De nombreuses substances, notamment présentes dans certains
médicaments, peuvent modifier le fonctionnement de notre cerveau et altérer notre
mémoire.
Quels sont les médicaments en cause et faut-il alors les éviter ? La
problématique est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Le point avec le
Dr Catherine Thomas-Anterion, Neurologue, Docteur en Neuropsychologie,
chercheur et membre de l'Observatoire B2V de la mémoire.
Certains médicaments augmentent les troubles de la mémoire
Il existe des
médicaments qui peuvent perturber le fonctionnement optimal de
la mémoire. C’est le cas de ceux qui ralentissent la vitesse de traitement cérébral. Ils peuvent alors entraîner comme
effets secondaires
d’éventuels problèmes d’attention et de mémoire. « Il est donc
impératif de toujours bien évaluer les motifs de prescription de tout
médicament », met en garde le Dr Catherine Thomas-Anterion : « Pourquoi
doit-on le prendre, à quels effets bénéfiques doit-on s’attendre, quel
dosage utiliser, pendant combien de temps, quels sont les effets
indésirables potentiels, etc. ? »
Par exemple, les bêtabloquants sont prescrits dans de nombreuses indications différentes : contre les troubles
cardiaques
et l’hypertension majoritairement, mais aussi en traitement de fond
contre les migraines. Or, ils peuvent s’accompagner d’une lenteur
d’exécution dans la réalisation de certaines tâches. Mais chez une
personne cardiaque
qui est améliorée par son bêtabloquant, il n’est pas question de
l’arrêter. En revanche, en l’absence d’amélioration suffisante, il faut
en parler à son médecin, qui peut alors modifier la prescription, avec
un retour à un fonctionnement cérébral normal.
Les Solutions naturelles
La solution phytothérapie
Le
ginkgo biloba, souvent considéré comme la « plante du cerveau », est
particulièrement recommandé dans les troubles cognitifs, de la mémoire
et de la concentration liés à l’âge. À utiliser sous forme de cure.
Pour consulter la fiche Ginko
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La solution phytothérapie
Le
ginseng, excellent stimulant général, exerce des bienfaits sur les
capacités de concentration et les capacités mentales, nécessaires à une
bonne mémorisation. À utiliser en gélules ou en tisane à partir de
poudre de racine de ginseng.
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Les anti-cholinergiques ont-ils aussi des répercussions sur la mémoire ?
Dr Catherine Thomas-Anterion : « Oui, car les anti-cholinergiques jouent un rôle important dans le fonctionnement de la
mémoire.
La plupart du temps, ils n’entraînent pas d’effets secondaires majeurs,
mais seulement de petits désagréments, sauf chez les patients qui sont
amenés à prendre plusieurs
médicaments différents et
dont les effets indésirables peuvent s’ajouter, en cas de plusieurs
facteurs de risque ou d’affection en lien avec l’acétylcholine.
Attention, les anti-cholinergiques sont présents dans de nombreuses
spécialités pharmaceutiques, comme dans des anti-vomitifs, des
médicaments contre l’incontinence ou la dépression.
Là encore, il
ne faut jamais arrêter son traitement de son propre chef, mais en parler
à son médecin, qui réévaluera les raisons précises de cette
prescription et l’existence d’éventuelles interactions avec d’autres
médicaments. Autrement dit, l’indication d’un médicament prime toujours
sur les contre-indications (dans la limite du raisonnable bien sûr). »
Qu’en est-il des benzodiazépines ?
Les benzodiazépines sont des traitements anxiolytiques, donc utilisés contre l’anxiété, mais aussi parfois
contre la dépression et les troubles du sommeil. Le gros problème avec ces
médicaments
est qu’ils peuvent entraîner des addictions avec des difficultés de
sevrage. « C’est ainsi que certains patients les prennent sur de longues
périodes et que des désagréments se manifestent, de type ralentissement
de fonctionnement et perte d’attention. Comme avec les bêtabloquants,
si l’effet ayant motivé la prescription est satisfaisant, celui-ci prime
sur les désagréments. Il n’en faut pas moins réfléchir à la façon
d’améliorer la prescription : diminution progressive de la posologie et
de la durée du traitement », précise le Dr Thomas-Anterion.
