fait à partir de cosses et de grains de pavot. Selon ses proches, le jeune homme de 20 ans ne connaissait pas les dangers de la solution qu’il consommait.
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Les risques pour la santé augmentent en combinant le thé de pavot avec des médicaments ou, sans aucun doute, avec des boissons alcoolisées.
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Cinq mois plus tard, dans la même ville, le même sort se serait abattu sur Jeff Bohan. L’étudiant de 19 ans serait mort d’une surdose de morphine après avoir concocté un mélange fait à partir de cosses, le doda. La même année, la vie de Cory Young, un Texan de 18 ans, aurait elle aussi connu une fin abrupte. Le jeune homme de 18 ans buvait la même mixture, dans le but avoué d’en ressentir les effets intoxicants. Il aurait aussi consommé des amphétamines et de l’alprazolam, un psychotrope utilisé pour traiter les troubles de l’anxiété.
Au Bureau du coroner de Québec, on ne recense aucun cas de décès en lien avec la consommation de thé de pavot.
Concentrations
Au plus fort de sa consommation, Éric ingurgitait deux kilos de grains de pavot. S’il consommait des grains semblables à ceux qu’ont étudiés en 1996 les chercheurs du Dutch Laboratory for Drugs and Doping, Hospital Pharmacy, il pouvait alors prendre jusqu’à 502 milligrammes de morphine et 114,2 milligrammes de codéine par jour.
Selon l’étude, les quantités de morphine présentes dans les grains de pavot peuvent aller de deux à 251 microgrammes par gramme (µg/g), tandis que les quantités de codéine varient de 0,4 à 57,1 µg/g. D’autres chercheurs prétendent que ces quantités peuvent toutes deux grimper jusqu’à 294 µg/g.
Il demeure difficile de connaître la toxicité exacte des grains de pavot. Le système digestif peut réduire jusqu’à 90 % de leur contenu en morphine.
Sous prescription, la morphine et la codéine sont habituellement administrées par doses allant de cinq à dix et de 30 à 60 milligrammes, respectivement. C’est beaucoup moins que ce qu’Éric a déjà consommé.
Déjà, la prise de ces médicaments, à raison de trois ou quatre fois par jour, peut créer une accoutumance. « Les quantités prescrites varient beaucoup d’une personne à l’autre, explique la pharmacienne Marie-Claude Gingras. En quelques semaines, et parfois moins longtemps, les doses peuvent avoir à être augmentées pour contrer cette tolérance. »
Le docteur Ariel Fenster, professeur de chimie à l’Université McGill, émet une mise en garde à propos des thés de pavot. « La quantité d’opiacés n’est pas contrôlée dans les grains, dit-il. Elle est difficile à évaluer, puisque plusieurs facteurs influencent la concentration. »
La quantité de graines consommées, le lieu et le moment où elles ont été produites, l’efficacité du processus d’extraction et la température de l’eau utilisée pour en soutirer les ingrédients actifs font partie des facteurs qui influencent la concentration des grains de pavot. Pas étonnant, donc, que des différences aussi marquées rapprochent dangereusement la consommation de thé de pavot d’un véritable jeu de roulette russe.
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