- Quelques mois après le scandale des pilules de 3e et 4e générations, les Éditions du Rocher présentent "La Pilule contraceptive", un ouvrage destiné à alerter les femmes et le public en général sur les dangers de cette méthode de contraception.
Coécrit par le Pr Henri Joyeux, chirurgien cancérologue, et le journaliste Dominique Vialard, ce livre de plus de 300 pages revient dans un premier temps sur l'histoire de la pilule contraceptive, et explique comment fonctionnent la contraception hormonale et le traitement hormonal substitutif (THS).
Si l'intégralité de l'ouvrage dénonce les dangers de cette méthode de contraception, la véritable bombe intervient au chapitre 6, avec une énumération - explications à la clé - des effets secondaires "passés sous silence" des pilules. Les auteurs parlent notamment de fatigue chronique, de désordres auto-immuns, de phénomènes allergiques, de tumeurs bénignes ou encore de risques de cancer.
Cet ouvrage s'achève avec la mise en avant de nouvelles alternatives contraceptives.
Contraception : Pilule, attention danger ?
Depuis qu’une jeune femme atteinte d’un AVC a accusé sa pilule d’être à l’origine de son handicap, les médias se sont emparés de l’affaire et s’inquiètent de la nocivité potentielle de la pilule. Pour tenter de faire le point sur la question le docteur Bérengère Arnal, médecin gynécologue obstétricien.
Bérangère Arnal : Il me semble que la plainte déposée par Marion Larat est le point de départ pour les médias de ce déferlement d’informations, de mises au point diverses et variées, parfois contradictoires. Les acteurs sont multiples : la ministre qui prend une décision politique, les médecins qui ne souhaitent pas voir le nombre d’avortements augmenter en France si les femmes prennent moins la pilule, les laboratoires qui gagnent beaucoup d’argent avec la contraception hormonale, les femmes qui bénéficient de cette contraception et qui sont scindées en deux groupes, celles qui la supportent bien et celles qui ont des effets secondaires.
Les femmes sont quelque peu perdues face à cette flopée d'informations souvent contradictoires… Ne peuvent-elles pas faire confiance à leur gynécologue qui leur assure bien souvent qu'il n'y a pas de risques (je pense notamment à la question récurrente du cancer du sein) ?
Bérangère Arnal : Les gynécologues tout comme les généralistes sont des médecins de confiance. Il n’y a pas lieu de leur retirer la confiance des femmes. Concernant le risque de cancer du sein, je souhaite rappeler deux éléments : en 2005, le CIRC a classé la pilule oestro-progestative comme substance cancérigène avérée. Ce sont des experts internationaux qui ont analysé des milliers de données avant de diffuser cette classification. Quelle est la première chose que le médecin dit à une femme qui a un cancer du sein ou un accident thrombo-embolique veineux ou artériel ? Madame, stoppez immédiatement votre pilule ou votre traitement hormonal.
Les jeunes femmes sont très généralement orientées vers la pilule. Pourquoi ne leur présente-t-on pas d'autres modes de contraception ?
Bérangère Arnal : La contraception par préservatif masculin est largement prônée depuis des années, en protection des MST. La contraception par préservatif féminin est selon moi, une atteinte à la dignité de la femme. La contraception par ovules spermicides ou par diaphragme, ou d’autres méthodes naturelles (glaire, courbe thermique…) qui présentent un petit risque de grossesse, me paraissent plus adaptées à la femme mature. En couple, le stérilet en cuivre même pour les femmes n’ayant pas eu d’enfants (il existe depuis près de trente ans un stérilet de petite taille pour ces femmes ou jeunes filles) est une bonne solution.
Comment expliquer que les pilules de 3e et 4e génération soient visiblement plus "dangereuses" alors qu'elles sont plus récentes ?
Bérangère Arnal : Le problème se situe sur la nature du progestatif associé aux oestrogènes choisi pour ces pilules. Gestodène, désogestrel, norgestimate, drospirenone, acétate de cyprotérone augmentent le risque thrombo-embolique. Des pilules récentes et d’autres bien plus anciennes sont concernées par ces composants. Par principe, je suis pour des pilules les moins dosées en oestrogènes, autre facteur de risque thrombo-embolique. Je pense aux pilules de cinquième génération (15 ou 20 gamma d’oestrogènes). Deux pilules (contenant valerate d’oestradiol pour l’une et 17 beta oestradiol pour l’autre) très récentes, contiennent un œstrogène bio-identique qui présenterait moins de risques. Je milite pour que l’on retire du marché (et du remboursement) des pilules bien trop dosées qui datent de 1974, 1975, 1976 et qui sont encore prescrites à des jeunes filles. 1974-2013 : cela fait 39 ans, soit le temps de deux générations de femmes, c’est un scandale que je nomme, le scandale des pilules préhistoriques.
Aujourd'hui, une nouvelle polémique a été lancée autour de Diane 35. Quel est votre point de vue sur cette pilule très utilisée ?
Bérangère Arnal Diane 35 a été mise sur le marché en 1987 ! Elle contient 35 gamma d’oestrogènes donc elle est beaucoup trop dosée. De plus, elle est associée à l’acétate de cyprotérone, qui augmente de manière certaine le risque thrombo-embolique. Oublions-la sauf pour une jeune fille défigurée par l’acné, à condition que son bilan biologique de thrombophilie soit normal, qu’elle ne fume pas et qu’elle ne la prenne pas trop d’années.
Il est possible de se faire délivrer la pilule avec une vieille ordonnance. Pensez-vous qu'il faille revenir sur cette législation ?
Bérangère Arnal : Je pense que la pilule oestro-progestative ne devrait être délivrée que par un médecin, après un interrogatoire bien mené et un bilan biologique normal (bilan lipidique, glycémie, bilan de thrombophilie) sachant que deux éléments de ce bilan ne sont pas remboursés, je propose d’envisager leur prise en charge.
Que conseillez-vous aux femmes pour se prémunir d'un maximum de risques tout en ayant une bonne contraception ?
Bérangère Arnal : Ne pas fumer et prendre une pilule faiblement dosée en œstrogènes, et ne contenant aucune des 5 molécules incriminées comme progestatif. Et surtout, ne pas la prendre plus de dix ans dans la vie d’une femme.
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