Ceux qui doutent du Baclofène sont soupçonnés d’être liés aux lobby des alcooliers, aux Alcooliques Anonymes, aux labos ou aux psys. Enquête en terrain passionnel.
Il y a désormais une religion du Baclofène, avec son prophète, ses miraculés, ses renégats. Le dogme est défendu avec une telle force, et la cause est tellement belle, que chercher les preuves de l’efficacité et de l’innocuité du médicament passe pour de l’hérésie.
Quiconque doute que le Baclofène puisse vaincre l’alcoolisme est immédiatement soupçonné d’être aux mains de ce ceux qui craignent de perdre le « marché » des alcooliques.
Culpabilisant de n’avoir pu soigner leurs patients jusque-là, des docteurs se trouvent embarqués dans cette croisade pour sauver des vies. Pensez : l’alcool « c’est 120 morts par jour », alors pourquoi prendre le temps de vérifier encore et encore l’efficacité et les effets secondaires de ce médicament ?
La passion l’emporte sur la raison scientifique. Les médecins oublient que guérir un ou plusieurs patients n’est pas éradiquer une maladie. Pris dans une forme de paranoïa, les défenseurs de ce traitement supposé miraculeux en viennent à dénoncer un complot, un « crime » des autorités qui ne l’autorisent pas encore, une « affaire Médiator à l’envers ».
Ils ne comprennent pas pourquoi l’agence du médicament a demandé à valider les hypothèses par deux essais cliniques, réalisés en ce moment en double aveugle sur plus de 600 patients, et la pressent d’émettre une
autorisation temporaire d’utilisation dès juin.
L’histoire de ce médicament a tout de particulier puisqu’il n’est pas « nouveau » : c’est son usage à très haute dose dans l’élimination de la dépendance à l’alcool qui est nouveau. Sortie dans les années 60, cette molécule, disponible sous forme de générique, est utilisée comme relaxant musculaire.
La « découverte révolutionnaire » de sa nouvelle indication est partie d’un patient pas comme les autres, un médecin malade de l’alcool, le docteur Olivier Ameisen.
« Ce livre raconte l’histoire de ma guérison »
« Le dernier verre », du Dr. Olivier Ameisen
Comment ne pas être bluffé en effet quand un cardiologue surdoué, installé à New York, met en scène sa rédemption, dans son livre
« Le dernier verre » (Denoël, 2008) ? Depuis Pasteur qui s’était inoculé son propre vaccin, rares sont les docteurs qui se sont risqués à prêter leur corps à la science.
Dans son livre, il raconte comment l’alcool et la dépression peuvent faire chuter un homme et le conduire au désespoir, puis comment il a eu l’idée de prendre du Baclofène, efficace sur l’anxiété, et ce jusqu’à une dose dix fois supérieure à l’indication. A la fin, la sentence tombe :
« Je n’étais ni abstinent ni sobre : tout simplement indifférent à l’alcool. »
Il décrit alors l’« homme nouveau » qu’il est devenu, délivré de la dépendance et de la vulnérabilité, n’ayant aucun effort à faire pour résister à l’envie de l’alcool puisqu’elle a disparu.
