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26 août 2011

La violence et la maladie mentale

De nos jours, les communiqués de presse ayant trait à la maladie mentale ont tendance à insister sur le fait qu'un soi-disant lien existe entre la violence et la maladie mentale. Les reportages suggèrent souvent qu'une forte relation existe entre la maladie mentale et le crime. Pourtant, la majorité des gens qui sont violents ne sont pas atteints de maladies mentales. En fait, les gens atteints d'une maladie mentale sont plus susceptibles d'être la victime d'un acte de violence que de le commettre.
Les médias citent souvent d'impressionnantes statistiques pour souligner leurs cas, mais il faut aussi considérer la question dans son ensemble. Par exemple, des études ont révélé que le taux de violence (définie comme menacer, frapper, se battre ou faire du mal à une autre personne d'une manière quelconque) chez les gens atteints de maladie mentale est 3 à 5 fois plus élevé que chez les autres. Par lui-même, ce chiffre est inquiétant. Cependant, il se compare aux actes de violence beaucoup plus nombreux commis par les hommes que par les femmes.
Des études récentes ont démontré que l'alcool et l'abus d'intoxicants surpassent de beaucoup la maladie mentale en tant qu'éléments déclencheurs de violence. Une étude menée par Santé Canada en 1996 sur divers articles scientifiques révéla que le plus fort élément prédisposant à la violence et au comportement criminel n'est pas la maladie mentale grave, mais bien les antécédents de violence et d'activités criminelles.
Changer les croyances n'est pas une tâche facile. Il est cependant important de redresser les fausses informations relatives à cette question, car elles ne font qu'encourager l'intolérance et ont un effet négatif sur la vie des gens atteints de maladies mentales et sur l'ensemble de notre société. Se renseigner au sujet de la violence et de la maladie mentale est un premier pas important qui permettra d'adopter des attitudes réalistes envers cette question complexe.
La maladie mentale suscite-t-elle- la violence? 
La plupart des crimes violents commis dans notre société ne sont pas attribuables à la maladie mentale. La supposition qu'un potentiel de violence se rattache presque assurément à toutes les maladies mentales s'est avérée incorrecte dans de nombreuses études.
Une relation existe entre les comportements et les symptômes de violence menant la personne à se sentir menacer et/ou dépassant sa capacité à se maîtriser. Des exemples de ces symptômes comprennent : symptômes spécifiques comme des hallucinations dites ordonnées et le sentiment que des forces externes contrôlent l'esprit.
Les recherches en cours démontrent que les personnes atteintes d'une maladie mentale grave sont 2,5 fois plus susceptibles d'être victimes d'un acte de violence que d'autres membres de la société. Dans bien des cas, cela se produit lorsque les facteurs suivants sont présents : la pauvreté, un mode de vie transitoire et l'abus d'intoxicants. La présence de l'un ou l'autre de ces facteurs rend une personne atteinte d'une maladie mentale plus susceptible d'être victime d'agression et d'y réagir d'une manière violente.
Qui est susceptible d'etre victime?
Le cycle de la violence est remarquablement similaire, qu'une personne soit atteinte de maladie mentale ou non. Par exemple, les gens atteints d'une maladie mentale ne sont pas plus enclins à faire du mal à un étranger que n'importe qui d'autre. Toute personne ayant un comportement violent s'en prend généralement aux membres de sa famille et à ses amis plutôt qu'aux étrangers et ce, à la maison, pas en public.
D'ordinaire, ce sont les conjoints, partenaires intimes et autres membres de la famille qui subissent les actes de violence commis par une personne atteinte d'une maladie mentale. Dans la plupart des cas, ces actes de violence sont commis par des hommes envers les femmes, comme c'est le cas d'ailleurs dans l'ensemble de la population.






Les facteurs influants sur la violence 
Les conditions augmentant le risque de violence sont les mêmes, qu'une personne soit atteinte d'une maladie mentale ou non. Dans notre société, les comportements violents sont principalement attribués à l'alcool et à l'abus d'intoxicants.
Un autre facteur important est la présence d'antécédents de violence. Les individus atteints d'une psychose ou d'une déficience neurologique qui vivent dans un environnement stressant et imprévisible, avec peu de soutien familial ou communautaire, sont probablement beaucoup plus susceptibles de se comporter de manière violente.
Le risque de violence familiale est lié, entre autres facteurs, à un faible statut socio-économique, au stress social, à l'isolement social, au manque d'estime de soi et aux problèmes de personnalité.
Les traitements s'averent-ils benefiques? 
Les renseignements que publie l'American Psychiatric Association à l'intention du public soulignent que les gens atteints de maladies mentales qui reçoivent l'appui de professionnels en santé mentale ne sont pas plus susceptibles d'être violents que la population en général. Le soutien thérapeutique continu que procurent les professionnels en santé mentale est un important facteur contribuant à réduire la probabilité de violence.
Les recherches démontrent également que, grâce aux programmes intensifs en traitement et en prévention communautaires, les taux de récidive chez les personnes qui commettent des crimes sont à la baisse.
Cependant, la fausse perception que les malades mentaux sont dangereux tend à grandement réduire l'appui pour les services sociaux et communautaires. Ce stigmate engendre également un comportement d'évitement chez les gens ne souhaitant pas interagir avec des individus atteints de maladies mentales, en milieu de travail et ailleurs.
D'autre part, et à cause de cette fausse perception, la population semble de plus en plus réceptive à l'idée de prendre des mesures légales pour interner les gens atteints de maladies mentales s'ils sont perçus comme dangereux pour autrui.
Que puis-je faire? 
La fausse perception liant la violence et la santé mentale est fondée sur la peur de l'inconnu et de l'imprévu. Le fait d'obtenir des renseignements à ce sujet permettra aux amis, aux membres de famille et aux collègues de comprendre et d'aider les personnes de leur connaissance qui sont atteintes d'une maladie mentale.




L'éclaircissement et la compréhension sont possibles en remettant les faits dans leur contexte : la majorité des gens violents ne sont pas atteints de maladies mentales. Tel qu'indiqué plus haut, les gens atteints d'une maladie mentale sont plus susceptibles d'être victimes d'un acte de violence que de le commettre.
Ou s'adresser pour obtenir de plus amples renseignements 
Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de la violence et de la santé mentale, contactez un organisme communautaire comme l'Association canadienne pour la santé Mentale. Un tel organisme sera en mesure de vous renseigner sur le soutien et les ressources disponibles dans votre quartier. Sur Internet, visitez le site www.cmha.ca.
La santé mentale et la violence contre les femmes et les enfants
La violence n'est pas le problème des autres, c'est le problème de tout le monde. La violence s'étend à la société canadienne, à la maison, au travail, dans les sports et les média. Chacun de nous doit assumer les responsabilités des valeurs, des croyances et des institutions de notre société qui permettent à la violence de ce produire. Nous devons commencer à mettre fin à la violence dans notre société, grâce à l'éducation et la sensibilisation du public, à une modification des rapports de force, et par l'application de loi et du système juridique. La violence est un facteur important dans la distinction de pouvoir et il existe plusieurs groupes et individus victimes d'un déséquilibre de force. Les femmes et les enfants constituent le plus grand groupe impuissant de la société et, par conséquent, les premières victimes de la violence.
La violence englobe ici tout l'éventail des préjudices physiques, sexuels et psychologiques, y compris les services (définis comme mauvais traitements physiques, psychologiques et sexuels et destruction des biens personnels), le harcèlement sexuel (y compris l'exploitation sexuelle de clients, élèves, employés et collègues de travail), la pornographie, la violence sexuelle, l'inceste et les mauvais traitements infligés aux enfants.
Les hommes sont les principaux coupables de la violence. Les femmes et les enfants en sont les principales victimes. Un grand nombre des auteurs de mauvais traitements ont été eux-mêmes victimes de la violence. Un traitement s'avère nécessaire pour briser le cycle de la violence.





Principes
La violence contre les femmes et les enfants sont un problème majeur de santé mentale qui a des incidences sur toute la société. Les hommes et les femmes qui ont été sujets à la violence dans leur enfance témoignent de l'impact tragique de cette expérience sur leur vie. Les conséquences psychologiques de la violence sont graves et destructrices et dureront toute une vie. Ce n'est que récemment que nous avons commence à reconnaître à quel point la violence est répandue, dangereuse et tragique. L'impact sur la société inclut le besoin de traitement et de soins pour les victimes, à tout moment, durant toute leur vie.
Recommandations
Vue l'étendue du problème, l'Association canadienne pour la santé mentale fait pression sur les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux, sur les juges, les procureurs de la couronne, la police, les professionnels de la santé et toute la société, pour qu'ils soutiennent les victimes des façons suivantes.
  • Mettre en application une législation pour traiter, rigoureusement et sans exception, des cas d'agression sexuelle et de mauvais traitements infligés aux enfants.
  • Considérer l'agression sexuelle des enfants par un parent, un membre de la famille ou une autre personne en position de confiance, comme un crime aussi grave qu'une agression par un inconnu.
  • Écouter, appuyer et protéger l'enfant victime d'agression sexuelle, surtout pendant les procédures judiciaires.
  • Écouter la victime et admettre qu'elle dit la vérité. Les preuves de corroboration telles que les préjudices visibles et la nécessité de signaler l'infraction le plus tôt possible ne devraient pas être utilisés pour déterminer la véracité des accusations, et l'absence de ces éléments ne devrait pas servir d'appui à l'innocence de l'accusé.
  • Interjeter l'appel pour les sentences modiques prononcées dans les cas de voies de fait d'ordre sexuel ou physique contre l'épouse. Considérer de telles infractions comme des crimes graves qui méritent des peines équivalentes à celles qui sont imposées pour d'autres agressions.
  • Reconnaître la priorité de l'évaluation et du traitement des délinquants sexuels jeunes et adultes.
  • Reconnaître et comprendre les besoins particuliers des femmes et des enfants en milieu rural ou vivant dans la pauvreté, des femmes et des enfants de couleur, des autochtones, des personnes handicapées, des immigrants, des femmes âgées, étant donné leur isolement et la double oppression que ces personnes subissent dans notre société.
  • Fournir aux victimes des renseignements sur le traitement et un soutien et les encourager à faire le choix parmi les programmes disponibles afin d'amorcer le processus de guérison.
  • Mettre en place et développer les services directs suivants: centres d'accueil des victimes d'agression sexuelle, abris pour femmes battues, maisons de transition et services de consultation communautaires.
Plausibilité des hypothèses sur le plan biologique :

