À l'aide de la réalité virtuelle, une vingtaine de patients atteints de schizophrénie ont été amenés à faire face à leurs démons construits par ordinateur pour les chasser de leur vie, dans un projet pilote à l'Institut Philippe-Pinel de Montréal. Les résultats sont si encourageants qu'une deuxième phase vient d'être lancée.
Un texte de Caroline Lacroix
Richard Breton, 52 ans, souffre de schizophrénie depuis l’aube de la vingtaine. Les effets de sa maladie mentale ont longtemps empêché ce père de deux enfants de les voir.
Ses épisodes de psychose et de paranoïa lui ont bien souvent tendu des pièges qui auraient pu lui être fatals. Ses hallucinations l’ont même déjà convaincu qu’il devait se réfugier dans les bois, ce qu’il a fait au péril de sa vie.
Ce n’est pas pour rien que l’Organisation mondiale de la santé classe la schizophrénie parmi les 10 maladies les plus invalidantes.
En 2015, des voix venaient toujours le hanter, malgré sa médication et de nombreuses thérapies. Richard était prêt à tout pour changer son quotidien lorsqu’il a entendu parler du projet expérimental du psychiatre et chercheur Alexandre Dumais.
Inspiré par une étude britannique réalisée cinq ans plus tôt, le Dr Dumais était déterminé à trouver comment réduire les hallucinations auditives qui résistent à tout traitement. À son avis, la clé était d’arriver à établir un dialogue entre le patient et son démon.
« Mais c'était très compliqué en clinique que la personne s'imagine être en contact avec une entité. Je l'avais essayé et ça ne fonctionnait pas, jusqu'à ce que j'aie accès à la réalité virtuelle », explique celui qui a testé son hypothèse avec succès grâce à la révolution technologique.
Richard a été le premier à participer au projet médical. Il a d’abord décrit son démon à un technicien informatique, qui l’a reproduit par ordinateur. Avec un casque de réalité virtuelle, il s’est ensuite retrouvé dans un face à face avec cette entité qui le persécute depuis tant d’années.
C’est le psychiatre qui faisait parler l’avatar en lisant une liste de mots que le patient a l’habitude d’entendre dans sa tête. Tout est scénarisé et encadré.
Apprendre à affronter ses démons
Nous sommes à des années-lumière de la psychiatrie traditionnelle. « Tu n’es pas un bon père. Personne ne t’aime. Tu es un trou de cul » sont des exemples de phrases que l’avatar a lancées à Richard d’une voix satanique.
Au début, les participants ont ressenti beaucoup d’angoisse, mais le médecin les a amenés, au fil des six séances, à répondre aux insultes et à développer des mécanismes de défense.
« Je suis une bonne personne, dis juste une petite connerie et je vais te rentrer dedans » : c’est le genre de réplique que Richard est maintenant en mesure de lui donner dans la vraie vie.
Au total, 19 patients ont pris part au projet pilote. Quinze d’entre eux, dont Richard, ont vu leur qualité de vie s’améliorer de façon considérable. « Les chiffres sont éloquents. Ça fonctionnait en Grande-Bretagne, ça fonctionne ici aussi. On n'a pas besoin de tester sur 200 personnes. Ce sont des résultats significatifs », se réjouit le chercheur.
Toutefois, l’expérience a été moins concluante pour certaines personnes qui ont été distraites par le manque de réalisme de l’avatar, ce qui a diminué l’efficacité de la thérapie.
C’est pourquoi une deuxième phase vient d’être lancée : Avatar 2.0. Depuis le début de l’année, une jeune compagnie de réalité virtuelle élabore la nouvelle application qui permettra, au cours du deuxième volet du projet pilote, de construire des personnages encore plus fidèles aux hallucinations. Les nouvelles technologies vont leur permettre « de sortir leurs idées de leur tête » encore plus facilement, explique Harold Dumur, président d’Ova, l’entreprise montréalaise qui a décroché le contrat avec le centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
Avatar 2.0 permettra non seulement d’augmenter la qualité de l’expérience numérique, mais aussi de comparer l’efficacité de la thérapie virtuelle à celle de l’approche cognitivo-comportementale qui n’arrive pas toujours, bien qu’elle soit jumelée à la médication et couramment utilisée en psychiatrie, à améliorer le sort des gens qui entendent des voix, selon le psychiatre Dumais. Deux cohortes d’une trentaine de personnes seront recrutées à l’échelle canadienne pour y participer avec l’accord de leur médecin traitant.
Alexandre Dumais rêve déjà du jour où les cliniques psychiatriques pourront utiliser la méthode par avatar pour soigner des personnes atteintes de schizophrénie.
« Si on continue d’obtenir des résultats positifs comme ça, il n’y a pas un endroit qui pourra s’en passer ». Surtout que les améliorations observées ont été obtenues après seulement six séances chez des personnes schizophrènes qui étaient hantées depuis de longues années et qui avaient tout essayé pour s’en libérer. Une thérapie courte et peu dispendieuse qui a permis à Richard Breton et à d’autres de maîtriser leur cauchemar.