Ces derniers temps, Olivier Ameisen a été très mal. Ses démons ont repris le dessus. Une rumeur dit qu’il aurait replongé dans l’alcool, ce que ses proches contestent farouchement. Contacté par téléphone, il fait cette réponse déroutante au sujet de sa sobriété :
« Je ne suis pas abstinent mais indifférent. Depuis 2004, je ne bois plus... un verre le jour de l’an, quelques verres par an. Mais vous savez, je n’aime pas l’alcool, je n’ai jamais aimé. Je me forçais à déglutir. »
« Faire des essais cliniques est obscène »
En sautant du coq à l’âne, il s’emballe sur sa découverte, « qui mériterait le Nobel, dit-on ». Ses propos traduisent une mégalomanie touchante et une profonde inquiétude :
« J’ai mis ma carrière en suspens pour me consacrer au Baclofène, je suis invité à Harvard, à Zurich, partout, sauf en France bizarrement. J’ai publié dans les revues les plus prestigieuses, Jama, Lancet, Science... Le
Guardian parle de “découverte médicale du siècle”. C’est en tous cas une découverte à ranger au niveau de celle des antibiotiques. »
Pour expliquer l’indifférence de la moitié des alcoologues à ce traitement, Olivier Ameisen, lui, ne se lance pas dans une dénonciation du lobby de l’alcool et de l’industrie pharmaceutique. Il a sa propre explication, qui l’amuse :
« Les psychiatres-addictologues n’ont même pas conscience que leur avis est biaisé. Tout simplement, ils ne veulent pas faire disparaître leur spécialité, car si le Baclofène est reconnu comme le remède à l’alcoolisme, les malades iront se le faire prescrire chez leur généraliste. »
Mais ne faut-il pas vérifier que le médicament marche sur un plus grand nombre de personnes avant de le mettre sur le marché ?
« Faire des essais cliniques est obscène : imaginez-vous, face à un patient leucémique, donner un placebo à un patient sur deux ! Quand on a le meilleur traitement existant, c’est criminel de ne pas le donner. »
Puis, Olivier Ameisen prononce cette phrase, qui laisse penser que la poursuite d’une conversation rationnelle est compromise :
« La médecine c’est un art, pas une science. »
Des études « pas religieuses »
Celui qui est censé apporter les preuves scientifiques de l’efficacité du Baclofène est le Dr. Renaud de Beaurepaire, chef de pôle de psychiatrie à l’hôpital de Villejuif, et qui vient de sortir
le livre « Vérités et mensonges sur le Baclofène » (Albin Michel).
« Vérités et mensonges sur le baclofène », Dr. Renaud de Beaurepaire
Cité comme seul prescripteur de Baclofène dans le livre d’Olivier Ameisen, il a vu déferler nombre d’alcooliques en quête d’un traitement miracle. Il a publié en 2012 dans la revue Frontiers of Psychiatry
une étude montrant que sur 100 patients, 62 sont devenus indifférents à l’alcool après deux ans sous Baclofène (84 à trois mois). « Quand il est bien pris, le Baclofène guérit à 80% », insiste-t-il par téléphone.
Cet homme en colère, qui ne comprend pas pourquoi les alcoologues ne sont pas aux premières loges pour défendre le Baclofène, est obligé d’aller dans les médias dénoncer la « diabolisation du Baclofène », mais il dit ne pas aimer ça.
Tout en disant qu’il « ne parle pas de manière religieuse », que les « anti Baclofène font de la propagande » et que les écouter « ce n’est pas faire du journalisme », il explique ce qui l’a stupéfait dans l’expérience d’Ameisen :
« C’est extraordinaire cette indifférence à l’alcool, une date dans l’histoire de la médecine. Ne pas traiter les patients qui meurent, c’est criminel. Les essais cliniques sont un prétexte pour retarder l’autorisation. Des essais cliniques ont déjà été faits et
publiés dans la revue The Lancet, ça devrait suffire. Jamais un changement de dose n’a nécessité de nouveaux essais cliniques. »
Combien ?
L’agence de sécurité du médicament (ANSM) reste sur sa position. Elle rappelle qu’elle autorise la poursuite de la
prescription hors AMM [PDF], qui a d’ailleurs explosé entre 2011 et 2012 (+37% et 4,32 millions de boîtes vendues l’an dernier) et continue à
surveiller la longue liste [PDF] des effets indésirables.
En réalité, le dernier essai publié par cette revue ne porte que sur 84 cas, dans le maintien de l’abstinence et non l’obtention, et pas aux doses prévues par Ameisen. Et malgré les effets secondaires nombreux, le médecin parle d’innocuité du médicament, « qui n’a jamais tué personne ».
