Qu’est-ce que c’est ?
La vie est ponctuée de toutes sortes d’émotions qui la rendent parfois plus facile ou difficile, et qui influencent l’humeur.
L’humeur est un état d’esprit où prédomine une émotion (humeur
anxieuse, mauvaise ou bonne humeur). Une émotion est un sentiment
général qui colore de façon soutenue les comportements et la lecture du
monde qui entoure l’individu (colère, tristesse, joie, etc.). C’est une
expérience vécue à l’intérieur de l’individu. D’autres parts, l’affect
est l’expression extérieure de l’émotion vécue. Les êtres humains ont
accès à une vaste gamme d’émotions et d’affects pour les exprimer. Ces
émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais sont agréables ou
souffrantes selon le cas. L’individu se sent normalement en contrôle de
ses émotions et de ses affects, en particulier parce que l’intensité de
son expérience émotive ne le dépasse pas.
Par contre, pour certains, les moments difficiles prennent une
ampleur démesurée à tel point que la vie se limite à une souffrance
constante. Il peut alors s’agir d’une maladie nommée « dépression ».
Cette maladie fréquente, sous diverses formes, touchera près d’une
personne sur cinq au cours de sa vie. La dépression ne discrimine pas :
elle peut en effet affecter les enfants, les adolescents ou les adultes
jeunes et vieux, peu importe leur race, leur condition sociale ou leur
éducation. Elle atteint toutefois deux fois plus fréquemment les femmes
que les hommes.
La dépression se caractérise par la présence pendant au moins deux semaines de plusieurs des éléments suivants :
- Une grande tristesse ou une perte majeure d’intérêt dans les activités professionnelles, sociales ou familiales ;
- des problèmes d’appétit avec perte ou gain de poids ;
- des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
- un ralentissement psychomoteur ou une agitation psychomotrice ;
- une grande fatigue ou une perte d’énergie ;
- des sentiments de culpabilité inappropriée ou le sentiment de ne rien valoir ;
- une grande difficulté de concentration ou une quasi-constante indécision ;
- des pensées récurrentes de mort ou des idées suicidaires qui reviennent sans cesse.
- Il existe différentes formes de maladie dépressive :
- La dépression « pure » : l’humeur triste et les autres symptômes décrits plus haut prédominent ;
- la maladie affective bipolaire (communément appelée maniaco-dépression) : les périodes de dépression alternent avec des périodes de grande excitation, énergie, euphorie ou irritabilité qu’on nomme manie. Ces changements d'humeur sont incontrôlables et parfois fréquents ;
- la dépression saisonnière ou trouble affectif saisonnier : chaque année, un sentiment de grande déprime apparaît à l'arrivée de l'hiver. Des traitements simples existent pour ce problème, probablement causé par le manque de lumière pendant les mois d'hiver ;
- la dépression post-partum : la dépression postnatale ou
post-partum (que certains désignent par « baby blues ») est une forme de
dépression majeure qui dure et non une légère tristesse passagère
suivant la naissance de son bébé. En plus des autres symptômes de la
dépression, la mère peut démontrer :
- un manque d’intérêt à l’égard du bébé et de ses proches ;
- un sentiment de peur d’être une « mauvaise mère » ;
- un sentiment d’inquiétude à l’égard du bien-être du bébé ;
- de l’agressivité ou des pensées violentes à l’égard du bébé ou d’elle-même.
Les personnes atteintes d’un trouble de l’humeur, dont la dépression,
sont plus à risque d’avoir certaines autres conditions psychiatriques.
En particulier, elles sont à risque accru pour les problèmes de drogue
ou d’alcool, le trouble panique, le trouble obessionnel-compulsif et la
phobie sociale.
Qu’est-ce qui en est la cause ?
On sait que les cellules de cerveau sont en communication constante
entre elles. Elles utilisent les neurotransmetteurs à cette fin. Ce sont
les neurotransmetteurs qui régissent les émotions, les mouvements, les
pensées, les fonctions cognitives (mémoire, concentration, jugement,
etc.) et les fonctions de survie (sommeil, appétit, digestion,
élimination, contrôle de la douleur, réflexes, etc.).
Dans la dépression, l’équilibre des neurotransmetteurs est perturbé.
Cependant, l’origine de cette perturbation est inconnue. La dépression
n’a pas une cause unique, mais résulte souvent d’un ensemble de facteurs
qui, combinés, entraînent l’apparition des symptômes. Ces facteurs sont
parfois :
- Biologiques :
- L’hérédité ;
- des changements de l’équilibre de certains neurotransmetteurs ou hormones ;
- certaines maladies telles que la maladie de Parkinson ou un accident vasculaire cérébral ;
- psychosociaux : des facteurs de stress dans la vie d’un individu qui l’amènent à une perte d’estime de soi semblent souvent associés à l’apparition d’un épisode dépressif ;
- environnementaux : consommation abusive ou soutenue de drogues ou d’alcool.
Qu’est-ce que d’autres ont vécu ?