Enfin, la plausibilité de l'hypothèse à l'étude sur le plan biologique est une question importante en épidémiologie dans le contexte de l'étude de la causalité. Quand il est question de plausibilité des hypothèses sur le plan biologique, il s'agit en fait de vérifier si une relation statistique peut être interprétée en fonction des théories de biologie qui ont cours. Cette dimension est parfois difficile à évaluer car l'état actuel des connaissances peut être tel que les mécanismes biologiques en cause dans un phénomène ne sont pas toujours connus, ce qui fait que l'absence d'une hypothèse biologiquement plausible n'a pas pour effet d'invalider les conclusions sur la nature causale d'une relation. Inversement, la présence d'une hypothèse biologiquement plausible donne un certain poids aux conclusions sur la nature causale d'une relation fondée sur des preuves empiriques convaincantes (Rothman, 1986). Par conséquent, lorsqu'on s'intéresse à la causalité, il est utile de savoir si l'hypothèse formulée au sujet du lien entre la maladie mentale et la violence repose sur l'existence présumée de mécanismes biologiques.

Des maladies génétiques et héréditaires, des influences pernicieuses pouvant avoir un effet sur le cerveau en développement dans le milieu intra-utérin, des dommages au cerveau pendant la période prénatale, des conditions particulières associées à certains troubles du système nerveux central et certains psycho-syndromes organiques qui semblent être le substrat d'un dysfonctionnement épisodique ont été observés chez des personnes présentant une symptomatologie psychiatrique et ayant des comportements violents. Certains chercheurs ont proposé une association entre la psychopathie et la violence, mais cette théorie devra être développée plus à fond.

En 1950, Sandberg a découvert l'existence d'un chromosome Y excédentaire chez un homme (décrit dans Heilbrun et Heilbrun, 1985). Cette anomalie chromosomique est connue sous le nom de « syndrome XYY ». Étant donné que les femmes possèdent deux chromosomes X et que les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y, c'est le chromosome Y qui transmet la « masculinité ». Les hommes ayant deux chromosomes Y, comme celui étudié par Sandberg, ont été dès lors décrits comme des « surhommes », et on leur a attribué des caractéristiques particulières, comme le fait d'être très grand et très agressif. Il n'a pas été long avant que des établissements psychiatriques et des établissements correctionnels fassent état d'un grand nombre d'hommes de grande taille, au sein de leur population, ayant commis des crimes avec violence particulièrement atroces et ayant le génotype XYY. Les avocats des hommes de grande taille qui avaient commis des crimes graves avec violence ont commencé à plaider l'inhabilité, en faisant valoir que leurs clients avaient un chromosome Y excédentaire et que c'était cette anomalie biologique qui les avait amenés à commettre leur crime. Comme on pouvait s'y attendre, ces affaires judiciaires ont soulevé une controverse dans les milieux scientifiques et juridiques au sujet de la valeur de la relation entre le syndrome XYY et la criminalité, en particulier les crimes avec violence. Une étude épidémiologique de grande envergure menée au Danemark, dans la collectivité, a mis fin à cette controverse. Les chercheurs danois ont étudié une cohorte de naissance composée de 31 436 hommes. Ils ont examiné les plus grands d'entre eux pour vérifier s'ils avaient un chromosome Y excédentaire. Le génotype XYY a été décelé chez seulement 12 des sujets, et aucun de ces 12 sujets n'avait commis un seul acte de violence. Mednick et Finello (1983), des chefs de file dans le domaine de la biologie criminelle, ont observé des similarités dans les résultats des études menées dans différents pays et continents, portant sur les antécédents et les variables en corrélation avec le comportement antisocial. Ils ont signalé, en particulier, plusieurs pistes intéressantes :

la solidité de certains résultats obtenus dans des milieux culturels différents, qui indiquent que le système nerveux autonome d'un certain nombre de délinquants juvéniles, de délinquants adultes et de détenus aurait une caractéristique commune, une déficience de la capacité réactionnelle;

des recherches transnationales indiquant que des anomalies neuropsychologiques et l'hyperactivité seraient des caractéristiques des délinquants violents;

la faible fréquence de l'activité électrique cérébrale a servi de mesure pour prévoir le comportement criminel.

Dans leur propre recherche, Mednick, Gabrielli et Hutchings (1984) ont comparé 14 427 enfants adoptifs avec leurs parents biologiques et leurs parents adoptifs par rapport à la variable « condamnations ». Ils ont constaté une corrélation statistiquement significative entre les enfants adoptifs et leurs parents biologiques à l'égard des condamnations pour des crimes contre les biens, mais non dans le cas des condamnations pour des crimes avec violence. Fait plus important encore, ils ont constaté que les enfants de mêmes parents qui avaient été adoptés par des familles différentes avaient tendance à présenter des similarités à l'égard du facteur « condamnations », surtout si leur père biologique avait commis des actes criminels.

La théorie, proposée il y a plus de 50 ans, selon laquelle il y aurait dans le système nerveux central (SNC) un mécanisme neuroanatomique qui interviendrait dans l'expression des émotions et le comportement, a conduit à des résultats selon lesquels des altérations de la sérotonine du SNC, un neurotransmetteur, sont associées au comportement violent chez les animaux. Ces résultats ont été confirmés par de nombreux chercheurs à travers le monde. L'hypothèse selon laquelle les troubles affectifs chez les humains seraient associés à des comportements suicidaires et à des comportements violents a conduit à de nombreuses répétitions, dans plusieurs pays, des expériences ayant révélé une association entre une faible concentration dans le liquide céphalo-rachidien de l'acide hydroxy-5 indole-acétique, un métabolite relié à la sérotonine, et les comportements impulsifs, destructeurs et violents (Brown, Linnoila, 1990; Apter et coll., 1990). De même, des chercheurs et des cliniciens de nombreux pays ont décrit les effets bénéfiques de divers médicaments sur l'activité du SNC, notamment le lithium, le propranolol, la chlorpromazine, la clozapine et d'autres antipsychotiques, qui sont utilisés pour traiter le comportement violent, qu'il soit ou non associé à une maladie mentale (Greendyke, Schuster et Wooton, 1984; Craft et coll., 1987; Herrera et coll., 1988). Paradoxalement, on a constaté que certains anxiolytiques, comme les benzodiazépines, déclenchaient des réactions de violence (Lader et Petursson, 1981).





En dépit du fiasco entourant l'étude du prototype XYY et de la difficulté que pose ce genre de recherches, dont certaines reposent davantage sur des raisons d'ordre sociopolitique et éthique que sur des raisons d'ordre technique, on peut constater une solidification progressive de la théorie et des connaissances entourant l'hypothèse selon laquelle certains troubles mentaux, ou certaines dimensions émotionnelles de base, seraient en corrélation avec la manifestation de comportements violents. De plus en plus de résultats de recherche indiquent la présence d'une atteinte du cerveau chez les personnes souffrant de troubles mentaux majeurs comme la schizophrénie et les troubles affectifs, et ces résultats convergent de plus en plus, sur le plan biologique, vers l'idée d'un substrat semblable, au niveau du SNC, pour la maladie mentale et la violence.

Malheureusement, l'étude biologique de la violence n'a pas progressé au même rythme que l'étude biologique de la maladie mentale. Par conséquent, il est encore trop tôt pour affirmer que nous possédons des preuves irréfutables à l'appui de cette thèse. Néanmoins, l'hypothèse d'un lien entre la maladie mentale et la violence demeure




Agressivité, Violence, Dangerosité sont-elles les seules (ou peut-être les plus fréquentes) caractéristiques justifiant l'hospitalisation forcée que les uns préconisent et défendent, alors que les autres s'y opposent avec véhémence?

L'agressivité, la violence, la dangerosité font peur. Dans l'esprit des gens, elles sont associées indistinctement à "la maladie mentale" et aux malades mentaux.
La peur des maladies mentales (la crainte d'en contracter une)

Comme il a été dit, ailleurs sur ce site et à plusieurs reprises déjà, la seule évocation des maladies mentales fait généralement peur aux personnes mal informées des particularités de ces affections. La majorité de ceux qui constituent ce qu'on appelle "le grand public" (Mr et Mme "Tout le monde") ont peur des maladies mentales (principalement de la schizophrénie, qui est pour tous l'exemple même de la "folie").

Ils redoutent les maladies mentales et en écartent involontairement le spectre de leurs pensées. Ils devraient se rassurer. Contrairement à une croyance populaire largement répandue que l'on retrouve aussi dans de nombreuses oeuvres de fiction (mais pas seulement là), les maladies mentales chroniques, bien qu'elles soient un fléau souvent comparé à la peste, au choléra ou au SIDA, elles ne "s'attrapent" pas.

