Les complications de la maladie cœliaque sont nombreuses et diverses,
nutritionnelles (retard de croissance chez l’enfant, dénutrition,
carences vitaminiques), hématologiques (anémie), osseuses (ostéoporose
fracturaire), gynécologiques (troubles de la fécondité),
cardiovasculaires (coronaropathie et thromboses veineuses),
neurologiques (neuropathie périphérique), et hépatiques (cytolyse,
cirrhose). La maladie cœliaque est associée à un sur-risque de maladies
auto-immunes (diabète type I, thyroïdites) et surtout de cancer (cancer
des voies digestives supérieures, carcinome hépatocellulaire,
lymphomes). Sur le plan digestif, les principales complications sont la
colite microscopique et la sprue réfractaire, marquée par une résistance
au régime sans gluten. Celle-ci peut s’accompagner d’une
hyperlymphocytose intraépithéliale monoclonale (sprue réfractaire de
type II), véritable lymphome cryptique dont le risque évolutif est le
lymphome T invasif, qui complique une maladie cœliaque sur 1000. Le
régime sans gluten à vie protège en grande partie de la survenue de la
plupart des complications et corrige la surmortalité associée aux
complications.
Il y a une évidence
raisonnable de troubles neurologiques associés à la maladie cœliaque
(MC) et même les patients traités de façon adéquate par une diète sans
gluten devraient se prêter à un examen neurologique périodique. La
neuropathie périphérique est présente chez plus de la moitié des
cœliaques. Antérieurement, les complications neurologiques chez les
cœliaques étaient considérées comme étant présentes chez plus du tiers
des cœliaques (36%). Beaucoup de patients présentent un ou plusieurs
troubles neurologiques inexpliqués et ces troubles ne sont pas toujours
reconnus par ceux-ci ou par leurs médecins. Malheureusement, comme
l’imagerie du cerveau n’est pas pratiquée ou recommandée de façon
routinière chez les patients nouvellement diagnostiqués, nous n’en
connaissons pas vraiment l’incidence exacte. Plus renversant encore est
le fait d’apprendre que plusieurs patients ne rencontrant pas les
critères de diagnostic de la MC mais chez lesquels on a découvert des
troubles neurologiques associés au gluten répondent positivement à une
diète SG.
Il y a plusieurs
troubles neurologiques associés à la MC non-diagnostiquée et
non-traitée comme la neuropathie, les troubles d’équilibre (ataxie),
l’épilepsie, les symptômes similaires à ceux de la sclérose en plaques,
les maux de tête, les troubles de mémoire, l’anxiété et la dépression,
les troubles d’inattention (ADD/ADHD), la schizophrénie, la démence,
la faiblesse musculaire, les retards de développement chez les enfants,
l’autisme (Asperger). La triste vérité est que plusieurs patients
reçoivent leur diagnostic tardivement engendrant un retard dans
l’établissement du traitement et une faible réponse neurologique en
dépit de l’adoption d’une diète stricte sans gluten. Le délai moyen
chez un adulte avant de recevoir, le bon diagnostic, se situe entre 11
et 13 ans. Le Dr Hadjivassiliou, neurologue Britannique considéré être
un expert mondial relativement aux troubles neurologiques causés par le
gluten, estime que la réponse neurologique à la diète sans gluten peut
prendre jusqu’à 5 ans et que si la condition neurologique perdure
depuis longtemps, la guérison complète est peu probable.
Les symptômes de la
neuropathie sont la paresthésie (fourmillements, engourdissements) ou
dysthésie (sensations de brûlure ou de froid, picotements, lourdeurs,
sensations «d’épingles et d’aiguilles»). Beaucoup de mes
patients décrivent aussi une hypersensibilité de la peau de telle sorte
qu'ils n'aiment pas la sensation de l'air soufflant sur eux ou la
présence de leurs enfants ou leur conjoint contre leur peau. Certains
admettent ressentir la sensation similaire à un «ver rampant» sur leur
peau, une sensation qui se nomme «contraction musculaire vermiculaire»
en termes médicaux, mais dont la présence fait rarement l’objet d’un
questionnement ou d’une grande réflexion chez la plupart des médecins.
De curieux mouvements musculaires sous la peau, plus exactement des
tressautements musculaires médicalement connus sous le nom de
«fasciculations», sont également très fréquents mais rejetés par de
nombreux médecins. Mon épouse, qui est médecin et atteinte de la
maladie cœliaque, a vécu cette négation de la part d’une spécialiste
alors qu’elle subissait une EMG (électromyographie visant à enregistrer
l’activité musculaire en plaçant une aiguille en guise d’électrode
dans le muscle), examen effectué par une neurologue d’expérience. Bien
que celle-ci fût à même d’observer visuellement ces phénomènes
musculaires et que le moniteur afficha la présence «d’un bruit
statique», elle les rejeta et les considéra comme «normaux».
Plusieurs
patients ayant la maladie cœliaque ont ce que les radiologues et les
neurologues nomment des «OBNIs» apparaissant lors d’examens du cerveau
par IRM (Imagerie par
Résonnance Magnétique). Ces objets brillants non identifiés (pensez
aux OVNIs) sont des taches blanches apparaissant sur les images du
cerveau. Lorsque ces OBNIs sont présents à certains endroits
spécifiques du cerveau, ils sont hautement suggestifs de sclérose en
plaques (plusieurs cicatrices dans le cerveau à différents endroits).
Cependant, bien que plusieurs cœliaques aient des symptômes ressemblant
à ceux de la sclérose en plaques et répondent souvent à la diète SG
lorsque celle-ci est amorcée suffisamment tôt, les OBNIs vus par IRM du
cerveau chez les cœliaques ne se situent pas de façon typique dans la
région classique du cerveau associée à la sclérose en plaques. Par
contre, il est commun de les retrouver dans la région du cerveau
associée aux migraines ou aux difficultés d’équilibre (ataxie).
Certains sont vus chez des enfants ne manifestant pas de symptômes
intestinaux mais sujets à des crises étranges (petit mal). Un
syndrome classique et spécifique est très bien reconnu et est associé à
l’épilepsie où des enfants et des adultes ont des calcifications dans
le cerveau pouvant être détectées par tomagraphie (CT scan) ou IRM.
L’épilepsie est bien documentée mais les études sont tellement confuses
qu'il n'y a pas de véritable consensus concernant le risque et la
recommandation de dépistage de tous les enfants atteints d'épilepsie.
Personnellement
et professionnellement j’ai observé toutes les complications
neurologiques de la maladie cœliaque et la plupart d'entre elles, je
les ai également notées auprès de patients chez lesquels je n'étais
pas en mesure de confirmer une MC mais qui avaient ce que je crois être
des signes objectifs et/ou des risques génétiques de sensibilité au
gluten. J’ai des patients ayant des symptômes semblables à ceux de la
sclérose en plaques, des neuropathies chroniques inexpliquées, des maux
de têtes, des difficultés d’attention, des comportements autistiques
et des retards développementaux qui ont bien répondu à la diète SG
alors que bien des médecins maintiennent qu’une telle diète
«restrictive, coûteuse et difficile à suivre» ne devrait être «imposée»
qu’à ceux ayant reçu un diagnostic établi de maladie cœliaque.
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