Puis, agacé par les contestataires, il se contredit et contredit la science :
« 50% de résultat, c’est infiniment mieux que ce qu’on obtient avec Aotal et Revia [les deux autres traitements disponibles, ndlr] qui sont à 10% de réussite à 6 mois et 0% à un an. »
Ostracisé par les « Baclofène-maniaques »
Pour contester cette version et dénoncer les effets secondaires du Baclofène, le Dr. Philippe Batel, responsable de l’unité de traitement ambulatoire des maladies addictives, de l’hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine), n’a plus droit de cité sur les forums pro-Baclofène.
Fuite
« Deux morts dans un essai clinique sur le Baclofène » : quand le site Allodocteurs
a lâché cette info, le 7 mars dernier, elle a fait l’effet d’une bombe parmi les promoteurs du médicament. Mais la mort de deux patients sur les 300 participants à l’essai clinique ne veut rien dire, surtout qu’on ne sait pas si les deux personnes étaient traitées au Baclofène ou sous placebo.
Il a été mis sur liste noire parce qu’il dirige un
essai clinique pour un médicament concurrent, le Selincro, ce qui lui donnerait un intérêt à torpiller le Baclofène. Las, ce clinicien passionné participe également à un des deux essais cliniques sur le Baclofène.
Il estime les résultats de ce médicament à « 45% de réussite, contre 33% pour les autres traitements contre l’alcool, Aotal ou Revia. C’est une réussite qui donne envie d’aller plus loin ».
Ce médecin prescrit la molécule aux alcooliques « sévèrement atteints, à qui l’abstinence fait peur, et en colère parce qu’ils pensent que plus rien ne sert ». Ou à ceux qui lui demandent.
Derrière son bureau, devant une grande toile de l’artiste Ben siglée de nombreux petits « je bats », et tamponnés au milieu d’un grand « je vis », le psychiatre, auteur de
l’ouvrage « Pour en finir avec l’alcoolisme : réalités scientifiques contre idées reçues » (Inserm-La découverte, 2006) prévient :
« Pour en finir avec l’alcoolisme », Dr. Philippe Batel
« Se faire soigner quand on est docteur, c’est une double peine, donc cela nécessite une double humilité. »
Lui pense qu’Olivier Ameisen en a cruellement manqué, et préfèrerait qu’on parle de « rémission » que de « guérison » à l’alcool. Il trouve que les « Baclofène-maniaques », comme il les appelle, manquent de discernement quand ils parlent d’« éradiquer l’alcoolisme » et d’« innocuité du médicament ».
Ostracisé – quand ce n’est pas diffamé – par ceux qu’il accuse d’être « en croisade », ce clinicien explique calmement :
« J’ai l’outrecuidance de dire publiquement ce qu’ils ne veulent pas voir ou entendre :
ça ne marche pas chez tout le monde : je publierai bientôt une étude sur les 92 patients que j’ai suivis et sur qui je constate que la fameuse indifférence à l’alcool est extrêmement rare ;
Effet indésirable
A ceux qui disent que le Baclofène n’a aucun effet secondaire, le Dr. Batel oppose ce que décrit la pharmacovigilance (syndrome des jambes sans repos, fatigue très importante, chutes, syndrome de sevrage, défenestration, épisodes de sevrage) et décrit le cas d’un de ses patients : “Un homme qui n’avait jamais fait de tentative de suicide avant a sauté du 2e étage d’un centre commercial à cause de l’effet confusionnel du Baclofène. Il est depuis en fauteuil roulant.”
arriver à boire avec modération, c’est quoi ? Certes les gens sont moins attirés à la vue du produit, mais ils continuent de boire un litre de vin au lieu de deux chaque jour ;
il faut évaluer dans les règles de l’art la balance bénéfices-risques. Et ne pas mépriser la très grande majorité d’alcoolo-dépendants qui sortent de leur maladie sans aide médicamenteuse. »
S’ils continuent avec leur activisme non scientifique, non prudent, ils vont planter le Baclofène. Ils ne peuvent pas prendre l’agence du médicament en otage, et dire qu’on veut empêcher l’autorisation de mise sur le marché, alors qu’on conduit des essais cliniques en vue de l’obtenir ! »
Comme il l’a expliqué dans son livre, les causes de l’alcoolisme sont multiples, les patients différents, et toutes les « mono-théories » sont fausses. Le Baclofène est une question de pharmacologie, pas autre chose.