C'est dire aussi qu'on n'engendre pas les maladies mentales par une éducation fautive, ni en contraignant les gens à un mode de vie que certains condamneraient sur base de ce qu'ils croient "convenable" ou non, ni en les plongeant dans des situations inextricables ou insupportables. Dans cette dernière éventualité, on les rendrait sans doute très malheureux, on provoquerait peut-être leur révolte, on n'en ferait cependant pas des malades mentaux (même si c'est ce que de nombreuses organisations et administrations dites de "santé publique" ont tendance à laisser croire).

Et, s'il est vraisemblable qu'une large majorité de malades mentaux sont effectivement malheureux, si même certains parmi eux se révoltent parfois, à leur manière, contre ce monde pour eux incompréhensible dans lequel ils se débattent, "leur" monde dont nous ne pouvons imaginer comment ils le perçoivent et que sans doute nous trouverions absurde si nous pouvions y entrer ou l'entrevoir, il ne s'ensuit pourtant pas que, à l'inverse, tous les malheureux et tous les révoltés soient ou deviennent nécessairement des malades mentaux.

Les origines des maladies mentales chroniques pourraient se comparer à des combinaisons particulièrement désavantageuses de cartes dans la main d'un joueur, mais où, cette fois, au lieu des 52 cartes habituelles, le jeu complet serait composé de milliers de cartes différentes (les gènes). Les chances (ou, plus justement, les risques) pour un joueur de recevoir un mauvais jeu dépendent à la fois du nombre total des cartes, de leurs combinaisons possibles et, en dernière analyse, du hasard de la donne (à cette dernière, chacun donnera évidemment le nom qui lui plaira: hasard, fatalité, malchance, destin, volonté divine, etc.). S'il est bien naturel de redouter les conséquences de cette distribution aveugle dictée par les lois du hasard, il faut néanmoins toujours se souvenir qu'elles sont inéluctables et que nous y sommes tous soumis. Dès lors, nous ne pouvons que tenter de nous en accommoder, tâcher de ne pas en faire une hantise permanente!

La peur des malades mentaux (la peur de leur agressivité et de leur violence supposées)

D'autres, plus que des maladies mentales, ont surtout peur des malades mentaux. Cette peur-là, plus répandue que la précédente, est peut-être aussi plus compréhensible. En effet, comme toutes les maladies, les maladies mentales elles-mêmes ne sont que des constructions de notre esprit, des concepts. On ne peut ni les rencontrer ni les voir. Pourquoi donc y penserions-nous sans cesse, pourquoi s'y attendre, pourquoi les redouter en permanence?
Au contraire des maladies elles-mêmes qui ne peuvent se voir, on constate les dégâts subis par ceux qui en sont atteints, et ces victimes, elles, nous les voyons bien, nous les rencontrons, nous les touchons et elles nous touchent: ce sont les malades mentaux chroniques. Parce qu'ils nous sont devenus incompréhensibles et imprévisibles, étrange(r)s, ils nous font peur (on en pense: "sait-on jamais ce qui pourrait bien leur passer de dangereux par la tête?").
Pourtant, nous devrions savoir que cette peur-là n'est que rarement justifiée. Mais comme toujours, dans tous les domaines de la vie courante, la peur la plus tenace est celle de l'incompréhensible, de l'inexplicable, de l'imprévisible, de l'inconnu.
L'origine la plus commune de notre peur des malades mentaux résulte de ce que nous ne les comprenons pas. La méconnaissance de leurs maladies contribue à cette incompréhension et la renforce. C'est l'indifférence (le désintérêt, l'absence de curiosité) qui entretient l'ignorance et, à son tour, cette dernière engendre la peur de ce qu'on ne connaît pas. Et, parce qu'on a peur, on préfère ne pas savoir, on ne veut pas connaître, on ne cherche pas à comprendre.

Ainsi, l'ignorance d'une part, et d'autre part l'indifférence habituelle de tous et de chacun pour les malheurs individuels des autres sont tour à tour cause et conséquence l'une de l'autre: elles s'entretiennent et s'amplifient mutuellement.
Dans cette société encourageant dès l'enfance la compétition à tous niveaux, dans cette société individualiste jusqu'à l'égoïsme bien que célébrant, en même temps et bruyamment, la solidarité et "l'esprit d'équipe", chacun éprouve le sentiment de devoir faire face à déjà trop de difficultés et de soucis personnels pour encore, de surcroît pourrait-on dire, s'intéresser réellement et prendre part aux malheurs des autres, sinon par des paroles bienveillantes en apparence, sinon en s'apitoyant pour la forme, sans doute par bienséance ou politesse en quelque sorte, et parce que les paroles attestent des bonnes intentions, des bons sentiments et coûtent moins que les actes correspondants. Les prétextes et les excuses ne manquent jamais, qu'on peut invoquer en faveur de pareille attitude. De plus, on croit souvent se protéger de ce qu'on s'efforce d'ignorer (un dicton allemand - et qui rime! - dit: waß ich nicht weiß macht mich nicht heiß: ce que j'ignore ne me fait ni chaud ni froid).

C'est aux professionnels, puisqu'ils sont censés connaître les maladies mentales et toutes leurs conséquences, qu'il revient d'instruire la presse et les médias, et ensuite aux journalistes "scientifiques" de prendre le relais en informant le grand public par une vulgarisation correcte sur le sujet. On pourrait ainsi espérer réduire l'ignorance générale qui règne sur les malades mentaux, on pourrait combattre la peur de l'inconnu et progressivement améliorer le sort de ces malades en s'y intéressant enfin réellement.

Cependant, malgré quelques timides velléités de "campagnes d'information" sur les maladies mentales qui se sont manifestées ces dernières années, les mentalités ne semblent pas encore prêtes, tant chez les professionnels de la psychiatrie que chez les journalistes, pour faire l'effort de diffusion d'une information objective à propos des extrêmes difficultés que vivent quotidiennement les malades mentaux et leurs proches. Dans le domaine des maladies mentales, la tradition dans notre pays a toujours été soit le silence, soit une rhétorique boursouflée mêlée de jargon pseudoscientifique et creux, plus destinée à cacher l'ignorance et l'impuissance des "professionnels" et à impressionner le public qu'à l'informer objectivement.

En effet, parmi les psychiatres, psychologues et les soignants, chez les "acteurs" du secteur de la "santé mentale", trop nombreux encore sont ceux qui se satisfont plus de croyances et de convictions, d'idées reçues, de slogans et de théories sans fondements que de savoir véritable et vérifié, et ils sont bien souvent plus soucieux de la simple affirmation de leurs succès thérapeutiques supposés que d'en fournir des preuves tangibles. L'habitude prise par le public de les croire religieusement reste néanmoins tenace, parce que tel est le profond désir de ceux qui sont forcés de placer leurs espoirs en eux. Les vieilles superstitions et croyances erronées bien ancrées dans l'esprit de tous ne sont dès lors guère combattues, on se contente de les habiller de la "langue de bois" la plus récente possible, croyant par là-même les rajeunir et, ainsi, les valider.

Mais aussi, c'est que l'ignorance générale est propice à ceux qui s'érigent en "experts en communication" (vous savez bien, ceux qui emballent dans de belles boîtes les mauvaises nouvelles comme les bonnes, et qui essayent de nous faire croire que la couleur séduisante de l'emballage améliore la qualité du contenu), à ceux qui conseillent les politiques, et aux médias qui relayent leurs discours.

L'ignorance quasi universelle du public profane épargne aux professionnels la corvée gênante, voire humiliante à leurs yeux, de faire aux médias l'aveu des lacunes dans leurs connaissances scientifiques et de reconnaître l'impuissance de la psychiatrie qui, aujourd'hui encore, résulte de ces lacunes. Ils préfèrent dissimuler leurs propres faiblesses derrière une logorrhée pleine de néologismes faussement techniques et dépourvue de signification réelle.
Leurs discours sont ensuite fidèlement repris par la presse et les médias qui, à leur tour, les amplifient (les enjolivent) sans s'efforcer de les traduire dans un langage plus intelligible pour le commun des mortels (tâche assurément délicate, qui présenterait de plus l'inconvénient d'exposer la nudité de l'empereur). Ainsi perdurent les erreurs bien enracinées dans la croyance populaire au sujet des malades mentaux chroniques et des maladies mentales. Les erreurs (non rectifiées), les lacunes (non exposées), les explications (fantaisistes), tout cela est gobé et régurgité sous forme d'une bouillie qui finit par faire partie intégrante d'une certaine culture générale. Elle fournit la toile de fond sur laquelle on peut encore broder à volonté. C'est une réserve inépuisable d'idées reçues et de bobards où les rédacteurs de faits divers ne se lassent pas de puiser quand l'actualité plus "importante" paraît se ralentir.

Ceux qui, dans la presse diffusent, sans les examiner, pareilles explications imaginaires, inventées, superficielles et faciles des comportements de malades, autorisant toutes les erreurs, et leurs lecteurs crédules qui s'en contentent, ils sont tous des proies faciles de la peur. Les explications que fournissent et répètent les premiers aux seconds ne sont jamais qu'une apparence, ce ne sont que des interprétations (de la divination) imaginées par eux-mêmes ou que d'autres (des "experts") leur proposent, comme chacun peut voir des objets, des visages et des silhouettes dans les contours des nuages (on sait pourtant bien que chacun n'y voit que ce qu'il veut bien imaginer). N'étant que des inventions, des fantasmes, ces prétendues explications n'expliquent en réalité rien du tout.

