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29 août 2011

La mort volontaire * Enjeux * Suicide assisté

Manon Brunelle
Le 11 juin 2004, cette Québécoise s’est rendue à Zurich en Suisse afin d’être assistée dans son suicide par l’Association pour une mort digne, connue sous le nom de Dignitas. Atteinte de sclérose en plaques et confinée dans une chambre d’un centre de soins de longue durée, elle souffre de solitude, de perte d’autonomie et d’un sentiment profond d’inutilité. Se voyant dépérir et parfaitement lucide, elle décide de mourir et engage sa démarche auprès de Dignitas. Pour son ultime voyage en Suisse, elle se fera accompagner par l’animateur Benoît Dutrisac et le réalisateur André St-Pierre. Cet accompagnement a donné lieu à la création d’un documentaire Manon où la protagoniste raconte sa vie, sa maladie, sa douleur, sa solitude et sa colère. Manon y explique sa décision: «La seule personne qui pouvait savoir si elle devait partir, si elle pouvait partir, si c’était légalement admissible de partir, c’était moi. C’est moi qui souffre depuis trente-cinq ans. C’est long, c’est très, très long. Je ne suis plus capable vraiment plus capable. S’ils me refusaient chez Dignitas, ce serait la carotide.» Manon témoigne de son bonheur: «C’est le jour. Le grand jour. Le tant attendu. J’ai tellement hâte de ne plus avoir mal nulle part. Je crois rêver. Sans blague. C’est le plus beau jour de ma vie.»






Benoit Dutrizac est coanimateur de l'émission Les francs-tireurs. Avec le réalisateur André Saint-Pierre, il signe un documentaire-choc sur les neuf derniers mois de la vie d'une femme. Manon Brunelle décide de mettre fin à ses jours à Zurich, en Suisse, dans une clinique où le suicide assisté est décriminalisé.

Benoit Dutrizac raconte comment Manon Brunelle l'a contacté et pourquoi elle voulait en finir avec la vie. «Elle voulait surtout ne pas être oubliée. Elle voulait prendre la parole au moins une dernière fois et surtout avoir le contrôle sur la fin de ses jours. C'est là que la dignité entre en jeu», décrit Benoit Dutrizac.

Réplique:

Suicide assisté - Manon, tu méritais beaucoup mieux

Yvon Bureau - Québec  11 décembre 2004 
 
Manon Brunelle, tu as choisi d'aller mourir en Suisse, le 11 juin 2004. Accompagnée par une équipe de professionnels des médias télévisuels.

À Télé-Québec, le 18 novembre dernier, en te regardant terminer ta vie, j'ai ressenti de la tristesse et de la honte ainsi que beaucoup de questionnements. En bref, tu méritais un mourir plus beau et plus noble.

Parce que tu étais ex-réalisatrice adjointe, j'aurais préféré que tu réalises ton mourir ou que tu «vives ton euthanasie», comme tu dis, autrement. Tu méritais beaucoup mieux, toi, Manon, ainsi que tes proches et tes lointains proches. Voici des scénarios de fin de vie qui t'auraient davantage honorée au bout de ta vie douloureuse et souffrante dans les circonstances actuelles en CHSLD.

Premier scénario

Toujours avec ton style très coloré, tu aurais annoncé à tes proches et à tes soignants que, bien éclairée, lucide et libre, tu mets un terme à ta fin de vie. À ta façon bien à toi, tu organises et tu fais tes adieux. Tu écris et tu mets au dossier une note écrite pour officialiser ton choix et donner tes directives. Tu demandes à être placée sous médicaments antidouleur, au besoin s'il vous plaît.

Une fois sans douleur et à l'aise, tu arrêtes de prendre tous tes autres médicaments, tu cesses de t'alimenter et de t'hydrater. Au besoin, tu peux aussi demander des somnifères. Tu es accompagnée par les personnes de ton choix. Enfin, tu désignes un mandataire pour faire respecter tes directives précises de fin de vie au cas où ta lucidité te quitterait; en désignant un mandataire avec des directives bien précises, tu fais acte d'amour, de responsabilité et de générosité.