« Toujours moins grave que de boire »
Le
Pr. Bernard Granger, psychiatre à l’hôpital Cochin, a fait sien le combat pour l’autorisation du Baclofène. Il a dénoncé la première
mise en garde de l’ANSM en juin 2011, qui mettait en garde contre la prescription de Baclofène dans le traitement de l’alcool, et a trouvé « scandaleux qu’il ait fallu attendre 2012 pour que des études en double aveugle commencent ».
Il qui a convaincu le directeur de l’Agence du médicament et l’Académie de médecine de venir au colloque qu’il organise le 3 juin à Paris, avec les associations de patients (« Alcool, plus de 100 morts par jour, ça suffit ! Place du Baclofène dans la lutte contre l’alcoolisme »).
Aide et maintien
Bernard Granger décrit les « deux usages du Baclofène pour le maintien du sevrage ou contre le “craving” (l’envie irrépressible de boire) :
– pendant le temps du sevrage, le Baclofène diminue le risque du delirium tremens (confusion mentale avec tremblement), jusque-là on utilisait les benzodiazépine ;
– ce n’est pas l’indication principale, quand on a arrêté de boire, pour le maintien de l’abstinence ou d’une consommation modérée, c’est le gros avantage.
On augmente les doses peu à peu, le patient réduit peu à peu sa consommation, puis il juge nécessaire d’être abstinent ou pas. »
Il reconnaît que « le niveau de preuve le plus élevé, c’est l’étude en double aveugle contre placebo avec un grand nombre de patients, à la bonne dose et avec une méthodologie incontestable ». Et que ces preuves n’existent pas encore.
Quant aux effets indésirables, le professeur de psychiatrie remarque :
« Quand on a affaire à un médicament très puissant, il est rare qu’il n’y en ait pas. Il a énormément d’effets indésirables, mais ils sont connus depuis 40 ans, là on a des dizaines de milliers de patients qui ont essayé. Et ces effets indésirables sont toujours moins graves que de boire ! »
Le miracle du Baclofène est si séduisant qu’il en fait perdre la raison, même aux scientifiques.
6 commentaires:
Bonsoir Dan Popescu,
Lorsque vous faites un copié/collé d'un article, la moindre des choses c'est d'en citer l'origine !
Mais surtout, n'oubliez pas de préciser qu'il y a eu 192 réactions, la plupart pour dénigrer et critiquer cet article. Et surtout la journaliste qui a colporté n'importe quoi et sans preuve. Ce que vous faites aussi...
De grands noms, des Pr et Dr font partie des commentateurs/contradicteurs.
Yves BRASEY Vice-Président de l'Association Baclofène. www.baclofene.org et www.baclofene.com pour le forum d'entraide.
Bonsoir Yves Brasey,
Je vous remercie pour le commentaire et je vous félicite pour le fait que vous avez été « un alcoolo et un déchet de la société » et surtout pour que vous êtes maintenant, au contraire, vous êtes « fier de ne plus l'être »
Vous qui êtes « le concepteur d'un logiciel connu, créateur et DG d'une start-up, 3 personnes à la création en 1989 et 115 personnes 10 ans plus tard » à votre départ, vous qui avez eu des « échecs : 2 divorces, les séparations avec les mères » de vos deux enfants, et « autres échecs » de votre vie, avec un « niveau d'imprégnation alcoolique, ivresse quasi quotidienne et débordements le WE » le niveau de votre tabagisme de « 50 à 75 cigarettes/ jour », comme bien vous le dites « globalement 30 ans d'abus d'alcool et de tabac », vous y croyez en ce médicament et c’est très bien et tant mieux pour vous.
