Une modification du niveau de certaines protéines dans le sang pourrait
être révélatrice de troubles mentaux chez l’homme. Les chercheurs
espèrent que cette découverte aidera les médecins à préciser leur
diagnostic et à entamer à temps un traitement approprié.
Selon les données de l’Organisation mondiale
de la santé (OMS), le trouble affectif bipolaire touche environ 60
millions de personnes dans le monde. La maladie est caractérisée par une
fluctuation anormale de l’humeur et de l’énergie, elle perturbe
l’efficacité professionnelle et peut même de conduire au suicide. Les
chercheurs de l’Institut de biologie chimique et de médecine
fondamentale de Novossibirsk (Sibérie occidentale) ont réussi à détecter
des biomarqueurs permettant de diagnostiquer cette maladie d’après des
analyses de sang. Ainsi, ils ont découvert que les troubles mentaux sont
liés à une baisse de l’activité de la thyroïde et à un déséquilibre
hormonal.
Thyroïde et troubles mentaux
Les chercheurs ont choisi pour leur étude dix personnes s’étant vues
diagnostiquer un trouble affectif bipolaire. Dix autres personnes, en
bonne santé, ont constitué le groupe de contrôle. « Nous avons
analysé des échantillons de leur sérum sanguin sur la base de la
protéomique (science qui étudie l’ensemble des protéines d’une cellule), a raconté à RBTH Irina Alexeïeva, scientifique de l’Institut. Nous
avons séparé le mélange de protéines d’après la masse moléculaire et
nous avons obtenu la carte 2D de l’ensemble des protéines ».
Ensuite, les spécialistes ont analysé les fragments des protéines à
l’aide de méthodes hautement technologiques pour établir le lien entre
le niveau d’expression de protéines comme les apolipoprotéines A et C,
la transthyrétine et le sérum amyloïde A1, d’une part, et les maladies
neuropsychiques, d’autre part.
« Il s’est avéré que la transthyrétine – protéine qui transporte
l’hormone de la thyroïde du sang au cerveau – est liée aux maladies
neuropsychiques. En effet, très souvent, les patients présentant des
troubles bipolaires et schizophréniques manifestent une fonction
thyroïdienne réduite, tandis que les malades avec un tel
dysfonctionnement présentent des symptômes semblables à des troubles
psychiques », a fait remarquer Irina Alexeïeva.
Une méthode qui exige du travail et de l’argent
Les chercheurs ont également établi que le changement du niveau
d’expression de l’apolipoprotéine C3 risque de perturber le métabolisme
du cholestérol, d’où un déséquilibre hormonal propre à nombre de
troubles psychiques.
Selon Lioudmila Kalachnikova, psychiatre qui s’est intéressée aux
résultats de l’étude, le trouble bipolaire fait partie du top 20 des
maladies handicapantes. « Les médecins considèrent souvent cette
maladie comme la manifestation d’une dépression saisonnière et posent un
diagnostic erroné. S’il devient possible de repérer la maladie grâce à
une analyse de sang, ce serait d’une grande aide. La seule chose qu’il
reste à souhaiter, c’est que les médecins suivent un plus grand nombre
de patients pour rendre leurs études plus crédibles », a-t-elle souligné.
La méthode mise au point à Novossibirsk demande beaucoup de travail
et d’argent. Cela étant, il sera difficile de la mettre en pratique,
constatent les scientifiques. Toutefois, ils se disent prêts à trouver
un moyen plus simple et plus accessible de diagnostic. Ainsi, il est
prévu de confirmer prochainement l’efficacité des marqueurs biologiques
découverts.
Source : ICI
Bipolaires célèbres
Le désordre bipolaire toucherait entre 2% et 8% de la population mondiale. Comme il reste très difficile à diagnostiquer, aujourd’hui certains médias ont tendance à attribuer ce trouble à la légère.
De
plus, le diagnostic sur les personnages du passé n’est pas toujours
fiable. En effet, il faut rester prudent car ces êtres hors du commun
ont souvent été reconnus bipolaire de part leur comportement.
La bipolarité rend elle plus forte ?
Il n’y a point de génie sans un grain de folie
«
Il n’y a point de génie sans un grain de folie « , disait Aristote. En
2009, des chercheurs du King’s College de Londres et de l’Institut
Karolinska de Stokholm, lui ont donné raison.
Examinant
700.000 adolescents suédois au cours des années 90, ils ont trouvé que
ceux qui avaient les meilleures notes à l’école étaient quatre fois plus
susceptibles d’être admis en hôpital psychiatrique pour des troubles
bipolaires (ce que l’on appelait auparavant la maladie
maniaco-dépressive) à l’âge de 31 ans.
Cela
était particulièrement vrai pour les élèves brillants dans les
disciplines littéraires, notamment en musique et en littérature. En
fait, ces troubles amélioreraient l’accès au vocabulaire, à la mémoire
et à d’autres ressources cognitives. Cependant, l’étude a également
trouvé une plus faible corrélation entre le trouble et les élèves les
moins bons, ce qui indiquerait que la maladie pourrait être liée à de
« subtiles anormalités neuro-développementales ».
(…)
Grâce
à la publicité faite par les stars qui se sont déclarées
maniaco-dépressives, comme Catherine Zeta-Jones, Ben Stiller, Robbie
Williams, Paul Gascoigne ou encore Stephen Fry, la maladie a été d’une
certaine manière dédramatisée. »
Source : ICI
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