En tout temps, tu sais que tu peux toujours renoncer à ton projet. Si ton choix est maintenu, tu meurs ainsi, dans ton pays, dans ta chambre ou chez quelqu'un de ton choix. Tout cela, sans les douleurs et les nombreux inconvénients d'un voyage à l'étranger, en milieu étrange, aidée étrangement. Ainsi, tu meurs, selon la loi et la morale du Québec, par le refus et la cessation des traitements, par la prise de médicaments efficaces contre les douleurs et pour un mieux-être.

Deuxième scénario

Tu mets fin à tes jours sans mettre la vie psychologique et physique des autres en danger. Tu ne demandes ni aide ni encouragement à qui que ce soit, seulement de l'accompagnement pour ne pas mourir dans la solitude. T'accompagneront seulement des personnes libres de le faire, en accord avec leur conscience et leur humanité.

Des écrits secondent solidement ton choix et ton geste; ainsi, dans ces circonstances exceptionnelles, tu prends bien soin de toi ainsi que des autres. Bien sûr, tu auras au préalable donné tes directives écrites de non-intervention, de non-réanimation, de non-envoi à l'hôpital. Les moyens choisis seront appropriés et respectueux des autres; la prise de médicaments terminaux que tu te seras procurés clandestinement ou l'injection par soluté semblera de circonstance. Enfin, tu auras assumé par écrit toute responsabilité et dégagé ainsi tes accompagnateurs.

Troisième scénario (futuriste)

Tu as attendu en 2005 pour mourir. Le gouvernement canadien a modifié au début de cette année l'alinéa 241b) du Code criminel en y apportant une exception. Par un vote très majoritaire, à l'exemple des sondages canadiens en faveur de l'aide au mourir irréversible et volontaire, les parlementaires ont voté lucidement, courageusement et avec compassion en faveur de cette exception. N'est plus coupable d'un acte criminel et passible d'un emprisonnement maximal de 14 ans quiconque aide à mourir une personne en fin irréversible de vie, à sa demande expresse, éclairée et libre, soit par suicide assisté, soit par euthanasie, pratiqués dans un cadre strict et sécuritaire.

Tu demandes et tu trouves des professionnels de la santé qui acceptent de te permettre de vivre ton euthanasie, comme tu dis. Après tes actions déterminées, responsables et généreuses pour créer le moins d'ennuis aux personnes qui t'accompagneront et t'aideront, lucide et libre jusqu'à la fin, tu reçois un somnifère par injection. Bien installée dans un fauteuil ou dans le lit de ton choix, bien entourée, de près ou de loin, à ton choix, toujours selon tes choix, tu t'endors.

Avant ce sommeil, tu sais que tu peux changer d'idée. Si tu persistes, tu vas dormir calmement, profondément, sereinement même, je l'espère. Une vingtaine de minutes plus tard suivra l'injection d'un paralysant neuromusculaire qui entraînera un arrêt respiratoire. Doucement et calmement, tout ton corps se détendra de plus en plus et rendra son âme.

Exceptionnellement, respectant un cadre précis et strict, tu auras vécu ainsi une euthanasie volontaire, un mourir bien, libre, digne et, d'une certaine façon, beau. Accompagnée. Dans ton pays. Loin de la tourmente. Loin des caméras. Près de toi, de tes proches, de ta liberté ultime et de ton destin.

Manon, j'aurais tellement aimé qu'on trouve des médicaments pour mettre fin à toutes tes douleurs et que les souffrances s'éloignent de toi. Bien plus, j'aurais souhaité que le CHSLD ait enfin les budgets pour te donner les soins et services requis en abondance. Enfin, à la télévision, nous t'aurions vu continuer à vivre, pouvant apprécier enfin la vie, ta vie.

