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23 août 2017

Et si les dents perdues des adultes repoussaient

Selon un Eurobaromètre commandé par la Commission européenne et publié en 2010, seulement 41 % des Européens adultes déclaraient avoir toutes leurs dents (ce taux n’était que de 34 % pour les Français). Parmi les personnes interrogées, 12 % disaient avoir entre 10 et 19 dents naturelles (une dentition normale compte 32 éléments, ou 28 pour ceux chez qui les dents de sagesse n’ont pas poussé), 6 % de 1 à 9 dents et 7 % reconnaissaient n’en avoir plus aucune. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la physiologie que de voir un organe si exposé à l’usure et si important pour l’alimentation ne pas être renouvelé chez l’adulte. Pour employer le terme savant, Homo sapiens est diphyodonte car, à de rares exceptions près, il n’a que deux jeux à sa disposition au cours de son existence, les dents de lait et les dents définitives. D’autres animaux sont nettement mieux servis. Ainsi, des reptiles comme les serpents, les geckos ou les alligators sont polyphyodontes, c’est-à-dire que leur dentition est remplacée de nombreuses fois au cours de leur existence.
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D’où l’intérêt que la médecine régénératrice porte à ces animaux. Cette discipline en plein essor a pour but de recréer de nouveaux organes naturels pour prendre le relais de ceux qui sont défaillants. On pense en premier lieu à des organes vitaux comme le cœur, les reins ou le foie mais les dents, certes faciles à remplacer par des prothèses, font également partie des cibles. Ainsi, dans un article publié le 13 mai par les Proceedings de l’Académie des sciences américaine (PNAS), une équipe internationale (Etats-Unis, Chine, Taïwan) s’est-elle intéressée à la manière dont l’alligator renouvelait sa dentition afin de savoir si le processus pourrait être transposable à l’homme. Selon les auteurs de cette étude, ces crocodiliens constituent de bons sujets car, à la différence des poissons polyphyodontes, leur palais et la manière dont leurs dents sont accrochées à la mâchoire se rapprochent de ce que l’on trouve chez les mammifères. Chez l’alligator adulte, les 80 dents sont remplacées environ une fois par an. Comme il s’agit d’animaux à longue durée de vie, ils peuvent donc changer de dentition une cinquantaine de fois !
Pour comprendre comment et pourquoi ce renouvellement permanent s’opère, ces chercheurs ont suivi et analysé la croissance dentaire chez des embryons d’alligators et chez de jeunes individus. Premier constat : tout comme pour un iceberg, la dent déjà sortie n’est pas la partie la plus importante du processus. Ce qui compte le plus, c’est ce qui se passe dessous, un cycle qui ne s’arrête jamais, une sorte de perpétuelle relève de la garde. Sous la dent déjà sortie et fonctionnelle, on trouve toujours une dent de remplacement qui, en grandissant, vient saper sa racine. Quand cette dent de remplacement, encore invisible depuis l’extérieur, a atteint la moitié de sa taille finale, un signal chimique est envoyé à la lame dentaire, une bande de tissu de la mâchoire où se créent les bourgeons de dents. Car, et il s’agit du second constat de l’étude, c’est dans cette lame dentaire que sont stockées les cellules souches capables de se différencier en dents. Lorsque le signal chimique les atteint, on lance la production de… la remplaçante de la remplaçante. Et ainsi de suite. Cette véritable usine à ratiches est même capable de passer en mode de production d’urgence lorsqu’une dent est accidentellement (ou chirurgicalement pour les besoins de l’étude) arrachée.
Chez l’être humain, difficile de reproduire ce schéma, pour une raison simple : l’essentiel de la lame dentaire disparaît une fois que les dents définitives sont sorties.
Ceci dit, les cas relativement fréquents de dents surnuméraires poussant de manière anarchique montrent que la partie n’est pas perdue. Dans la conclusion de leur étude, les chercheurs pensent qu’il est possible d’identifier tous les acteurs du renouvellement dentaire, ce qui permettrait, écrivent-ils, « soit d’activer les cellules souches présentes dans les restes de lame dentaire afin de redémarrer un processus de renouvellement chez des adultes qui ont perdu des dents, soit de stopper la génération incontrôlée de dents chez des patients ayant des dents surnuméraires ».

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Dans un premier temps, cette équipe aimerait extraire ces cellules souches pour apprendre à cultiver des dents en laboratoire. Encore faut-il pour cela repérer ces cellules souches chez l’humain adulte et maîtriser toute la communication moléculaire nécessaire au développement harmonieux des différents tissus qui composent la dent. Un projet à rapprocher d’une autre étude, publiée il y a quelques semaines, dans laquelle des chercheurs britanniques et japonais ont associé des cellules humaines de gencive et des cellules souches de dents de souris pour faire pousser des dents humaines, ce dans des reins de souris… Comme souvent dans le domaine émergent de la médecine régénératrice, on est bien loin de mettre sur le marché des applications pratiques. Et d’imiter les alligators.

