Qu’est-ce que c’est ?
La vie est ponctuée de toutes sortes d’émotions qui la rendent parfois plus
facile ou difficile, et qui influencent l’humeur.
L’humeur est un état d’esprit où prédomine une émotion (humeur anxieuse,
mauvaise ou bonne humeur, humeur euphorique). Une émotion est un sentiment
général qui colore de façon soutenue les comportements et la lecture du monde
qui entoure l’individu (colère, tristesse, joie, euphorie, etc.). C’est une
expérience vécue à l’intérieur de l’individu. D’autres parts, l’affect est
l’expression extérieure de l’émotion vécue. Les êtres humains ont accès à une
vaste gamme d’émotions et d’affects pour les exprimer. Ces émotions ne sont ni
bonnes ni mauvaises, mais sont agréables ou souffrantes selon le cas. L’individu
se sent normalement en contrôle de ses émotions et de ses affects, en
particulier parce que l’intensité de son expérience émotive ne le dépasse
pas.
Par contre, pour certains, les moments heureux ou difficiles prennent une
ampleur démesurée à tel point qu’ils perdent le contrôle de leur vécu émotif,
tant des émotions que des affects. Il peut alors s’agir d’une maladie nommée
maladie affective bipolaire, communément appelée maniaco-dépression, qui fait
osciller l’individu entre des périodes de profonde tristesse et d’extrême
euphorie.
La maladie affective bipolaire touche autour de 1 % de la population. La
maladie affective bipolaire ne discrimine pas : elle peut affecter les enfants,
les adolescents ou les adultes jeunes et vieux, peu importe leur race, leur
sexe, leur condition sociale ou leur éducation.
Pour parler de maladie affective bipolaire, il faut avoir fait au moins un
épisode de manie, avec ou sans la présence préalable ou subséquente d’un épisode
de dépression.
Un épisode de manie se reconnaît à la présence pendant au
moins une semaine de plusieurs des éléments suivants :
- Une humeur euphorique ou irritable ;
- des idées de grandeur ou un accroissement important de l’estime de soi ;
- une diminution du besoin de dormir (reposé après seulement trois heures de sommeil) ;
- plus volubile que d’habitude ou une pression du discours (l’individu coupe les autres, ne cesse de parler, etc.) ;
- une accélération de la pensée, parfois au point où la personne se perd dans ses idées ;
- des problèmes d’attention, la personne étant tellement distraite par tout et par rien qu’elle peine à garder l’attention sur un sujet ;
- une augmentation soutenue des activités professionnelles, sociales ou familiales ;
- une agitation psychomotrice ;
- la poursuite ou la recherche d’activités à première vue plaisantes mais à risque de conséquences, par exemple, des dépenses inconsidérées, des indiscrétions sexuelles, des investissements risqués ou hâtifs, etc.
Un épisode de dépression se caractérise par la présence
pendant au moins deux semaines de plusieurs des éléments suivants :
- Une grande tristesse ou une perte majeure d’intérêt dans les activités professionnelles, sociales ou familiales ;
- des problèmes d’appétit avec perte ou gain de poids ;
- des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
- un ralentissement psychomoteur ou une agitation psychomotrice ;
- une grande fatigue ou une perte d’énergie ;
- des sentiments de culpabilité inappropriée ou le sentiment de ne rien valoir ;
- une grande difficulté de concentration ou une quasi-constante indécision ;
- des pensées récurrentes de mort ou des idées suicidaires récurrentes.
Les personnes atteintes d’un trouble de l’humeur, dont la maladie affective
bipolaire, sont plus à risque d’avoir certaines autres conditions
psychiatriques. En particulier, elles sont à risque accru pour les problèmes de
drogue ou d’alcool, le trouble panique, le trouble obessionnel-compulsif et la
phobie sociale.
Qu’est-ce qui en est la cause ?
On sait que les cellules de cerveau sont en communication constante entre
elles. Elles utilisent les neurotransmetteurs à cette fin. Ce sont les
neurotransmetteurs qui régissent les émotions, les mouvements, les pensées, les
fonctions cognitives (mémoire, concentration, jugement, etc.) et les fonctions
de survie (sommeil, appétit, digestion, élimination, contrôle de la douleur,
réflexes, etc.).
Dans la maladie affective bipolaire, l’équilibre des neurotransmetteurs est
perturbé. Cependant, l’origine de cette perturbation est inconnue. La maladie
affective bipolaire n’a pas une cause unique, mais résulte souvent d’un ensemble
de facteurs qui, combinés, entraînent l’apparition des symptômes. Ces facteurs
sont parfois :
- Biologiques :
- L’hérédité ;
- des changements de l’équilibre de certains neurotransmetteurs ou hormones ;
- certaines maladies telles que la maladie de Parkinson ou un accident vasculaire cérébral ;
- psychosociaux : des facteurs de stress dans la vie d’un individu ;
- environnementaux : consommation abusive ou soutenue de
drogues ou d’alcool.
Qu’est-ce que d’autres ont vécu ?