Comme tous les médicaments il y en a qui marchent pour les uns mais pas du tout ou moins pour les autres… Il y aussi une conjoncture, un moment donné, une prise de conscience où on réalise que plus loin que le fond du baril (pour ne pas dire le tonneau sic !) il n’en reste que … le fond d’un cercueil, tous ça peut bien nous pousser à croire que même du pain et de l’eau bénite C’EST LE TRAITEMENT !
Le placebo peut aussi guérir des fois, dans un contexte ou une épaule s’ajoute, ou quand on réalise que plus « looser » que ça on ne peut pas être !
Moi je ne nie pas les effets bénéfiques de n’importe quel médicament que ce soit. Je ne fais pas non plus la publicité des médicaments qu’ils soient pour arrêter l’alcoolisme, des purgatifs, diurétiques ou pour traiter des problèmes d’érection … J’ai juste repris les dires de quelqu’un sur un médicament. POINT. ( dont la source et la… )
Il y aura aussi votre point de vue que je vais poster sous peu. Merci pour le commentaire et bon courage dans votre « croisade ».
PS : Il y a un proverbe roumain qui dit que fumer une cigarette ou le paquet au complet ça fait un fumeur de nous quand même … Un vice reste un vice si on ne l’éradique pas complètement et définitivement.
La version courte des connaissances actuelles sur l’efficacité du Baclofène dans le traitement de l’alcoolo-dépendance est la suivante :
- Il y a un faisceau d’indices concordants, certains sous la forme d’articles scientifiques dans des revues à comité de lecture, qui montrent que le Baclofène est efficace dans l’obtention de l’abstinence et son maintien.
- Les effets secondaires du traitement à court et moyen terme sont moins délétères que ceux de l’abus d’alcool.
- Les effets secondaires à long terme des traitements à haute dose (supérieur à 80mg/jour) sont inconnus. Ceux de l’abus d’alcool à long terme sont connus, eux.
Ce débat me rappelle celui sur l’origine anthropique du réchauffement climatique. Un faisceau d’indices et de données concordants face à un groupe de sceptiques professionnels de mauvaise foi englués dans leurs conflits d’intérêts.
L’article que vous venez de commettre peut décourager des patients d’essayer un traitement qui, en l’état actuel des connaissances publiées par la communauté scientifique, est le plus efficace des traitement disponibles. Il y a en France 3.5 millions de personnes qui consomment de l’alcool de façon excessive, environ 10% d’entre-eux décéderont des suites de leur surconsommation d’alcool dans les dix ans à venir, soit 350 000 individus. Si vous n’en avez découragé ne serait-ce qu’un pour mille d’entre-eux d’essayer le traitement le plus efficace disponible, votre article se sera révélé bien plus dangereux qu’un poivrot lâché sur une autoroute au volant d’un poids-lourd.
Signé Kucing, commentateur de "votre" article.
Puisqu'il s'agit de jouer aux citations.
Je vous cite :
« lui et d’autres en parlent dans des revues de qualité variable, mais jamais une grande revue scientifique n’a dit le dernier mot sur cette affaire. »
Puis, plus bas, vous citez Renaud de Beaurepaire :
« Des essais cliniques ont déjà été faits et publiés dans la revue The Lancet »
Avec un lien vers le résumé de l’article en question.
Pour votre information, et afin de vous éviter de vous ridiculiser à nouveau à commettre un nouvel article digne de « News Of The World », « The Lancet » est bien une grande revue scientifique. L’essai clinique décrit dans cet article fait état de 72% d’abstinence chez des patients cirrhotiques traités par le baclofène contre 29% dans le groupe qui a reçu le placebo.
C’est dans « The Lancet », 2ème journal de médecine générale en termes de facteur d’impact. Vous n’imaginez certainement pas la difficulté de publier dans un journal de ce calibre. Le manuscrit est examiné à la loupe par plusieurs experts, tous éminents spécialistes du sujet, afin de traquer la moindre imprécision, faute méthodologique, sur-interprétation des données, etc. Visiblement, ce blog pourrait gagner à se doter d’un tel système de « peer review ».