Cette désinformation, loin d'exorciser la peur bien au contraire la suscite et l'entretient. D'ailleurs, comme on le verra plus loin, la peur bien souvent est utilisée par la presse pour frapper l'imagination. Pourtant, même si dans un premier temps la peur attire en effet l'attention du public, dans un deuxième elle le détourne d'en chercher la véritable cause et l'inciterait plutôt à oublier aussitôt ce qui dérange: par facilité, par confort, peut-être par paresse, on préfère généralement ignorer ce qui pourraît inquiéter (nous appelons cela: se voiler la face). La boucle est désormais bouclée, et certains croient ainsi excuser et justifier la désinformation sous prétexte de "communication", cette dernière bien sûr soigneusement aménagée (toilettée ou mise en forme; on appelle parfois cela: les pieux mensonges). Par volonté de sensationnalisme, on provoque la peur, ce qui permet en plus de rassurer aussitôt ensuite, en rappelant que des responsables officiels sont bien là pour nous préserver des menaces décrites (et on rappelle ainsi au bon souvenir des électeurs ces indispensables serviteurs de la société qui, sans cela, seraient peut-être oubliés...).

Ceux qui ainsi crient au loup sans vraiment le connaître ni d'abord trop y croire eux-mêmes, ils ne le font que pour pouvoir vanter le courage et les efforts des valeureux chasseurs désignés pour nous protéger. Ces derniers, s'ils sont peut-être nombreux, peu d'entre eux sont "actifs sur le terrain", ils sont plus souvent occupés à évoquer leurs exploits imaginaires. Ils ne s'exténuent guère à nous protéger vraiment du loup, sinon peut-être plus de son image menaçante que de l'animal lui-même: variation particulière sur un thème connu: celui d'un certain discours sécuritaire ambiant.

D'autre part, dès que surviennent des agressions physiques sur des personnes, quand éventuellement des crimes sont commis, les médias et la presse souvent s'empressent de les rapporter avec force détails et de les attribuer à des "fous", qu'on les appelle "schizophrènes" ou "psychopathes" ou que sais-je encore, sans que, parmi ceux qui en parlent, personne ne soit vraiment en mesure de dire ce que pareilles appellations recouvrent en réalité (mais moins bien elles sont définies, plus elles sont inquiétantes).
Mais alors, réciproquement, dès que, dans la presse et les médias, pour l'une ou l'autre raison on évoque les malades mentaux psychotiques, les malades schizophrènes, les malades maniaco-dépressifs, les "problèmes de santé mentale", les "soins psychiatriques", on s'attend toujours à ce qu'il soit aussitôt question de violence, d'agressions, de crimes (de préférence bien sordides et bien sanglants). Et voilà désormais créées les fameuses associations verbales et d'idées chères à certains!

C'est ainsi que naît la croyance selon laquelle "tout le monde saurait" que "les criminels sont des malades mentaux" et que, réciproquement, "tout le monde saurait" que "les malades mentaux sont dangereux".

Mais les professionnels savent bien, eux, que tous les criminels ne sont pas des malades mentaux, et que, d'autre part, tous les malades mentaux ne sont pas soit violents, soit criminels (en tous cas, ils devraient tous le savoir). Les études épidémiologiques montrent même qu'on ne dénombre pas une proportion sensiblement plus élevée d'actes de violence et de crimes parmi les malades mentaux qu'il ne s'en commet parmi les bien-portants en général!
(http://www.phac-aspc.gc.ca/ncfv-cnivf/violencefamiliale/html/fvstereotype_f.html).
Cela n'exclut bien sûr pas qu'on puisse rencontrer, chez les malades mentaux schizophrènes, par exemple, des individus agressifs, violents ou même dangereux, mais tout comme on peut y être confronté aussi, et encore plus souvent, dans l'ensemble de la population des gens dits "bien-portants".
Les études statistiques confirment d'ailleurs deux observations auxquelles on pouvait logiquement s'attendre:
1) les actes violents des malades non hospitalisés sont dirigés principalement, non vers le grand public, mais d'abord vers les proches, ce qui n'a rien d'étonnant, puisque ce sont eux qui sont le plus fréquemment à portée de main, si l'on peut s'exprimer ainsi;
2) les rares actes violents commis par des malades schizophrènes sont d'autant moins rares qu'il s'agit de malades non hospitalisés - qui ne suivent pas un traitement médicamenteux adéquat.

La première constatation devrait inciter non seulement les professionnels, mais aussi les responsables de l'ordre public (autorités judiciaires et police) à accorder plus d'attention et de crédit aux récits des proches et membres des familles de malades quand ceux-ci, menacés par un malade violent, s'adressent à eux en quête de protection.

La deuxième observation attire l'attention de tous sur l'importance que revêt, pour l'état du malade et son évolution, le respect scrupuleux du traitement médicamenteux.
On sait bien qu'une proportion importante des malades psychotiques n'ont pas une conscience claire de leur affection et qu'ils ne sont nullement convaincus de la nécessité de suivre un traitement régulier. Laissés à eux-mêmes, un grand nombre d'entre eux, sous les prétextes les plus divers, cessent de prendre leur médication.
Les signes et symptômes de leur affection alors finissent toujours par reprendre le dessus, plus ou moins rapidement. Si cela n'implique pas nécessairement l'apparition d'un comportement violent ou agressif, "dangereux pour autrui", les conséquences fonctionnelles de l'affection ne peuvent que mettre le malade lui-même en danger. En effet, s'il n'est plus capable de "fonctionner" normalement en société, très rapidement il s'en exclura, ce qui automatiquement entraînera la pauperisation, la clochardisation, la déchéance sociale, la mauvaise santé générale.

Ce n'est donc pas, même si elle existe parfois, la "dangerosité pour autrui" qui justifie le plus souvent et le plus impérieusement l'hospitalisation sous contrainte, d'autant que cette dangerosité pour autrui n'est que très difficile à apprécier.
En effet, il ne faut surtout pas confondre, comme on a trop facilement tendance à le faire, l'estimation statistique du risque que cette "dangerosité" pourrait constituer, avec la prévision de la survenue d'un "accident" (pareille "prévision" ou "prédiction" n'est pas possible, elle ne peut jamais être qu'un constat rétrospectif, qui ne s'exprime le plus souvent que par la phrase bien connue: "Vous voyez? Je vous l'avais bien dit!", parfaitement inutile).

Au contraire, la "dangerosité pour soi-même" en l'absence de traitement régulier est une quasi-certitude. Elle peut être "directe" ou "immédiate", comme elle peut être "indirecte" ou plus "lointaine".

J'appellerais dangerosité directe ou immédiate pour soi-même celle qui, conséquence d'un traitement inexistant ou interrompu ou encore inadéquat, se manifesterait par un comportement mettant en danger l'intégrité physique d'un malade.
L'exemple le plus fréquemment cité est celui du comportement suicidaire qui, contrairement à une croyance largement répandue, est fréquent et loin d'être toujours prévisible (à preuve, les suicides au sortir de la consultation chez un "psy" ne sont pas rares).
Parmi les multiples autres exemples possibles, le malade peut n'avoir pas conscience de se mettre dans des situations périlleuses; ou encore, son comportement social inadéquat, non agressif mais incompris des autres peut l'entraîner dans d'éventuels conflits et bagarres provoqués par d'autres et qu'il serait incapable d'éviter, conflits qui néanmoins pourraient dégénérer, troubleraient l'ordre public, le mettraient inévitablement en danger.
Des études outre-Atlantique ont montré (v. le site canadien cité plus haut) que les malades schizophrènes sont bien plus souvent les victimes involontaires d'agressions qu'ils n'en commettent eux-mêmes (pour imaginer comment cela peut se produire, il suffit de se remémorer l'attitude de potaches "meneurs" qui prennent certains de leurs camarades d'école pour têtes de turc ou souffre-douleur).

La dangerosité pour soi-même que j'appellerais indirecte ou plus "lointaine", ce sont les conséquences de l'incapacité du malade non traité à "fonctionner" dans la société: l'incapacité de planifier ses tâches de telle sorte que les moyens soient assurés pour satisfaire régulièrement ses besoins élémentaires: nourriture, hygiène, habillement, logement, etc., toutes choses qui nécessitent un minimum de relations et échanges sociaux, à moins de vivre en homme des cavernes ou en bête sauvage "dans la nature", ce qui n'est plus guère possible dans nos sociétés post-industrielles très urbanisées.
Sans faire de tels états extrêmes la généralité, on doit pourtant savoir que l'absence de traitement approprié peut conduire un malade à se négliger au point de mettre rapidement sa santé "somatique" en danger, à se dégrader physiquement, intellectuellement et socialement (paupérisation, clochardisation, exclusion de la société, déchéance physique, morbidité). De nombreux exemples de pareilles conséquences du danger pour soi-même existent et sont régulièrement dénoncés.

Comme l'anosognosie des malades leur fait négliger ou refuser le traitement, comment alors s'assurer du suivi de celui-ci autrement que par l'hospitalisation sous contrainte? C'est cette dangerosité (directe comme indirecte) pour soi-même qui est la justification principale, suffisante et la plus fréquente des hospitalisations sous contrainte. L'hospitalisation sous contrainte devrait donc faire partie intégrante du traitement pour tous les malades psychotiques anosognosiques, et elle devrait être renouvelée et prolongée tant que la nécessité du traitement n'atteindrait pas de façon durable la conscience du malade, donc tant qu'il ne l'accepterait pas.
Ceci est parfois présenté comme une atteinte aux libertés de la personne, mais où est-elle, quelle est donc la liberté d'une personne privée par la maladie du contrôle de ses pensées, de ses sentiments, de ses humeurs, de son libre arbitre et de ses capacités de jugement, tant qu'un traitement adéquat ne les lui a pas rendus?

Pareille liberté est celle du papillon de nuit qu'au lieu de protéger en restreignant son vol, on laisse se brûler à la flamme de la chandelle, et on sait bien pourtant qu'il ne pourra s'empêcher de s'y précipiter.