Toujours considérer et reconsidérer la balance bénéfice / risque d’un traitement
Les
bénéfices et les risques d’un médicament doivent toujours être examinés
et régulièrement réévaluer. À titre d’exemple, malgré des effets
indésirables sur le fonctionnement cérébral, un patient déprimé,
souffrant de crises d’angoisse ou d’attaques de panique, aura une bien
meilleure mémoire et moins de troubles de l’attention s’il prend un
traitement par benzodiazépines associées à un antidépresseur par
exemple, que s'il ne se traite pas.
Nous venons de parler des effets de certains médicaments sur la
mémoire, quand est-il du risque de développer la maladie d’Alzheimer ?
Les benzodiazépines augmentent-elles le risque de maladie d’Alzheimer ?
Dr
Catherine Thomas-Anterion : « Une équipe de chercheurs de l’Inserm à
Bordeaux a conclu que la prise de benzodiazépines sur plusieurs années
consécutives représente un facteur favorisant
la maladie d’Alzheimer.
Mais il existe encore des incertitudes et il faudrait notamment prouver
que ce sont bien les benzodiazépines et non la maladie à l’origine de
la prise de benzodiazépines qui augmentent le risque d’Alzheimer. Car en
effet, le stress dont souffrent les personnes dépressives, anxieuses,
angoissées ou sujettes aux
crises de panique,
est un puissant oxydant cérébral connu pour entraîner une mort
neuronale chez l’animal. Autrement dit, le stress (évoluant de longues
années sans traitement) pourrait à lui seul expliquer un risque accru de
développer la maladie d’Alzheimer.
Cette hypothèse confirme la
nécessité de traiter ces maladies via des médicaments à condition de
respecter les règles posologiques (dosage, durée limitée, réévaluations
fréquentes).
Ce raisonnement est aussi valable en ce qui concerne
les troubles du sommeil. Le sommeil étant très important pour la
mémoire, il est préférable de prendre des somnifères pour limiter les
insomnies et ainsi maintenir sa mémoire, mais ce pour un temps limité et
sous contrôle médical. En revanche, continuer à prendre par habitude
des médicaments qui ne sont plus utiles (accoutumance), c’est-à-dire qui
n’améliorent plus le sommeil, peut détériorer la mémoire.
Les médicaments antidouleurs… eux aussi !
Dans le cadre de la lutte
contre la douleur, les
médicaments
antidouleurs sont très largement utilisés, y compris contre les
maladies rhumatismales. Or les morphiniques et ceux contenant de la
codéine ralentissent le fonctionnement cérébral. Mais parallèlement, il
faut considérer les effets propres de la douleur. En effet, lorsqu’elle
est forte, elle a d’importantes répercussions psychiques et cognitives,
entraînant anxiété et mal être à l’origine d’un ralentissent de la
personne. Ainsi, traiter la douleur contribue à améliorer le
fonctionnement de
la mémoire. Reste à évaluer
régulièrement chez chaque patient, si cette amélioration est supérieure
au ralentissement cérébral lié au médicament antidouleur employé.
« C’est
pourquoi les médecins réfléchissent à chaque consultation à
l’opportunité de maintenir ou non le médicament. Cet exercice est
relativement simple lorsqu’il n’y a qu’un médicament, mais se complique
fortement lorsque plusieurs sont associés, notamment des médicaments qui
ralentissent : bêtabloquants, anti-vomitifs, contre l’incontinence,
etc.
Le patient doit ici penser à indiquer systématiquement les
ordonnances des autres médecins consultés et mentionner tous les autres
produits consommés, y compris les traitements en vente libre ou naturels
achetés sur Internet, chez l’herboriste ou le naturopathe.
Le patient doit aider son médecin en indiquant tout ce qu’il prend, sans rien oublier ».
Les substances les plus courantes qui perturbent la mémoire : l’alcool et le cannabis
Après
ce long argumentaire sur les médicaments, on en oublierait presque de
mentionner les deux substances qui perturbent le plus notre mémoire et
qui sont de loin les plus consommées : l’alcool et le cannabis. Tous
deux sont toxiques pour le cerveau : ils altèrent les capacités
d’attention et la vitesse de traitement du cerveau, et entraînent une
perte de fonction neuronale voire une mort neuronale.
Ce sont donc
toutes les substances toxiques qu’il faut éliminer pour ménager sa
mémoire et prévenir les troubles mnésiques. On retiendra qu’il faut
éviter l’automédication et le renouvellement abusif en se demandant
toujours pourquoi on prend ce médicament et s’il est encore utile.