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La mort volontaire * Enjeux * Suicide assisté

Manon Brunelle
Le 11 juin 2004, cette Québécoise s’est rendue à Zurich en Suisse afin d’être assistée dans son suicide par l’Association pour une mort digne, connue sous le nom de Dignitas. Atteinte de sclérose en plaques et confinée dans une chambre d’un centre de soins de longue durée, elle souffre de solitude, de perte d’autonomie et d’un sentiment profond d’inutilité. Se voyant dépérir et parfaitement lucide, elle décide de mourir et engage sa démarche auprès de Dignitas. Pour son ultime voyage en Suisse, elle se fera accompagner par l’animateur Benoît Dutrisac et le réalisateur André St-Pierre. Cet accompagnement a donné lieu à la création d’un documentaire Manon où la protagoniste raconte sa vie, sa maladie, sa douleur, sa solitude et sa colère. Manon y explique sa décision: «La seule personne qui pouvait savoir si elle devait partir, si elle pouvait partir, si c’était légalement admissible de partir, c’était moi. C’est moi qui souffre depuis trente-cinq ans. C’est long, c’est très, très long. Je ne suis plus capable vraiment plus capable. S’ils me refusaient chez Dignitas, ce serait la carotide.» Manon témoigne de son bonheur: «C’est le jour. Le grand jour. Le tant attendu. J’ai tellement hâte de ne plus avoir mal nulle part. Je crois rêver. Sans blague. C’est le plus beau jour de ma vie.»






Benoit Dutrizac est coanimateur de l'émission Les francs-tireurs. Avec le réalisateur André Saint-Pierre, il signe un documentaire-choc sur les neuf derniers mois de la vie d'une femme. Manon Brunelle décide de mettre fin à ses jours à Zurich, en Suisse, dans une clinique où le suicide assisté est décriminalisé.

Benoit Dutrizac raconte comment Manon Brunelle l'a contacté et pourquoi elle voulait en finir avec la vie. «Elle voulait surtout ne pas être oubliée. Elle voulait prendre la parole au moins une dernière fois et surtout avoir le contrôle sur la fin de ses jours. C'est là que la dignité entre en jeu», décrit Benoit Dutrizac.

Réplique:

Suicide assisté - Manon, tu méritais beaucoup mieux

Yvon Bureau - Québec  11 décembre 2004 
 
Manon Brunelle, tu as choisi d'aller mourir en Suisse, le 11 juin 2004. Accompagnée par une équipe de professionnels des médias télévisuels.

À Télé-Québec, le 18 novembre dernier, en te regardant terminer ta vie, j'ai ressenti de la tristesse et de la honte ainsi que beaucoup de questionnements. En bref, tu méritais un mourir plus beau et plus noble.

Parce que tu étais ex-réalisatrice adjointe, j'aurais préféré que tu réalises ton mourir ou que tu «vives ton euthanasie», comme tu dis, autrement. Tu méritais beaucoup mieux, toi, Manon, ainsi que tes proches et tes lointains proches. Voici des scénarios de fin de vie qui t'auraient davantage honorée au bout de ta vie douloureuse et souffrante dans les circonstances actuelles en CHSLD.

Premier scénario

Toujours avec ton style très coloré, tu aurais annoncé à tes proches et à tes soignants que, bien éclairée, lucide et libre, tu mets un terme à ta fin de vie. À ta façon bien à toi, tu organises et tu fais tes adieux. Tu écris et tu mets au dossier une note écrite pour officialiser ton choix et donner tes directives. Tu demandes à être placée sous médicaments antidouleur, au besoin s'il vous plaît.

Une fois sans douleur et à l'aise, tu arrêtes de prendre tous tes autres médicaments, tu cesses de t'alimenter et de t'hydrater. Au besoin, tu peux aussi demander des somnifères. Tu es accompagnée par les personnes de ton choix. Enfin, tu désignes un mandataire pour faire respecter tes directives précises de fin de vie au cas où ta lucidité te quitterait; en désignant un mandataire avec des directives bien précises, tu fais acte d'amour, de responsabilité et de générosité.

