Deux équipes françaises présentent des résultats
prometteurs dans le traitement du lupus à la conférence du Collège
américain de rhumatologie qui se tient à Chicago. Jusqu'à ce jour un
seul médicament spécifique contre cette maladie chronique a été validé
par la Food and Drug Administration (FDA) et est en cours d'examen pour
l'Europe.
Vivre avec un lupus : un quotidien très difficile
Et le quotidien des patients qui souffrent de cette maladie chronique provoquée par un dérèglement du système immunitaire (maladie auto-immune) est souvent bien plus difficile. Au lieu d'agir contre des menaces extérieures comme des microbes, certains anticorps attaquent les cellules d'un très grand nombre d'organes comme la peau, les poumons ou les reins. On parle d'auto-anticorps. Cela peut provoquer de l'arthrite, une atteinte très douloureuse des articulations, une insuffisance rénale, une inflammation cardiaque et pulmonaire...Pour l'instant, les seuls traitements disponibles consistent à freiner l'activité de l'ensemble du système immunitaire ce qui n'est pas sans difficultés pour les patients. Deux pistes de recherche tentent actuellement de corriger son dérèglement. Elles s'appuient sur les progrès réalisés dans la compréhension des mécanismes de la maladie.
Premier essai clinique d'un "vaccin" anti-lupus
Les espoirs les plus importants viennent de l'étude présentée par Neovacs, une société de biotechnologie française, née au sein de l'Université Pierre et Marie Curie, à Paris. Elle cible un auto-anticorps particulièrement "surproduit" et nocif dans le lupus : l'interféron alpha. Le principe de leur thérapie est celui de la vaccination. Mais au lieu d'apprendre à l'organisme à lutter contre le virus de la poliomyélite, par exemple, leur vaccin (IFNa-Kinoïde) stimule la création d'anticorps capables d'éliminer leur "collègue" déréglé. Il a été testé dans le cadre d'un essai clinique comprenant 28 patients souffrant d'un lupus léger à modéré. Le résultat, annoncé au Collège américain de rhumatologie, par le Dr Frédéric Houssiau qui a dirigé cette étude, montre chez ceux qui ont vraiment reçu le vaccin et non le placebo que : "le traitement a permis de neutraliser la production de l'interféron alpha sans effets secondaires notables". Et cette stimulation du système immunitaire pourrait rester efficace pendant 3 à 6 mois. La prochaine étape est un nouvel essai pour évaluer cette fois l'efficacité sur les symptômes du lupus.Recherche sur le lupus : la piste de la vitamine D
A l'hôpital La Pitié-Salpétrière, l'équipe du Dr Benjamin Terrier travaille elle sur la vitamine D, dont le rôle régulateur sur le système immunitaire est désormais établi. Parmi 24 patients atteints de lupus, ceux qui souffraient d'un manque de vitamine D en ont reçu une importante injection (100 000 unités internationales) par semaine pendant un mois, puis une par mois pendant six mois.Dans ce délai, la maladie elle-même n'a pas cliniquement évolué, mais plusieurs anomalies du système immunitaire ont été corrigées. Les chercheurs ont en particulier constaté une multiplication de certains lymphocytes T, des globules blancs régulateurs qui manquent chez les patients atteints de lupus. Et à l'inverse, une réduction de cellules immunitaires qu'ils avaient en quantité excessive.
Il s'agit donc de "résultats encourageants qui semblent indiquer un rôle bénéfique des compléments de vitamine D pour les patients souffrant de lupus", conclut le Dr Terrier dans sa présentation de l'étude à Chicago mais ils "doivent être confirmés dans des essais cliniques étendus". Si tel était le cas, l'avantage de cette solution serait naturellement la grande simplicité de sa mise en pratique.
Les 5 millions de patients atteints dans le monde peuvent donc commencer à espérer voir d'autres traitements rejoindre le premier médicament spécifique autorisé par la Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis, le 9 mars 2011, qui agit déjà sur une des anomalies immunitaires du lupus.
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