Vous vous permettez de critiquer le fond même de cet essai clinique :
« En réalité, le dernier essai publié par cette revue ne porte que sur 84 cas, dans le maintien de l’abstinence et non l’obtention, et pas aux doses prévues par Ameisen. »
Le résumé de cet article indique : « Primary outcome was proportion of patients achieving and maintaining alcohol abstinence. » Il s’agit donc bien de l’obtention ET du maintien de l’abstinence contrairement à ce que vous écrivez. Quant aux « 84 cas », ils sont suffisants pour que la probabilité de se tromper en affirmant que le Baclofène est supérieur au placebo soit inférieure à 1 pour 1000. Je comprends, à travers vos articles que vous êtes étrangère à la notion de rigueur scientifique mais, s’il vous plaît, avant d’écrire ce que vous prétendez être un article, je vous engage à apprendre à comprendre ce que vous lisez, si toutefois vous êtes donnée la peine de lire les références que vous citez.
Quand vous écrivez que « lui (O. Ameisen) et d’autres en parlent dans des revues de qualité variable » votre lien renvoie sur la liste de publications de O. Ameisen, qui contient tout de même des papiers dans « The Lancet » et « JAMA » (beaucoup des confrères de M. Ameisen souhaiteraient publier dans ces revues « de qualité variable », croyez-moi). Il ne s’agit donc pas d’une bibliographie sur le Baclofène dans le traitement de l’alcoolo-dépendance mais de la liste de publications d’une seule personne. Si vous aviez eu la présence d’esprit (je n’ose parler de conscience professionnelle) de croiser les termes « baclofen » et « alcohol » dans la base de données PubMed, vous auriez remarqué que O. Ameisen et « d’autres » sont auteurs de plus de 600 publications sur ce sujet (surtout « les autres », d’ailleurs). Votre travail de recherche en amont de ce que je n’ose appeler un article par respect pour la profession dont vous vous revendiquez est, dans le meilleur des cas, manifestement bâclé.
Par ailleurs, vos procédés journalistiques sont lamentables. L’insinuation, les affirmations sans source, les phrases de liaison assassines sont réservées aux défenseurs du Baclofène. Exemple :
- « Ces derniers temps, Olivier Ameisen a été très mal. Ses démons ont repris le dessus. Une rumeur dit qu’il aurait replongé dans l’alcool »
Quelles sont vos sources puisque O Ameisen, contacté au téléphone par vos soins, affirme être toujours indifférent à l’alcool, affirmation que vous qualifiez de « réponse déroutante ».
Bonsoir à tous les « adeptes/défendeurs/utilisateurs/experts. » de Baclofène,
l’article sur lequel vous vous acharnez/critiquez est paru sur www.rue89.com et c’est signé par Sophie Caillat | Journaliste rue89, en date de 22/04/2013 à 19h08, que j’ai repris purement et simplement sur mon blogue parce qu’il y avait un point de vue intéressant, un débat assez plausible sur l’usage controversé d’un médicament quelconque et surtout parce qu’il m’intriguais (comme dans le cas de ceux qui « essayent » d’arrêter de fumer) qu’on doit recourir à des inventions chimiques, pour remplacer une naturelle volonté humaine manquante d’une façon flagrante, dans le cas de ceux qui « adoptent » ce médicament miracle pour se débarrasser de l'alcool.
Moi-même étant un ex-fumeur invétéré qui avais fumé 2 paquets par jour, ai-je pu arrêter sans gomme, sans patch, sans hypnose, sans lobotomie, sans médicaments bidon, sans rien, juste avec un BON support de ma femme et une BONNE motivation : étant un nouvel père, voulant vivre assez longtemps et rester en vie le plus longtemps possible auprès de ma famille et en mangeant des « tonnes » de graines de tournesol… C’est tout ! Assez comme TRAITEMENT, non ?
Je me répète : je vous félicite du fond du cœur pour la réussite totale de cette « cure » qui vous tiens (un peu plus) loin de la bouteille et je vous souhaite une bonne continuation dans l’indifférence (partielle) à l’alcool. Tenez bon, bonne santé et longue vie !
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