Richard Breton, 52 ans, souffre de schizophrénie depuis l’aube de la vingtaine. Les effets de sa maladie mentale ont longtemps empêché ce père de deux enfants de les voir.
Ses épisodes de psychose et de paranoïa lui ont bien souvent tendu des pièges qui auraient pu lui être fatals. Ses hallucinations l’ont même déjà convaincu qu’il devait se réfugier dans les bois, ce qu’il a fait au péril de sa vie.
Ce n’est pas pour rien que l’Organisation mondiale de la santé classe la schizophrénie parmi les 10 maladies les plus invalidantes.
En 2015, des voix venaient toujours le hanter, malgré sa médication et de nombreuses thérapies. Richard était prêt à tout pour changer son quotidien lorsqu’il a entendu parler du projet expérimental du psychiatre et chercheur Alexandre Dumais.
Inspiré par une étude britannique réalisée cinq ans plus tôt, le Dr Dumais était déterminé à trouver comment réduire les hallucinations auditives qui résistent à tout traitement. À son avis, la clé était d’arriver à établir un dialogue entre le patient et son démon.
« Mais c'était très compliqué en clinique que la personne s'imagine être en contact avec une entité. Je l'avais essayé et ça ne fonctionnait pas, jusqu'à ce que j'aie accès à la réalité virtuelle », explique celui qui a testé son hypothèse avec succès grâce à la révolution technologique.
Richard a été le premier à participer au projet médical. Il a d’abord décrit son démon à un technicien informatique, qui l’a reproduit par ordinateur. Avec un casque de réalité virtuelle, il s’est ensuite retrouvé dans un face à face avec cette entité qui le persécute depuis tant d’années.
C’est le psychiatre qui faisait parler l’avatar en lisant une liste de mots que le patient a l’habitude d’entendre dans sa tête. Tout est scénarisé et encadré.
Apprendre à affronter ses démons
Nous sommes à des années-lumière de la psychiatrie traditionnelle. « Tu n’es pas un bon père. Personne ne t’aime. Tu es un trou de cul » sont des exemples de phrases que l’avatar a lancées à Richard d’une voix satanique.
Au début, les participants ont ressenti beaucoup d’angoisse, mais le médecin les a amenés, au fil des six séances, à répondre aux insultes et à développer des mécanismes de défense.
« Je suis une bonne personne, dis juste une petite connerie et je vais te rentrer dedans » : c’est le genre de réplique que Richard est maintenant en mesure de lui donner dans la vraie vie.
« Je suis capable de le combattre. Mes voix ont diminué de 80 % à 90 % », lance-t-il fièrement dans un mélange de soulagement et de fierté. Il affirme que c’est grâce à cette thérapie expérimentale qu’il a pu recommencer à travailler et à faire partie de nombreux comités, dont le conseil d’administration de l’Institut Philippe-Pinel.
« Sinon, les voix étaient trop envahissantes, je m'isolais parce qu'à chaque fois que je sortais, le diable embarquait », dit-il.
Des résultats encourageantsAu total, 19 patients ont pris part au projet pilote. Quinze d’entre eux, dont Richard, ont vu leur qualité de vie s’améliorer de façon considérable. « Les chiffres sont éloquents. Ça fonctionnait en Grande-Bretagne, ça fonctionne ici aussi. On n'a pas besoin de tester sur 200 personnes. Ce sont des résultats significatifs », se réjouit le chercheur.
Toutefois, l’expérience a été moins concluante pour certaines personnes qui ont été distraites par le manque de réalisme de l’avatar, ce qui a diminué l’efficacité de la thérapie.
C’est pourquoi une deuxième phase vient d’être lancée : Avatar 2.0. Depuis le début de l’année, une jeune compagnie de réalité virtuelle élabore la nouvelle application qui permettra, au cours du deuxième volet du projet pilote, de construire des personnages encore plus fidèles aux hallucinations. Les nouvelles technologies vont leur permettre « de sortir leurs idées de leur tête » encore plus facilement, explique Harold Dumur, président d’Ova, l’entreprise montréalaise qui a décroché le contrat avec le centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
Avatar 2.0 permettra non seulement d’augmenter la qualité de l’expérience numérique, mais aussi de comparer l’efficacité de la thérapie virtuelle à celle de l’approche cognitivo-comportementale qui n’arrive pas toujours, bien qu’elle soit jumelée à la médication et couramment utilisée en psychiatrie, à améliorer le sort des gens qui entendent des voix, selon le psychiatre Dumais. Deux cohortes d’une trentaine de personnes seront recrutées à l’échelle canadienne pour y participer avec l’accord de leur médecin traitant.
Alexandre Dumais rêve déjà du jour où les cliniques psychiatriques pourront utiliser la méthode par avatar pour soigner des personnes atteintes de schizophrénie.
« Si on continue d’obtenir des résultats positifs comme ça, il n’y a pas un endroit qui pourra s’en passer ». Surtout que les améliorations observées ont été obtenues après seulement six séances chez des personnes schizophrènes qui étaient hantées depuis de longues années et qui avaient tout essayé pour s’en libérer. Une thérapie courte et peu dispendieuse qui a permis à Richard Breton et à d’autres de maîtriser leur cauchemar.
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