Plusieurs personnes célèbres ont lutté contre la maladie affective bipolaire, et ont contribué de façon remarquable à la société comme artistes, politiciens, scientifiques, athlètes ou financiers. Ces exemples nous rappellent que, malgré cette maladie parfois sévère, le rétablissement est toujours possible :
- Pierre Péladeau, entrepreneur millionnaire, propriétaire du Journal de Montréal et de l’empire Québecor
- Winston Churchill, premier ministre de la Grande-Bretagne, victorieux contre l’Allemagne nazie
- Ludwig van Beethoven, brillant compositeur allemand du 17e siècle
- Jimmy Piersall, joueur des Red Sox de Boston
Ces différentes personnes ont inspiré et inspirent encore leurs concitoyens
par leurs réalisations dans leur domaine respectif. C’est de ces réalisations
qu’on se souvient en pensant à eux et non à leur maladie
Qu’est-ce qu’il faut faire ?
La maladie affective bipolaire est une maladie, elle peut parfois se prévenir
et elle se soigne.
Comment prévenir ou se prendre en main ?
Même s’il n’est pas toujours possible de prévenir la maladie affective
bipolaire, certains comportements contribuent à diminuer les risques de souffrir
d’un épisode de dépression : de saines habitudes de vie (bien manger, faire de
l’exercice, dormir suffisamment, réduire la consommation d’alcool ou de drogues)
et un bon réseau de soutien social (se confier à des amis, se distraire, etc.)
peuvent éloigner la dépression.
Si vous vous reconnaissez dans les symptômes décrits plus haut, vous pouvez
dès aujourd’hui revoir votre hygiène de vie. Ceci ne guérit pas une dépression
ou une manie, mais peut éliminer des facteurs qui accentuent ou entretiennent
votre état. Assurez-vous de vous coucher à une heure raisonnable (le manque de
sommeil peut déclencher une manie), de bien vous alimenter, de faire votre
toilette, de faire de l’exercice quotidien (pour vous soutenir dans un régime
d’activités physiques, consultez le site www.0-5-30.com), et de réduire la consommation
de drogues ou d’alcool (www.dependances.gouv.qc.ca).
Quand consulter ?
Si vous notez depuis plusieurs jours une souffrance incapacitante, une
difficulté à rencontrer vos obligations professionnelles ou familiales, il
serait peut-être utile de voir votre médecin de famille ou un psychologue.
N’attendez pas d’être devenu incapable de faire vos activités habituelles pour
consulter. Un professionnel pourra voir avec vous s’il s’agit bien d’une
dépression, d’une manie ou d’un autre problème et vous proposera un plan de
traitement adapté à vos besoins. Un bilan physique et des tests de laboratoire
sont parfois nécessaires pour éliminer d’autres maladies qui se présentent comme
une maladie affective bipolaire.
Si vous en êtes à penser au suicide ou que vous craignez pour votre
sécurité ou pour celle des gens autour de vous, joignez Info-Santé (téléphone : 8-1-1) ou consultez un
médecin DE TOUTE URGENCE.
Existe-t-il des traitements ?
Il existe des traitements éprouvés de la maladie affective bipolaire, et plus
vous consultez tôt, plus ces traitements ont des chances de vous soulager. Dans
la majorité des cas, un traitement offrant une psychothérapie, des médicaments
ou une combinaison des deux s’avère très efficace. Les experts en maladie
affective bipolaire s’accordent généralement pour recommander la thérapie
cognitive-comportementale ou la thérapie interpersonnelle.
Pour trouver un psychothérapeute dont l’approche vous convient et avec qui
vous vous sentirez à l’aise, informez-vous auprès de votre médecin de famille,
de votre centre de santé et de services sociaux, de l’Ordre des psychologues du
Québec (www.ordrepsy.qc.ca) ou de
l’Association des médecins psychiatres du Québec (www.ampq.org).
Les médicaments, antidépresseurs ou stabilisateurs de l’humeur, agissent en
rétablissant l’équilibre entre les différents neurotransmetteurs du cerveau qui
régissent les émotions, les fonctions cognitives (mémoire, concentration, etc.)
et les fonctions somatiques (sommeil, appétit, énergie, etc.). Si votre médecin
vous en prescrit, il est important de les prendre fidèlement et d’être patient.
En effet, refaire l’équilibre dans votre cerveau peut prendre un certain temps,
parfois même jusqu’à quatre à huit semaines. Ensuite, pour éviter une rechute,
il est très important de continuer le traitement tel que prescrit même si vous
vous sentez mieux. Le traitement d’un premier épisode dépressif ou maniaque peut
durer de plusieurs mois à une année ou deux, selon la sévérité. La survenue de
plusieurs épisodes amènera probablement votre médecin à vous proposer une
médication à vie.
L’objectif d’un antidépresseur ou d’un stabilisateur de l’humeur est la
rémission des symptômes et non seulement la réduction ou un soulagement partiel
des symptômes. Parfois, il arrive qu’un médicament entraîne des effets
indésirables ou des effets secondaires. Si c’est le cas, n’hésitez pas à en
parler avec votre médecin. N’arrêtez pas votre médicament sans en avoir
discuté avec lui. Un autre médicament est peut-être alors indiqué.
Se renseigner ou obtenir de l’aide
Voici quelques liens utiles pour obtenir une aide immédiate ou plus
d’information :
- Le service Info-Santé : 8-1-1
- La ligne de prévention du suicide : 1 866 APPELLE ou 1 866 277-3553
- Association québécoise de soutien aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires
- Association québécoise de prévention du suicide
- Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale
- Association canadienne pour la santé mentale
- Association canadienne pour la santé mentale, chapitre de Montréal
Source SSSQuébec
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