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La violence et la maladie mentale

De nos jours, les communiqués de presse ayant trait à la maladie mentale ont tendance à insister sur le fait qu'un soi-disant lien existe entre la violence et la maladie mentale. Les reportages suggèrent souvent qu'une forte relation existe entre la maladie mentale et le crime. Pourtant, la majorité des gens qui sont violents ne sont pas atteints de maladies mentales. En fait, les gens atteints d'une maladie mentale sont plus susceptibles d'être la victime d'un acte de violence que de le commettre.
Les médias citent souvent d'impressionnantes statistiques pour souligner leurs cas, mais il faut aussi considérer la question dans son ensemble. Par exemple, des études ont révélé que le taux de violence (définie comme menacer, frapper, se battre ou faire du mal à une autre personne d'une manière quelconque) chez les gens atteints de maladie mentale est 3 à 5 fois plus élevé que chez les autres. Par lui-même, ce chiffre est inquiétant. Cependant, il se compare aux actes de violence beaucoup plus nombreux commis par les hommes que par les femmes.
Des études récentes ont démontré que l'alcool et l'abus d'intoxicants surpassent de beaucoup la maladie mentale en tant qu'éléments déclencheurs de violence. Une étude menée par Santé Canada en 1996 sur divers articles scientifiques révéla que le plus fort élément prédisposant à la violence et au comportement criminel n'est pas la maladie mentale grave, mais bien les antécédents de violence et d'activités criminelles.
Changer les croyances n'est pas une tâche facile. Il est cependant important de redresser les fausses informations relatives à cette question, car elles ne font qu'encourager l'intolérance et ont un effet négatif sur la vie des gens atteints de maladies mentales et sur l'ensemble de notre société. Se renseigner au sujet de la violence et de la maladie mentale est un premier pas important qui permettra d'adopter des attitudes réalistes envers cette question complexe.
La maladie mentale suscite-t-elle- la violence? 
La plupart des crimes violents commis dans notre société ne sont pas attribuables à la maladie mentale. La supposition qu'un potentiel de violence se rattache presque assurément à toutes les maladies mentales s'est avérée incorrecte dans de nombreuses études.
Une relation existe entre les comportements et les symptômes de violence menant la personne à se sentir menacer et/ou dépassant sa capacité à se maîtriser. Des exemples de ces symptômes comprennent : symptômes spécifiques comme des hallucinations dites ordonnées et le sentiment que des forces externes contrôlent l'esprit.
Les recherches en cours démontrent que les personnes atteintes d'une maladie mentale grave sont 2,5 fois plus susceptibles d'être victimes d'un acte de violence que d'autres membres de la société. Dans bien des cas, cela se produit lorsque les facteurs suivants sont présents : la pauvreté, un mode de vie transitoire et l'abus d'intoxicants. La présence de l'un ou l'autre de ces facteurs rend une personne atteinte d'une maladie mentale plus susceptible d'être victime d'agression et d'y réagir d'une manière violente.
Qui est susceptible d'etre victime?
Le cycle de la violence est remarquablement similaire, qu'une personne soit atteinte de maladie mentale ou non. Par exemple, les gens atteints d'une maladie mentale ne sont pas plus enclins à faire du mal à un étranger que n'importe qui d'autre. Toute personne ayant un comportement violent s'en prend généralement aux membres de sa famille et à ses amis plutôt qu'aux étrangers et ce, à la maison, pas en public.
D'ordinaire, ce sont les conjoints, partenaires intimes et autres membres de la famille qui subissent les actes de violence commis par une personne atteinte d'une maladie mentale. Dans la plupart des cas, ces actes de violence sont commis par des hommes envers les femmes, comme c'est le cas d'ailleurs dans l'ensemble de la population.






Les facteurs influants sur la violence 
Les conditions augmentant le risque de violence sont les mêmes, qu'une personne soit atteinte d'une maladie mentale ou non. Dans notre société, les comportements violents sont principalement attribués à l'alcool et à l'abus d'intoxicants.
Un autre facteur important est la présence d'antécédents de violence. Les individus atteints d'une psychose ou d'une déficience neurologique qui vivent dans un environnement stressant et imprévisible, avec peu de soutien familial ou communautaire, sont probablement beaucoup plus susceptibles de se comporter de manière violente.
Le risque de violence familiale est lié, entre autres facteurs, à un faible statut socio-économique, au stress social, à l'isolement social, au manque d'estime de soi et aux problèmes de personnalité.
Les traitements s'averent-ils benefiques? 
Les renseignements que publie l'American Psychiatric Association à l'intention du public soulignent que les gens atteints de maladies mentales qui reçoivent l'appui de professionnels en santé mentale ne sont pas plus susceptibles d'être violents que la population en général. Le soutien thérapeutique continu que procurent les professionnels en santé mentale est un important facteur contribuant à réduire la probabilité de violence.
Les recherches démontrent également que, grâce aux programmes intensifs en traitement et en prévention communautaires, les taux de récidive chez les personnes qui commettent des crimes sont à la baisse.
Cependant, la fausse perception que les malades mentaux sont dangereux tend à grandement réduire l'appui pour les services sociaux et communautaires. Ce stigmate engendre également un comportement d'évitement chez les gens ne souhaitant pas interagir avec des individus atteints de maladies mentales, en milieu de travail et ailleurs.
D'autre part, et à cause de cette fausse perception, la population semble de plus en plus réceptive à l'idée de prendre des mesures légales pour interner les gens atteints de maladies mentales s'ils sont perçus comme dangereux pour autrui.
Que puis-je faire? 
La fausse perception liant la violence et la santé mentale est fondée sur la peur de l'inconnu et de l'imprévu. Le fait d'obtenir des renseignements à ce sujet permettra aux amis, aux membres de famille et aux collègues de comprendre et d'aider les personnes de leur connaissance qui sont atteintes d'une maladie mentale.




L'éclaircissement et la compréhension sont possibles en remettant les faits dans leur contexte : la majorité des gens violents ne sont pas atteints de maladies mentales. Tel qu'indiqué plus haut, les gens atteints d'une maladie mentale sont plus susceptibles d'être victimes d'un acte de violence que de le commettre.
Ou s'adresser pour obtenir de plus amples renseignements 
Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de la violence et de la santé mentale, contactez un organisme communautaire comme l'Association canadienne pour la santé Mentale. Un tel organisme sera en mesure de vous renseigner sur le soutien et les ressources disponibles dans votre quartier. Sur Internet, visitez le site www.cmha.ca.
La santé mentale et la violence contre les femmes et les enfants
La violence n'est pas le problème des autres, c'est le problème de tout le monde. La violence s'étend à la société canadienne, à la maison, au travail, dans les sports et les média. Chacun de nous doit assumer les responsabilités des valeurs, des croyances et des institutions de notre société qui permettent à la violence de ce produire. Nous devons commencer à mettre fin à la violence dans notre société, grâce à l'éducation et la sensibilisation du public, à une modification des rapports de force, et par l'application de loi et du système juridique. La violence est un facteur important dans la distinction de pouvoir et il existe plusieurs groupes et individus victimes d'un déséquilibre de force. Les femmes et les enfants constituent le plus grand groupe impuissant de la société et, par conséquent, les premières victimes de la violence.
La violence englobe ici tout l'éventail des préjudices physiques, sexuels et psychologiques, y compris les services (définis comme mauvais traitements physiques, psychologiques et sexuels et destruction des biens personnels), le harcèlement sexuel (y compris l'exploitation sexuelle de clients, élèves, employés et collègues de travail), la pornographie, la violence sexuelle, l'inceste et les mauvais traitements infligés aux enfants.
Les hommes sont les principaux coupables de la violence. Les femmes et les enfants en sont les principales victimes. Un grand nombre des auteurs de mauvais traitements ont été eux-mêmes victimes de la violence. Un traitement s'avère nécessaire pour briser le cycle de la violence.





Principes
La violence contre les femmes et les enfants sont un problème majeur de santé mentale qui a des incidences sur toute la société. Les hommes et les femmes qui ont été sujets à la violence dans leur enfance témoignent de l'impact tragique de cette expérience sur leur vie. Les conséquences psychologiques de la violence sont graves et destructrices et dureront toute une vie. Ce n'est que récemment que nous avons commence à reconnaître à quel point la violence est répandue, dangereuse et tragique. L'impact sur la société inclut le besoin de traitement et de soins pour les victimes, à tout moment, durant toute leur vie.
Recommandations
Vue l'étendue du problème, l'Association canadienne pour la santé mentale fait pression sur les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux, sur les juges, les procureurs de la couronne, la police, les professionnels de la santé et toute la société, pour qu'ils soutiennent les victimes des façons suivantes.
  • Mettre en application une législation pour traiter, rigoureusement et sans exception, des cas d'agression sexuelle et de mauvais traitements infligés aux enfants.
  • Considérer l'agression sexuelle des enfants par un parent, un membre de la famille ou une autre personne en position de confiance, comme un crime aussi grave qu'une agression par un inconnu.
  • Écouter, appuyer et protéger l'enfant victime d'agression sexuelle, surtout pendant les procédures judiciaires.
  • Écouter la victime et admettre qu'elle dit la vérité. Les preuves de corroboration telles que les préjudices visibles et la nécessité de signaler l'infraction le plus tôt possible ne devraient pas être utilisés pour déterminer la véracité des accusations, et l'absence de ces éléments ne devrait pas servir d'appui à l'innocence de l'accusé.
  • Interjeter l'appel pour les sentences modiques prononcées dans les cas de voies de fait d'ordre sexuel ou physique contre l'épouse. Considérer de telles infractions comme des crimes graves qui méritent des peines équivalentes à celles qui sont imposées pour d'autres agressions.
  • Reconnaître la priorité de l'évaluation et du traitement des délinquants sexuels jeunes et adultes.
  • Reconnaître et comprendre les besoins particuliers des femmes et des enfants en milieu rural ou vivant dans la pauvreté, des femmes et des enfants de couleur, des autochtones, des personnes handicapées, des immigrants, des femmes âgées, étant donné leur isolement et la double oppression que ces personnes subissent dans notre société.
  • Fournir aux victimes des renseignements sur le traitement et un soutien et les encourager à faire le choix parmi les programmes disponibles afin d'amorcer le processus de guérison.
  • Mettre en place et développer les services directs suivants: centres d'accueil des victimes d'agression sexuelle, abris pour femmes battues, maisons de transition et services de consultation communautaires.
Plausibilité des hypothèses sur le plan biologique :

