Le groupe pharmaceutique suisse Novartis a annoncé aujourd'hui qu'il a reçu le feu vert des autorités européennes pour la commercialisation du médicament Afinitor contre le cancer du sein hormonodépendant résistant aux traitements conventionnels.
Les cancers du sein hormonorésistants
Les hormones (estrogène ou progestérone) favorisent la croissance d'environ deux tiers des cancers du sein. La stratégie thérapeutique consiste alors à priver la tumeur de ces hormones. Dans le cas d'une sensibilité aux estrogènes, les hormonothérapies bloquent alors leurs effets ou réduisent leur taux. Les deux principales classes de médicaments les plus utilisés actuellement sont les inhibiteurs d'aromatase et les anti-oestrogènes :- Les inhibiteurs de l'aromatase (anastrozole, létrozole et exémestane) diminuent la quantité d'estrogènes produite et aident à ralentir ou inverse la croissance de la tumeur.
- Les anti-oestrogènes sont de deux types : les SERMs (tamoxifène…).et les anti-oestrogènes purs (fulvestrant).
Mais de nombreuses patientes (et une grande majorité de celles qui ont vu leur cancer se propager à d'autres organes - métastases) développent une résistance à ces traitements. Dans ce cas, les choix s'orientent vers une autre classe d'hormonothérapie ou une chimiothérapie, avec des résultats limités.
La voie mTor au secours des cancers du sein hormonorésistants
La Commission européenne a autorisé l'usage d'un nouveau médicament en combinaison avec un autre médicament, l'Exemestane pour traiter les femmes postménopausées atteintes d'un cancer du sein avancé à récepteur hormonal positif (HR+) progressant malgré le traitement classique.
L'évérolimus (Afinitor ®) est un inhibiteur sélectif de mTOR (mammalian target of rapamycin -cible de la rapamycine chez les mammifères) dont l'activité est connue comme étant dérégulée dans de nombreux cas de cancers humains. En bloquant cette protéine, l'évérolimus empêche la division cellulaire et réduit l'alimentation en sang des cellules cancéreuses. Il est aujourd'hui employé pour bloquer des stratégies mises en place par la cellule cancéreuse pour résister aux traitements conventionnels. Ce mécanisme a déjà prouvé son efficacité face au rénal avancé (cancer du rein qui a commencé à se propager) et aux tumeurs neuroendocrines du pancréas à un stade avancé, pour lesquels il a une autorisation de mise sur le marché au niveau européen.Son autorisation de mise sur le marché pour les cancers du sein hormonodépendants à un stade avancé progressant sous traitement avec un inhibiteur de l'aromatase est basé sur une étude menée par le laboratoire auprès de 724 patientes. Le traitement avec l'Afinitor en combinaison avec l'Exemestane double la période durant laquelle la maladie n'a pas progressé (survie sans progression) passant de 7,8 mois à 3,2 mois pour un traitement au seul Exemestane.
"Le traitement avec l'Afinitor apporte aux femmes une nouvelle option dans la bataille contre le cancer du sein au stade avancé", a estimé Hervé Hoppenot, président de la division oncologie de Novartis, cité dans un communiqué. "En renforçant la thérapie endocrinienne, Afinitor rallonge significativement la période sans progression de la tumeur des femmes atteintes d'un cancer du sein avancé à récepteur hormonal positif", a souligné Jose Baselga, du Massachusetts General Hospital qui a co-dirigé l'étude.
Cette annonce intervient après le feu vert, le 20 juillet, de l'Agence américaine des médicaments (FDA) pour l'Afinitor dans la même indication.
Selon Novartis, quelque 220 000 femmes sont diagnostiquées chaque année au niveau mondial avec le cancer du sein HR+ au stade avancé, la forme la plus courante de cette maladie.
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