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Et si les dents perdues des adultes repoussaient

Selon un Eurobaromètre commandé par la Commission européenne et publié en 2010, seulement 41 % des Européens adultes déclaraient avoir toutes leurs dents (ce taux n’était que de 34 % pour les Français). Parmi les personnes interrogées, 12 % disaient avoir entre 10 et 19 dents naturelles (une dentition normale compte 32 éléments, ou 28 pour ceux chez qui les dents de sagesse n’ont pas poussé), 6 % de 1 à 9 dents et 7 % reconnaissaient n’en avoir plus aucune. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la physiologie que de voir un organe si exposé à l’usure et si important pour l’alimentation ne pas être renouvelé chez l’adulte. Pour employer le terme savant, Homo sapiens est diphyodonte car, à de rares exceptions près, il n’a que deux jeux à sa disposition au cours de son existence, les dents de lait et les dents définitives. D’autres animaux sont nettement mieux servis. Ainsi, des reptiles comme les serpents, les geckos ou les alligators sont polyphyodontes, c’est-à-dire que leur dentition est remplacée de nombreuses fois au cours de leur existence.
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D’où l’intérêt que la médecine régénératrice porte à ces animaux. Cette discipline en plein essor a pour but de recréer de nouveaux organes naturels pour prendre le relais de ceux qui sont défaillants. On pense en premier lieu à des organes vitaux comme le cœur, les reins ou le foie mais les dents, certes faciles à remplacer par des prothèses, font également partie des cibles. Ainsi, dans un article publié le 13 mai par les Proceedings de l’Académie des sciences américaine (PNAS), une équipe internationale (Etats-Unis, Chine, Taïwan) s’est-elle intéressée à la manière dont l’alligator renouvelait sa dentition afin de savoir si le processus pourrait être transposable à l’homme. Selon les auteurs de cette étude, ces crocodiliens constituent de bons sujets car, à la différence des poissons polyphyodontes, leur palais et la manière dont leurs dents sont accrochées à la mâchoire se rapprochent de ce que l’on trouve chez les mammifères. Chez l’alligator adulte, les 80 dents sont remplacées environ une fois par an. Comme il s’agit d’animaux à longue durée de vie, ils peuvent donc changer de dentition une cinquantaine de fois !
Pour comprendre comment et pourquoi ce renouvellement permanent s’opère, ces chercheurs ont suivi et analysé la croissance dentaire chez des embryons d’alligators et chez de jeunes individus. Premier constat : tout comme pour un iceberg, la dent déjà sortie n’est pas la partie la plus importante du processus. Ce qui compte le plus, c’est ce qui se passe dessous, un cycle qui ne s’arrête jamais, une sorte de perpétuelle relève de la garde. Sous la dent déjà sortie et fonctionnelle, on trouve toujours une dent de remplacement qui, en grandissant, vient saper sa racine. Quand cette dent de remplacement, encore invisible depuis l’extérieur, a atteint la moitié de sa taille finale, un signal chimique est envoyé à la lame dentaire, une bande de tissu de la mâchoire où se créent les bourgeons de dents. Car, et il s’agit du second constat de l’étude, c’est dans cette lame dentaire que sont stockées les cellules souches capables de se différencier en dents. Lorsque le signal chimique les atteint, on lance la production de… la remplaçante de la remplaçante. Et ainsi de suite. Cette véritable usine à ratiches est même capable de passer en mode de production d’urgence lorsqu’une dent est accidentellement (ou chirurgicalement pour les besoins de l’étude) arrachée.
Chez l’être humain, difficile de reproduire ce schéma, pour une raison simple : l’essentiel de la lame dentaire disparaît une fois que les dents définitives sont sorties.
Ceci dit, les cas relativement fréquents de dents surnuméraires poussant de manière anarchique montrent que la partie n’est pas perdue. Dans la conclusion de leur étude, les chercheurs pensent qu’il est possible d’identifier tous les acteurs du renouvellement dentaire, ce qui permettrait, écrivent-ils, « soit d’activer les cellules souches présentes dans les restes de lame dentaire afin de redémarrer un processus de renouvellement chez des adultes qui ont perdu des dents, soit de stopper la génération incontrôlée de dents chez des patients ayant des dents surnuméraires ».

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Dans un premier temps, cette équipe aimerait extraire ces cellules souches pour apprendre à cultiver des dents en laboratoire. Encore faut-il pour cela repérer ces cellules souches chez l’humain adulte et maîtriser toute la communication moléculaire nécessaire au développement harmonieux des différents tissus qui composent la dent. Un projet à rapprocher d’une autre étude, publiée il y a quelques semaines, dans laquelle des chercheurs britanniques et japonais ont associé des cellules humaines de gencive et des cellules souches de dents de souris pour faire pousser des dents humaines, ce dans des reins de souris… Comme souvent dans le domaine émergent de la médecine régénératrice, on est bien loin de mettre sur le marché des applications pratiques. Et d’imiter les alligators.

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