Enfin, la plausibilité de l'hypothèse à l'étude sur le plan biologique est une question importante en épidémiologie dans le contexte de l'étude de la causalité. Quand il est question de plausibilité des hypothèses sur le plan biologique, il s'agit en fait de vérifier si une relation statistique peut être interprétée en fonction des théories de biologie qui ont cours. Cette dimension est parfois difficile à évaluer car l'état actuel des connaissances peut être tel que les mécanismes biologiques en cause dans un phénomène ne sont pas toujours connus, ce qui fait que l'absence d'une hypothèse biologiquement plausible n'a pas pour effet d'invalider les conclusions sur la nature causale d'une relation. Inversement, la présence d'une hypothèse biologiquement plausible donne un certain poids aux conclusions sur la nature causale d'une relation fondée sur des preuves empiriques convaincantes (Rothman, 1986). Par conséquent, lorsqu'on s'intéresse à la causalité, il est utile de savoir si l'hypothèse formulée au sujet du lien entre la maladie mentale et la violence repose sur l'existence présumée de mécanismes biologiques.

Des maladies génétiques et héréditaires, des influences pernicieuses pouvant avoir un effet sur le cerveau en développement dans le milieu intra-utérin, des dommages au cerveau pendant la période prénatale, des conditions particulières associées à certains troubles du système nerveux central et certains psycho-syndromes organiques qui semblent être le substrat d'un dysfonctionnement épisodique ont été observés chez des personnes présentant une symptomatologie psychiatrique et ayant des comportements violents. Certains chercheurs ont proposé une association entre la psychopathie et la violence, mais cette théorie devra être développée plus à fond.

En 1950, Sandberg a découvert l'existence d'un chromosome Y excédentaire chez un homme (décrit dans Heilbrun et Heilbrun, 1985). Cette anomalie chromosomique est connue sous le nom de « syndrome XYY ». Étant donné que les femmes possèdent deux chromosomes X et que les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y, c'est le chromosome Y qui transmet la « masculinité ». Les hommes ayant deux chromosomes Y, comme celui étudié par Sandberg, ont été dès lors décrits comme des « surhommes », et on leur a attribué des caractéristiques particulières, comme le fait d'être très grand et très agressif. Il n'a pas été long avant que des établissements psychiatriques et des établissements correctionnels fassent état d'un grand nombre d'hommes de grande taille, au sein de leur population, ayant commis des crimes avec violence particulièrement atroces et ayant le génotype XYY. Les avocats des hommes de grande taille qui avaient commis des crimes graves avec violence ont commencé à plaider l'inhabilité, en faisant valoir que leurs clients avaient un chromosome Y excédentaire et que c'était cette anomalie biologique qui les avait amenés à commettre leur crime. Comme on pouvait s'y attendre, ces affaires judiciaires ont soulevé une controverse dans les milieux scientifiques et juridiques au sujet de la valeur de la relation entre le syndrome XYY et la criminalité, en particulier les crimes avec violence. Une étude épidémiologique de grande envergure menée au Danemark, dans la collectivité, a mis fin à cette controverse. Les chercheurs danois ont étudié une cohorte de naissance composée de 31 436 hommes. Ils ont examiné les plus grands d'entre eux pour vérifier s'ils avaient un chromosome Y excédentaire. Le génotype XYY a été décelé chez seulement 12 des sujets, et aucun de ces 12 sujets n'avait commis un seul acte de violence. Mednick et Finello (1983), des chefs de file dans le domaine de la biologie criminelle, ont observé des similarités dans les résultats des études menées dans différents pays et continents, portant sur les antécédents et les variables en corrélation avec le comportement antisocial. Ils ont signalé, en particulier, plusieurs pistes intéressantes :

la solidité de certains résultats obtenus dans des milieux culturels différents, qui indiquent que le système nerveux autonome d'un certain nombre de délinquants juvéniles, de délinquants adultes et de détenus aurait une caractéristique commune, une déficience de la capacité réactionnelle;

des recherches transnationales indiquant que des anomalies neuropsychologiques et l'hyperactivité seraient des caractéristiques des délinquants violents;

la faible fréquence de l'activité électrique cérébrale a servi de mesure pour prévoir le comportement criminel.

Dans leur propre recherche, Mednick, Gabrielli et Hutchings (1984) ont comparé 14 427 enfants adoptifs avec leurs parents biologiques et leurs parents adoptifs par rapport à la variable « condamnations ». Ils ont constaté une corrélation statistiquement significative entre les enfants adoptifs et leurs parents biologiques à l'égard des condamnations pour des crimes contre les biens, mais non dans le cas des condamnations pour des crimes avec violence. Fait plus important encore, ils ont constaté que les enfants de mêmes parents qui avaient été adoptés par des familles différentes avaient tendance à présenter des similarités à l'égard du facteur « condamnations », surtout si leur père biologique avait commis des actes criminels.

La théorie, proposée il y a plus de 50 ans, selon laquelle il y aurait dans le système nerveux central (SNC) un mécanisme neuroanatomique qui interviendrait dans l'expression des émotions et le comportement, a conduit à des résultats selon lesquels des altérations de la sérotonine du SNC, un neurotransmetteur, sont associées au comportement violent chez les animaux. Ces résultats ont été confirmés par de nombreux chercheurs à travers le monde. L'hypothèse selon laquelle les troubles affectifs chez les humains seraient associés à des comportements suicidaires et à des comportements violents a conduit à de nombreuses répétitions, dans plusieurs pays, des expériences ayant révélé une association entre une faible concentration dans le liquide céphalo-rachidien de l'acide hydroxy-5 indole-acétique, un métabolite relié à la sérotonine, et les comportements impulsifs, destructeurs et violents (Brown, Linnoila, 1990; Apter et coll., 1990). De même, des chercheurs et des cliniciens de nombreux pays ont décrit les effets bénéfiques de divers médicaments sur l'activité du SNC, notamment le lithium, le propranolol, la chlorpromazine, la clozapine et d'autres antipsychotiques, qui sont utilisés pour traiter le comportement violent, qu'il soit ou non associé à une maladie mentale (Greendyke, Schuster et Wooton, 1984; Craft et coll., 1987; Herrera et coll., 1988). Paradoxalement, on a constaté que certains anxiolytiques, comme les benzodiazépines, déclenchaient des réactions de violence (Lader et Petursson, 1981).





En dépit du fiasco entourant l'étude du prototype XYY et de la difficulté que pose ce genre de recherches, dont certaines reposent davantage sur des raisons d'ordre sociopolitique et éthique que sur des raisons d'ordre technique, on peut constater une solidification progressive de la théorie et des connaissances entourant l'hypothèse selon laquelle certains troubles mentaux, ou certaines dimensions émotionnelles de base, seraient en corrélation avec la manifestation de comportements violents. De plus en plus de résultats de recherche indiquent la présence d'une atteinte du cerveau chez les personnes souffrant de troubles mentaux majeurs comme la schizophrénie et les troubles affectifs, et ces résultats convergent de plus en plus, sur le plan biologique, vers l'idée d'un substrat semblable, au niveau du SNC, pour la maladie mentale et la violence.

Malheureusement, l'étude biologique de la violence n'a pas progressé au même rythme que l'étude biologique de la maladie mentale. Par conséquent, il est encore trop tôt pour affirmer que nous possédons des preuves irréfutables à l'appui de cette thèse. Néanmoins, l'hypothèse d'un lien entre la maladie mentale et la violence demeure




Agressivité, Violence, Dangerosité sont-elles les seules (ou peut-être les plus fréquentes) caractéristiques justifiant l'hospitalisation forcée que les uns préconisent et défendent, alors que les autres s'y opposent avec véhémence?

L'agressivité, la violence, la dangerosité font peur. Dans l'esprit des gens, elles sont associées indistinctement à "la maladie mentale" et aux malades mentaux.
La peur des maladies mentales (la crainte d'en contracter une)

Comme il a été dit, ailleurs sur ce site et à plusieurs reprises déjà, la seule évocation des maladies mentales fait généralement peur aux personnes mal informées des particularités de ces affections. La majorité de ceux qui constituent ce qu'on appelle "le grand public" (Mr et Mme "Tout le monde") ont peur des maladies mentales (principalement de la schizophrénie, qui est pour tous l'exemple même de la "folie").

Ils redoutent les maladies mentales et en écartent involontairement le spectre de leurs pensées. Ils devraient se rassurer. Contrairement à une croyance populaire largement répandue que l'on retrouve aussi dans de nombreuses oeuvres de fiction (mais pas seulement là), les maladies mentales chroniques, bien qu'elles soient un fléau souvent comparé à la peste, au choléra ou au SIDA, elles ne "s'attrapent" pas.

