Comme le cerveau, le coeur n'est pas capable de se régénérer. Après
une lésion occasionnée par un infarctus, il perd une partie de sa capacité de
contraction. Pour pallier ce déficit, la thérapie cellulaire apparaît la plus
prometteuse. Les professeurs Orlic et Anversa ont réussi grâce à une greffe de
moelle osseuse à remettre à neuf un coeur de souris. Une technique bientôt
applicable à l'homme ?
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans les
pays occidentaux. Parmi elles, l'infarctus du myocarde est responsable, chaque
année, de 40 000 décès en France. Avec plus de trente ans de recul, la greffe de
coeur apparaît comme une solution bien maîtrisée. Mais face au faible nombre
d'organes transplantables, la recherche pourrait bientôt proposer une
alternative thérapeutique accessible à tous.
La recherche nous fait battre le coeur
En octobre 2000, le Pr. Menasché 1, de
l'Hôpital Bichat à Paris, révolutionnait la chirurgie cardiaque en greffant sur
le coeur endommagé d'un patient des cellules musculaires prélevées sur sa
cuisse. Plus fondamentalement, depuis 1999, le Dr. MacLellan 2 de
l'Université de Los Angeles travaille à l'identification d'une protéine capable
d'entraîner la multiplication des cellules du coeur. Parmi les voies de
recherche, la plus récente concerne la greffe de cellules souches de la moelle
osseuse. L'équipe du Pr. Orlic 3 de l'Université de
Bethesda (Etats-Unis) a parié sur leur extraordinaire capacité à se transformer
en plusieurs types de cellules.
SOS Cellules souches
Les cellules souches sanguines sont présentes dans la moelle osseuse où elles
ont pour mission de renouveler en permanence toutes les cellules du sang.
Véritables mécaniciens ambulants, elles peuvent également réparer des petites
lésions du corps humain à la façon de "pièces de rechange", en acquérant les
caractéristiques des tissus endommagés.
Cependant, leur action n'est pas suffisante lorsque les dégâts sont
importants. Véritables caméléons, ces cellules ne peuvent être identifiées dès
qu'elles ont quitté leur port d'attache : la moelle osseuse. Nos chercheurs ont
supposé que leur action pouvait être améliorée en augmentant leur nombre dans la
zone de l'accident.
En suivant leur intuition, ils ont prélevé de la moelle osseuse de souris
mâles, pour la greffer à des souris femelles ayant subi un infarctus 3 à 5
heures plus tôt. Après 9 jours, non seulement ces cellules greffées aux confins
de la zone nécrosée s'étaient déplacées jusqu'à la zone endommagée, mais elles
avaient restauré 68 % de sa fonctionnalité. Comme le souligne le
Pr. Orlic : "Les nouvelles cellules du coeur et celles constituant les vaisseaux
portaient toutes le chromosome sexuel masculin Y. Preuve qu'elles ont donc
toutes été formées à partir des cellules du donneur". Pour le Pr. Orlic, "malgré
le manque de compréhension des mécanismes mis en jeu dans la migration et dans
la réparation, ces résultats in-vivo témoigne d'indéniables perspectives
thérapeutiques".
Derrière le rêve, la réalité
Peut-on imaginer dans un futur proche la régénération de n'importe quel
organe grâce à ces cellules souches ? Selon le Pr. Menasché "même si cette
approche est très intéressante sur le plan de la connaissance des mécanismes
biologiques, son applicabilité reste cliniquement plus difficile". Enfin, de
nombreuses interrogations persistent sur le mécanisme mis en oeuvre. Le
Pr. Orlic, lui-même, déclare que "beaucoup de facteurs environnementaux
pourraient être responsables de la migration et de la différenciation des
cellules transplantées". Le Pr. Menasché souligne également que cette
transplantation n'intervient qu'au stade aigu de l'infarctus (dans les 5 heures
suivantes). De plus, il est techniquement difficile d'obtenir la quantité de
cellules de la moelle osseuse nécessaire et suffisante à la transplantation.
Enfin, des études seront nécessaires pour évaluer la possible toxicité de la
greffe à plus long terme. Les chercheurs américains ont tué leurs souris 9 jours
après la greffe pour procéder à des analyses histologiques. Un si court délai ne
permet pas de contrôler que les cellules greffées ne soient pas l'objet d'une
prolifération anarchique.
Ces cellules sont-elles capables à long terme de conserver leurs nouvelles
fonctions ? Comment interagissent-elles avec les autres cellules ?
Persisteront-elles là où elles sont indispensables ? Autant de questions
cruciales qui restent aujourd'hui sans réponse. S'il est évident que ces
résultats ouvrent la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques, il est
encore trop tôt pour tenter d'extrapoler vers l'humain. La transposition de la
greffe de cellules musculaires de l'équipe du Pr. Menasché de l'animal à l'homme
a nécessité sept ans et le protocole d'étude nécessitera encore quelques années
avant de voir la technique se généraliser.
Un coeur réparé par des cellules souches de la moelle
C'est une première mondiale que viennent de réaliser les chercheurs de l'Université de Düsseldorf. Ils ont prélevé chez un homme victime d'infarctus des cellules de moelle osseuse qu'ils ont ensuite transplantées dans la partie du muscle cardiaque détériorée sans ouvrir le thorax. Ces cellules dites souches ont la particularité de pouvoir se transformer en n'importe quelle cellule de l'organisme. Elles sont présentes dans différentes parties du corps et en grand nombre chez l'embryon.
Résultat : dix semaines après l'intervention, la condition cardiaque a été nettement améliorée. Un progrès que les scientifiques mettent sur le compte de la transformation des cellules souches en cellules cardiaques. Cette hypothèse ne pourra être confirmée que par un examen des tissus reconstitués prélevés lors d'une opération plus périlleuse que la transplantation. Six autres patients auraient bénéficié du même traitement.
L'an dernier, l'équipe française du Pr. Menasché de l'hôpital Bichat (Paris) avait transplanté dans la partie nécrosée du coeur d'un patient de 72 ans des cellules musculaires prélevées sur sa cuisse. Dans ces deux expériences, les tissus greffés sont prélevés chez le malade. Cette autogreffe permet d'éviter tout risque de rejet et ne peut être l'objet de réticences éthiques, contrairement aux cellules prélevées sur des embryons.
C'est une première mondiale que viennent de réaliser les chercheurs de l'Université de Düsseldorf. Ils ont prélevé chez un homme victime d'infarctus des cellules de moelle osseuse qu'ils ont ensuite transplantées dans la partie du muscle cardiaque détériorée sans ouvrir le thorax. Ces cellules dites souches ont la particularité de pouvoir se transformer en n'importe quelle cellule de l'organisme. Elles sont présentes dans différentes parties du corps et en grand nombre chez l'embryon.
Résultat : dix semaines après l'intervention, la condition cardiaque a été nettement améliorée. Un progrès que les scientifiques mettent sur le compte de la transformation des cellules souches en cellules cardiaques. Cette hypothèse ne pourra être confirmée que par un examen des tissus reconstitués prélevés lors d'une opération plus périlleuse que la transplantation. Six autres patients auraient bénéficié du même traitement.
L'an dernier, l'équipe française du Pr. Menasché de l'hôpital Bichat (Paris) avait transplanté dans la partie nécrosée du coeur d'un patient de 72 ans des cellules musculaires prélevées sur sa cuisse. Dans ces deux expériences, les tissus greffés sont prélevés chez le malade. Cette autogreffe permet d'éviter tout risque de rejet et ne peut être l'objet de réticences éthiques, contrairement aux cellules prélevées sur des embryons.
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