« Pendant un an, j’ai déconnecté, j’ai cessé de vivre. Je n’étais
plus là, je pensais de plus en plus à la mort, jusqu’au moment où j’ai
consulté et obtenu de l’aide. À partir de cet instant, j’ai commencé à
émerger de ce mauvais rêve qui envahissait toute ma vie. L’expérience a
été physiquement épuisante et il m’a fallu plusieurs semaines de
convalescence pour récupérer physiquement, même une fois les symptômes
psychologiques disparus. Aujourd’hui, je reprends contact avec moi-même,
mon conjoint, mes enfants et mon travail. »
– Karine, 33 ans
Plusieurs personnes célèbres ont lutté contre la
dépression, et ont contribué de façon remarquable à la société comme
artistes, politiciens, scientifiques, athlètes ou financiers. Ces
exemples nous rappellent que, malgré cette maladie parfois sévère, le
rétablissement est toujours possible :
-
Ray Charles, musicien américain
-
Abraham Lincoln, président des États-Unis de 1860 à 1865
-
Isaac Newton, physicien et mathématicien britannique, le père de la théorie de la gravité
-
Buzz Aldrin, astronaute et deuxième homme à avoir marché sur la lune
Ces différentes personnes ont inspiré et inspirent
encore leurs concitoyens par leurs réalisations dans leur domaine
respectif. C’est de ces réalisations qu’on se souvient en pensant à eux
et non à leur maladie.
Qu’est-ce qu’il faut faire ?
La dépression est une maladie, elle peut parfois se prévenir et elle se soigne.
Comment prévenir ou se prendre en main ?
Même s’il n’est pas toujours possible de prévenir la dépression,
certains comportements contribuent à diminuer les risques de dépression :
de saines habitudes de vie (bien manger, faire de l’exercice, dormir
suffisamment, réduire la consommation d’alcool ou de drogues) et un bon
réseau de soutien social (se confier à des amis, se distraire, etc.)
peuvent éloigner la dépression.
Si vous vous reconnaissez dans les symptômes décrits plus haut, vous
pouvez dès aujourd’hui revoir votre hygiène de vie. Ceci ne guérit pas
une dépression, mais peut éliminer des facteurs qui accentuent ou
entretiennent votre dépression. Assurez-vous de vous coucher à une heure
raisonnable, de bien vous alimenter, de faire votre toilette, de faire
de l’exercice quotidien (pour vous soutenir dans un régime d’activités
physiques, consultez le site www.0-5-30.com), et de réduire la consommation de drogues ou d’alcool (www.dependances.gouv.qc.ca).
Quand consulter ?
Si vous notez depuis plusieurs jours une souffrance incapacitante,
une difficulté à rencontrer vos obligations professionnelles ou
familiales, il serait peut-être utile de voir votre médecin de famille
ou un psychologue. N’attendez pas d’être devenu incapable de faire vos
activités habituelles pour consulter. Un professionnel pourra voir avec
vous s’il s’agit bien d’une dépression ou d’un autre problème et vous
proposera un plan de traitement adapté à vos besoins. Un bilan physique
et des tests de laboratoire sont parfois nécessaires pour éliminer
d’autres maladies qui se présentent comme une dépression.
Si vous en êtes à penser au suicide ou que vous craignez pour votre sécurité ou pour celle des gens autour de vous, joignez Info-Santé (téléphone : 8-1-1) ou consultez un médecin DE TOUTE URGENCE.
Existe-t-il des traitements ?
Il existe des traitements éprouvés de la dépression, et plus vous
consultez tôt, plus ces traitements ont des chances de vous soulager.
Dans la majorité des cas, un traitement offrant une psychothérapie, des
médicaments antidépresseurs ou une combinaison des deux s’avère très
efficace. Les experts en dépression s’accordent généralement pour
recommander la thérapie cognitive-comportementale ou la thérapie
interpersonnelle.
Pour trouver un psychothérapeute dont l’approche vous convient et
avec qui vous vous sentirez à l’aise, informez-vous auprès de votre
médecin de famille, de votre centre de santé et de services sociaux, de
l’Ordre des psychologues du Québec (www.ordrepsy.qc.ca) ou de l’Association des médecins psychiatres du Québec (www.ampq.org).
Les antidépresseurs agissent en rétablissant l’équilibre entre les
différents neurotransmetteurs du cerveau qui régissent les émotions, les
fonctions cognitives (mémoire, concentration, etc.) et les fonctions
somatiques (sommeil, appétit, énergie, etc.). Si votre médecin vous en
prescrit, il est important de les prendre fidèlement et d’être patient.
En effet, refaire l’équilibre dans votre cerveau peut prendre un certain
temps, parfois même jusqu’à quatre à huit semaines. Ensuite, pour
éviter une rechute, il est très important de continuer le traitement tel
que prescrit même si vous vous sentez mieux. Le traitement d’un premier
épisode dépressif peut durer de plusieurs mois à une année ou deux,
selon la sévérité. La survenue de plusieurs épisodes amènera
probablement votre médecin à vous proposer une médication antidépressive
à vie.
L’objectif d’un antidépresseur est la rémission des symptômes et non
seulement la réduction ou un soulagement partiel des symptômes. Parfois,
il arrive qu’un médicament entraîne des effets indésirables ou des
effets secondaires. Si c’est le cas, n’hésitez pas à en parler avec
votre médecin. N’arrêtez pas votre médicament sans en avoir discuté avec lui. Un autre médicament est peut-être alors indiqué.
Se renseigner ou obtenir de l’aide
Voici quelques liens utiles pour obtenir une aide immédiate ou plus d’information :
- Le service Info-Santé : 8-1-1
- La ligne de prévention du suicide : 1 866 APPELLE ou 1 866 277-3553
- Association québécoise de soutien aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires
- Association québécoise de prévention du suicide
- Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale
- Association canadienne pour la santé mentale
- Association canadienne pour la santé mentale, chapitre de Montréal
SOURCES
ETC.
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