C'est dire aussi qu'on n'engendre pas les maladies mentales par une éducation fautive, ni en contraignant les gens à un mode de vie que certains condamneraient sur base de ce qu'ils croient "convenable" ou non, ni en les plongeant dans des situations inextricables ou insupportables. Dans cette dernière éventualité, on les rendrait sans doute très malheureux, on provoquerait peut-être leur révolte, on n'en ferait cependant pas des malades mentaux (même si c'est ce que de nombreuses organisations et administrations dites de "santé publique" ont tendance à laisser croire).

Et, s'il est vraisemblable qu'une large majorité de malades mentaux sont effectivement malheureux, si même certains parmi eux se révoltent parfois, à leur manière, contre ce monde pour eux incompréhensible dans lequel ils se débattent, "leur" monde dont nous ne pouvons imaginer comment ils le perçoivent et que sans doute nous trouverions absurde si nous pouvions y entrer ou l'entrevoir, il ne s'ensuit pourtant pas que, à l'inverse, tous les malheureux et tous les révoltés soient ou deviennent nécessairement des malades mentaux.

Les origines des maladies mentales chroniques pourraient se comparer à des combinaisons particulièrement désavantageuses de cartes dans la main d'un joueur, mais où, cette fois, au lieu des 52 cartes habituelles, le jeu complet serait composé de milliers de cartes différentes (les gènes). Les chances (ou, plus justement, les risques) pour un joueur de recevoir un mauvais jeu dépendent à la fois du nombre total des cartes, de leurs combinaisons possibles et, en dernière analyse, du hasard de la donne (à cette dernière, chacun donnera évidemment le nom qui lui plaira: hasard, fatalité, malchance, destin, volonté divine, etc.). S'il est bien naturel de redouter les conséquences de cette distribution aveugle dictée par les lois du hasard, il faut néanmoins toujours se souvenir qu'elles sont inéluctables et que nous y sommes tous soumis. Dès lors, nous ne pouvons que tenter de nous en accommoder, tâcher de ne pas en faire une hantise permanente!

La peur des malades mentaux (la peur de leur agressivité et de leur violence supposées)

D'autres, plus que des maladies mentales, ont surtout peur des malades mentaux. Cette peur-là, plus répandue que la précédente, est peut-être aussi plus compréhensible. En effet, comme toutes les maladies, les maladies mentales elles-mêmes ne sont que des constructions de notre esprit, des concepts. On ne peut ni les rencontrer ni les voir. Pourquoi donc y penserions-nous sans cesse, pourquoi s'y attendre, pourquoi les redouter en permanence?
Au contraire des maladies elles-mêmes qui ne peuvent se voir, on constate les dégâts subis par ceux qui en sont atteints, et ces victimes, elles, nous les voyons bien, nous les rencontrons, nous les touchons et elles nous touchent: ce sont les malades mentaux chroniques. Parce qu'ils nous sont devenus incompréhensibles et imprévisibles, étrange(r)s, ils nous font peur (on en pense: "sait-on jamais ce qui pourrait bien leur passer de dangereux par la tête?").
Pourtant, nous devrions savoir que cette peur-là n'est que rarement justifiée. Mais comme toujours, dans tous les domaines de la vie courante, la peur la plus tenace est celle de l'incompréhensible, de l'inexplicable, de l'imprévisible, de l'inconnu.
L'origine la plus commune de notre peur des malades mentaux résulte de ce que nous ne les comprenons pas. La méconnaissance de leurs maladies contribue à cette incompréhension et la renforce. C'est l'indifférence (le désintérêt, l'absence de curiosité) qui entretient l'ignorance et, à son tour, cette dernière engendre la peur de ce qu'on ne connaît pas. Et, parce qu'on a peur, on préfère ne pas savoir, on ne veut pas connaître, on ne cherche pas à comprendre.

Ainsi, l'ignorance d'une part, et d'autre part l'indifférence habituelle de tous et de chacun pour les malheurs individuels des autres sont tour à tour cause et conséquence l'une de l'autre: elles s'entretiennent et s'amplifient mutuellement.
Dans cette société encourageant dès l'enfance la compétition à tous niveaux, dans cette société individualiste jusqu'à l'égoïsme bien que célébrant, en même temps et bruyamment, la solidarité et "l'esprit d'équipe", chacun éprouve le sentiment de devoir faire face à déjà trop de difficultés et de soucis personnels pour encore, de surcroît pourrait-on dire, s'intéresser réellement et prendre part aux malheurs des autres, sinon par des paroles bienveillantes en apparence, sinon en s'apitoyant pour la forme, sans doute par bienséance ou politesse en quelque sorte, et parce que les paroles attestent des bonnes intentions, des bons sentiments et coûtent moins que les actes correspondants. Les prétextes et les excuses ne manquent jamais, qu'on peut invoquer en faveur de pareille attitude. De plus, on croit souvent se protéger de ce qu'on s'efforce d'ignorer (un dicton allemand - et qui rime! - dit: waß ich nicht weiß macht mich nicht heiß: ce que j'ignore ne me fait ni chaud ni froid).

C'est aux professionnels, puisqu'ils sont censés connaître les maladies mentales et toutes leurs conséquences, qu'il revient d'instruire la presse et les médias, et ensuite aux journalistes "scientifiques" de prendre le relais en informant le grand public par une vulgarisation correcte sur le sujet. On pourrait ainsi espérer réduire l'ignorance générale qui règne sur les malades mentaux, on pourrait combattre la peur de l'inconnu et progressivement améliorer le sort de ces malades en s'y intéressant enfin réellement.

Cependant, malgré quelques timides velléités de "campagnes d'information" sur les maladies mentales qui se sont manifestées ces dernières années, les mentalités ne semblent pas encore prêtes, tant chez les professionnels de la psychiatrie que chez les journalistes, pour faire l'effort de diffusion d'une information objective à propos des extrêmes difficultés que vivent quotidiennement les malades mentaux et leurs proches. Dans le domaine des maladies mentales, la tradition dans notre pays a toujours été soit le silence, soit une rhétorique boursouflée mêlée de jargon pseudoscientifique et creux, plus destinée à cacher l'ignorance et l'impuissance des "professionnels" et à impressionner le public qu'à l'informer objectivement.

En effet, parmi les psychiatres, psychologues et les soignants, chez les "acteurs" du secteur de la "santé mentale", trop nombreux encore sont ceux qui se satisfont plus de croyances et de convictions, d'idées reçues, de slogans et de théories sans fondements que de savoir véritable et vérifié, et ils sont bien souvent plus soucieux de la simple affirmation de leurs succès thérapeutiques supposés que d'en fournir des preuves tangibles. L'habitude prise par le public de les croire religieusement reste néanmoins tenace, parce que tel est le profond désir de ceux qui sont forcés de placer leurs espoirs en eux. Les vieilles superstitions et croyances erronées bien ancrées dans l'esprit de tous ne sont dès lors guère combattues, on se contente de les habiller de la "langue de bois" la plus récente possible, croyant par là-même les rajeunir et, ainsi, les valider.

Mais aussi, c'est que l'ignorance générale est propice à ceux qui s'érigent en "experts en communication" (vous savez bien, ceux qui emballent dans de belles boîtes les mauvaises nouvelles comme les bonnes, et qui essayent de nous faire croire que la couleur séduisante de l'emballage améliore la qualité du contenu), à ceux qui conseillent les politiques, et aux médias qui relayent leurs discours.

L'ignorance quasi universelle du public profane épargne aux professionnels la corvée gênante, voire humiliante à leurs yeux, de faire aux médias l'aveu des lacunes dans leurs connaissances scientifiques et de reconnaître l'impuissance de la psychiatrie qui, aujourd'hui encore, résulte de ces lacunes. Ils préfèrent dissimuler leurs propres faiblesses derrière une logorrhée pleine de néologismes faussement techniques et dépourvue de signification réelle.
Leurs discours sont ensuite fidèlement repris par la presse et les médias qui, à leur tour, les amplifient (les enjolivent) sans s'efforcer de les traduire dans un langage plus intelligible pour le commun des mortels (tâche assurément délicate, qui présenterait de plus l'inconvénient d'exposer la nudité de l'empereur). Ainsi perdurent les erreurs bien enracinées dans la croyance populaire au sujet des malades mentaux chroniques et des maladies mentales. Les erreurs (non rectifiées), les lacunes (non exposées), les explications (fantaisistes), tout cela est gobé et régurgité sous forme d'une bouillie qui finit par faire partie intégrante d'une certaine culture générale. Elle fournit la toile de fond sur laquelle on peut encore broder à volonté. C'est une réserve inépuisable d'idées reçues et de bobards où les rédacteurs de faits divers ne se lassent pas de puiser quand l'actualité plus "importante" paraît se ralentir.

Ceux qui, dans la presse diffusent, sans les examiner, pareilles explications imaginaires, inventées, superficielles et faciles des comportements de malades, autorisant toutes les erreurs, et leurs lecteurs crédules qui s'en contentent, ils sont tous des proies faciles de la peur. Les explications que fournissent et répètent les premiers aux seconds ne sont jamais qu'une apparence, ce ne sont que des interprétations (de la divination) imaginées par eux-mêmes ou que d'autres (des "experts") leur proposent, comme chacun peut voir des objets, des visages et des silhouettes dans les contours des nuages (on sait pourtant bien que chacun n'y voit que ce qu'il veut bien imaginer). N'étant que des inventions, des fantasmes, ces prétendues explications n'expliquent en réalité rien du tout.