En tout temps, tu sais que tu peux toujours renoncer à ton projet. Si ton choix est maintenu, tu meurs ainsi, dans ton pays, dans ta chambre ou chez quelqu'un de ton choix. Tout cela, sans les douleurs et les nombreux inconvénients d'un voyage à l'étranger, en milieu étrange, aidée étrangement. Ainsi, tu meurs, selon la loi et la morale du Québec, par le refus et la cessation des traitements, par la prise de médicaments efficaces contre les douleurs et pour un mieux-être.

Deuxième scénario

Tu mets fin à tes jours sans mettre la vie psychologique et physique des autres en danger. Tu ne demandes ni aide ni encouragement à qui que ce soit, seulement de l'accompagnement pour ne pas mourir dans la solitude. T'accompagneront seulement des personnes libres de le faire, en accord avec leur conscience et leur humanité.

Des écrits secondent solidement ton choix et ton geste; ainsi, dans ces circonstances exceptionnelles, tu prends bien soin de toi ainsi que des autres. Bien sûr, tu auras au préalable donné tes directives écrites de non-intervention, de non-réanimation, de non-envoi à l'hôpital. Les moyens choisis seront appropriés et respectueux des autres; la prise de médicaments terminaux que tu te seras procurés clandestinement ou l'injection par soluté semblera de circonstance. Enfin, tu auras assumé par écrit toute responsabilité et dégagé ainsi tes accompagnateurs.

Troisième scénario (futuriste)

Tu as attendu en 2005 pour mourir. Le gouvernement canadien a modifié au début de cette année l'alinéa 241b) du Code criminel en y apportant une exception. Par un vote très majoritaire, à l'exemple des sondages canadiens en faveur de l'aide au mourir irréversible et volontaire, les parlementaires ont voté lucidement, courageusement et avec compassion en faveur de cette exception. N'est plus coupable d'un acte criminel et passible d'un emprisonnement maximal de 14 ans quiconque aide à mourir une personne en fin irréversible de vie, à sa demande expresse, éclairée et libre, soit par suicide assisté, soit par euthanasie, pratiqués dans un cadre strict et sécuritaire.

Tu demandes et tu trouves des professionnels de la santé qui acceptent de te permettre de vivre ton euthanasie, comme tu dis. Après tes actions déterminées, responsables et généreuses pour créer le moins d'ennuis aux personnes qui t'accompagneront et t'aideront, lucide et libre jusqu'à la fin, tu reçois un somnifère par injection. Bien installée dans un fauteuil ou dans le lit de ton choix, bien entourée, de près ou de loin, à ton choix, toujours selon tes choix, tu t'endors.

Avant ce sommeil, tu sais que tu peux changer d'idée. Si tu persistes, tu vas dormir calmement, profondément, sereinement même, je l'espère. Une vingtaine de minutes plus tard suivra l'injection d'un paralysant neuromusculaire qui entraînera un arrêt respiratoire. Doucement et calmement, tout ton corps se détendra de plus en plus et rendra son âme.

Exceptionnellement, respectant un cadre précis et strict, tu auras vécu ainsi une euthanasie volontaire, un mourir bien, libre, digne et, d'une certaine façon, beau. Accompagnée. Dans ton pays. Loin de la tourmente. Loin des caméras. Près de toi, de tes proches, de ta liberté ultime et de ton destin.

Manon, j'aurais tellement aimé qu'on trouve des médicaments pour mettre fin à toutes tes douleurs et que les souffrances s'éloignent de toi. Bien plus, j'aurais souhaité que le CHSLD ait enfin les budgets pour te donner les soins et services requis en abondance. Enfin, à la télévision, nous t'aurions vu continuer à vivre, pouvant apprécier enfin la vie, ta vie.

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