Cette désinformation, loin d'exorciser la peur bien au contraire la suscite et l'entretient. D'ailleurs, comme on le verra plus loin, la peur bien souvent est utilisée par la presse pour frapper l'imagination. Pourtant, même si dans un premier temps la peur attire en effet l'attention du public, dans un deuxième elle le détourne d'en chercher la véritable cause et l'inciterait plutôt à oublier aussitôt ce qui dérange: par facilité, par confort, peut-être par paresse, on préfère généralement ignorer ce qui pourraît inquiéter (nous appelons cela: se voiler la face). La boucle est désormais bouclée, et certains croient ainsi excuser et justifier la désinformation sous prétexte de "communication", cette dernière bien sûr soigneusement aménagée (toilettée ou mise en forme; on appelle parfois cela: les pieux mensonges). Par volonté de sensationnalisme, on provoque la peur, ce qui permet en plus de rassurer aussitôt ensuite, en rappelant que des responsables officiels sont bien là pour nous préserver des menaces décrites (et on rappelle ainsi au bon souvenir des électeurs ces indispensables serviteurs de la société qui, sans cela, seraient peut-être oubliés...).

Ceux qui ainsi crient au loup sans vraiment le connaître ni d'abord trop y croire eux-mêmes, ils ne le font que pour pouvoir vanter le courage et les efforts des valeureux chasseurs désignés pour nous protéger. Ces derniers, s'ils sont peut-être nombreux, peu d'entre eux sont "actifs sur le terrain", ils sont plus souvent occupés à évoquer leurs exploits imaginaires. Ils ne s'exténuent guère à nous protéger vraiment du loup, sinon peut-être plus de son image menaçante que de l'animal lui-même: variation particulière sur un thème connu: celui d'un certain discours sécuritaire ambiant.

D'autre part, dès que surviennent des agressions physiques sur des personnes, quand éventuellement des crimes sont commis, les médias et la presse souvent s'empressent de les rapporter avec force détails et de les attribuer à des "fous", qu'on les appelle "schizophrènes" ou "psychopathes" ou que sais-je encore, sans que, parmi ceux qui en parlent, personne ne soit vraiment en mesure de dire ce que pareilles appellations recouvrent en réalité (mais moins bien elles sont définies, plus elles sont inquiétantes).
Mais alors, réciproquement, dès que, dans la presse et les médias, pour l'une ou l'autre raison on évoque les malades mentaux psychotiques, les malades schizophrènes, les malades maniaco-dépressifs, les "problèmes de santé mentale", les "soins psychiatriques", on s'attend toujours à ce qu'il soit aussitôt question de violence, d'agressions, de crimes (de préférence bien sordides et bien sanglants). Et voilà désormais créées les fameuses associations verbales et d'idées chères à certains!

C'est ainsi que naît la croyance selon laquelle "tout le monde saurait" que "les criminels sont des malades mentaux" et que, réciproquement, "tout le monde saurait" que "les malades mentaux sont dangereux".

Mais les professionnels savent bien, eux, que tous les criminels ne sont pas des malades mentaux, et que, d'autre part, tous les malades mentaux ne sont pas soit violents, soit criminels (en tous cas, ils devraient tous le savoir). Les études épidémiologiques montrent même qu'on ne dénombre pas une proportion sensiblement plus élevée d'actes de violence et de crimes parmi les malades mentaux qu'il ne s'en commet parmi les bien-portants en général!
(http://www.phac-aspc.gc.ca/ncfv-cnivf/violencefamiliale/html/fvstereotype_f.html).
Cela n'exclut bien sûr pas qu'on puisse rencontrer, chez les malades mentaux schizophrènes, par exemple, des individus agressifs, violents ou même dangereux, mais tout comme on peut y être confronté aussi, et encore plus souvent, dans l'ensemble de la population des gens dits "bien-portants".
Les études statistiques confirment d'ailleurs deux observations auxquelles on pouvait logiquement s'attendre:
1) les actes violents des malades non hospitalisés sont dirigés principalement, non vers le grand public, mais d'abord vers les proches, ce qui n'a rien d'étonnant, puisque ce sont eux qui sont le plus fréquemment à portée de main, si l'on peut s'exprimer ainsi;
2) les rares actes violents commis par des malades schizophrènes sont d'autant moins rares qu'il s'agit de malades non hospitalisés - qui ne suivent pas un traitement médicamenteux adéquat.

La première constatation devrait inciter non seulement les professionnels, mais aussi les responsables de l'ordre public (autorités judiciaires et police) à accorder plus d'attention et de crédit aux récits des proches et membres des familles de malades quand ceux-ci, menacés par un malade violent, s'adressent à eux en quête de protection.

La deuxième observation attire l'attention de tous sur l'importance que revêt, pour l'état du malade et son évolution, le respect scrupuleux du traitement médicamenteux.
On sait bien qu'une proportion importante des malades psychotiques n'ont pas une conscience claire de leur affection et qu'ils ne sont nullement convaincus de la nécessité de suivre un traitement régulier. Laissés à eux-mêmes, un grand nombre d'entre eux, sous les prétextes les plus divers, cessent de prendre leur médication.
Les signes et symptômes de leur affection alors finissent toujours par reprendre le dessus, plus ou moins rapidement. Si cela n'implique pas nécessairement l'apparition d'un comportement violent ou agressif, "dangereux pour autrui", les conséquences fonctionnelles de l'affection ne peuvent que mettre le malade lui-même en danger. En effet, s'il n'est plus capable de "fonctionner" normalement en société, très rapidement il s'en exclura, ce qui automatiquement entraînera la pauperisation, la clochardisation, la déchéance sociale, la mauvaise santé générale.

Ce n'est donc pas, même si elle existe parfois, la "dangerosité pour autrui" qui justifie le plus souvent et le plus impérieusement l'hospitalisation sous contrainte, d'autant que cette dangerosité pour autrui n'est que très difficile à apprécier.
En effet, il ne faut surtout pas confondre, comme on a trop facilement tendance à le faire, l'estimation statistique du risque que cette "dangerosité" pourrait constituer, avec la prévision de la survenue d'un "accident" (pareille "prévision" ou "prédiction" n'est pas possible, elle ne peut jamais être qu'un constat rétrospectif, qui ne s'exprime le plus souvent que par la phrase bien connue: "Vous voyez? Je vous l'avais bien dit!", parfaitement inutile).

Au contraire, la "dangerosité pour soi-même" en l'absence de traitement régulier est une quasi-certitude. Elle peut être "directe" ou "immédiate", comme elle peut être "indirecte" ou plus "lointaine".

J'appellerais dangerosité directe ou immédiate pour soi-même celle qui, conséquence d'un traitement inexistant ou interrompu ou encore inadéquat, se manifesterait par un comportement mettant en danger l'intégrité physique d'un malade.
L'exemple le plus fréquemment cité est celui du comportement suicidaire qui, contrairement à une croyance largement répandue, est fréquent et loin d'être toujours prévisible (à preuve, les suicides au sortir de la consultation chez un "psy" ne sont pas rares).
Parmi les multiples autres exemples possibles, le malade peut n'avoir pas conscience de se mettre dans des situations périlleuses; ou encore, son comportement social inadéquat, non agressif mais incompris des autres peut l'entraîner dans d'éventuels conflits et bagarres provoqués par d'autres et qu'il serait incapable d'éviter, conflits qui néanmoins pourraient dégénérer, troubleraient l'ordre public, le mettraient inévitablement en danger.
Des études outre-Atlantique ont montré (v. le site canadien cité plus haut) que les malades schizophrènes sont bien plus souvent les victimes involontaires d'agressions qu'ils n'en commettent eux-mêmes (pour imaginer comment cela peut se produire, il suffit de se remémorer l'attitude de potaches "meneurs" qui prennent certains de leurs camarades d'école pour têtes de turc ou souffre-douleur).

La dangerosité pour soi-même que j'appellerais indirecte ou plus "lointaine", ce sont les conséquences de l'incapacité du malade non traité à "fonctionner" dans la société: l'incapacité de planifier ses tâches de telle sorte que les moyens soient assurés pour satisfaire régulièrement ses besoins élémentaires: nourriture, hygiène, habillement, logement, etc., toutes choses qui nécessitent un minimum de relations et échanges sociaux, à moins de vivre en homme des cavernes ou en bête sauvage "dans la nature", ce qui n'est plus guère possible dans nos sociétés post-industrielles très urbanisées.
Sans faire de tels états extrêmes la généralité, on doit pourtant savoir que l'absence de traitement approprié peut conduire un malade à se négliger au point de mettre rapidement sa santé "somatique" en danger, à se dégrader physiquement, intellectuellement et socialement (paupérisation, clochardisation, exclusion de la société, déchéance physique, morbidité). De nombreux exemples de pareilles conséquences du danger pour soi-même existent et sont régulièrement dénoncés.

Comme l'anosognosie des malades leur fait négliger ou refuser le traitement, comment alors s'assurer du suivi de celui-ci autrement que par l'hospitalisation sous contrainte? C'est cette dangerosité (directe comme indirecte) pour soi-même qui est la justification principale, suffisante et la plus fréquente des hospitalisations sous contrainte. L'hospitalisation sous contrainte devrait donc faire partie intégrante du traitement pour tous les malades psychotiques anosognosiques, et elle devrait être renouvelée et prolongée tant que la nécessité du traitement n'atteindrait pas de façon durable la conscience du malade, donc tant qu'il ne l'accepterait pas.
Ceci est parfois présenté comme une atteinte aux libertés de la personne, mais où est-elle, quelle est donc la liberté d'une personne privée par la maladie du contrôle de ses pensées, de ses sentiments, de ses humeurs, de son libre arbitre et de ses capacités de jugement, tant qu'un traitement adéquat ne les lui a pas rendus?

Pareille liberté est celle du papillon de nuit qu'au lieu de protéger en restreignant son vol, on laisse se brûler à la flamme de la chandelle, et on sait bien pourtant qu'il ne pourra s'empêcher de s'y précipiter.


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