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23 juil. 2011

Le biofeedback, qu’est-ce que c’est?

Le biofeedback (parfois appelé biorétroaction ou rétroaction biologique) est une application de la psychophysiologie, une discipline qui étudie les liens entre l’activité du cerveau et les fonctions physiologiques. En d’autres mots, il s’agit de la science de l’interaction « corps-esprit ».

Les psychophysiologistes s’intéressent d’une part à la façon dont les émotions et les pensées touchent l’organisme. D’autre part, ils étudient comment l’observation et la modulation volontaire des fonctions du corps (le rythme cardiaque, par exemple) peuvent influencer d’autres fonctions (la pression sanguine, par exemple) et divers comportements et attitudes.

L’objectif est simple et concret : redonner au patient le contrôle sur son propre corps, y compris sur certaines fonctions dites involontaires, de façon à prévenir ou à traiter un ensemble de problèmes de santé.
Un exemple de séance
Une personne hypertendue et nerveuse est assise devant un écran d’ordinateur. Quelques capteurs placés sur ses doigts et sa tête la relient à la machine. À mesure qu’elle se détend, elle voit et entend que son rythme cardiaque diminue, que sa pression baisse et que ses ondes cérébrales s’apaisent. Elle découvre progressivement quel type de respiration, quelles pensées, quelles postures et quelles attitudes lui procurent les meilleurs résultats. Et à l’inverse, elle prend conscience de ce qui fait augmenter sa tension et sa nervosité.

De retour chez elle, elle pourra utiliser ces nouvelles compétences pour avoir une meilleure maîtrise d’elle-même et éventuellement réduire son hypertension.
Le biofeedback n’est pas une thérapie à proprement parler. Il s’agit plutôt d’une technique d’intervention spécialisée. Elle se distingue des autres méthodes d’autorégulation par l’utilisation d’appareils (électroniques ou informatiques) comme outils d’apprentissage (ou de rééducation). Ces appareils captent et amplifient l’information transmise par l’organisme (température corporelle, rythme cardiaque, activité musculaire, ondes cérébrales, etc.) et les traduisent en signaux auditifs ou visuels. Par exemple, on nomme neurofeedback la technique de biofeedback qui permet de rendre « visibles » les ondes cérébrales. Et on appelle biofeedback par électromyographie (EMG) celle qui permet de voir sous forme graphique les courants électriques qui accompagnent l'activité musculaire. Témoin de ces signaux, le patient parvient ainsi à décoder les messages de son corps. Avec l’aide du thérapeute, il peut ensuite apprendre à moduler ses propres réactions physiologiques. Un jour ou l’autre, il arrivera à répéter l’expérience par lui-même, en dehors du cabinet.
Le concept de base se résume ainsi : « Prendre conscience, c’est prendre contrôle. »
Le terme biofeedback a été créé en 1969, mais les premières expériences à l’origine de la technique ont débuté 10 ans plus tôt.
Au cours d’expériences utilisant des électroencéphalographes (appareil qui capte les ondes du cerveau), des chercheurs avaient découvert que les participants étaient capables de générer par eux-mêmes des ondes alpha dans leur cerveau, et donc de se plonger à volonté dans un état de profonde relaxation. Le principe allait ensuite être testé, puis appliqué à d’autres champs de la physiologie humaine, et la technologie a suivi. Il existe maintenant plusieurs types d’appareils, chacun conçu pour mesurer l’une ou l’autre des réactions physiologiques associées aux problèmes et maladies.
Aujourd’hui, le biofeedback n’est plus l’apanage des praticiens de médecines alternatives et des psychologues. Plusieurs professionnels de la santé, comme les physiothérapeutes, les conseillers d’orientation et les spécialistes en médecine sportive ont intégré cette technique à leur pratique.

 

La cohérence cardiaque

La cohérence cardiaque est une mesure de la variabilité fine du rythme cardiaque. Même si le coeur bat régulièrement, par exemple à 60 pulsations par minute (1 battement par seconde), les intervalles exacts entre 2 battements varient constamment : parfois un peu plus de 1 seconde, parfois un peu moins. Quand ces variations augmentent et diminuent en suivant un rythme régulier (figure 1), on dit qu’il y a cohérence cardiaque. Cela se produit quand on est calme et détendu. Par contre, en cas de stress, de colère ou de frustration, les variations se produisent de façon chaotique (figure 2).

Institute of HeartMath www.heartmath.org
À partir de ces constatations, des chercheurs ont mis au point des techniques permettant de susciter la cohérence cardiaque. Cela permettrait de réduire le stress et l’anxiété et de renforcer le système immunitaire. Cette approche a entre autres été popularisée par le Dr David Servan-Schreiber. Il en traite dans son livre Guérir (publié en 2003) et sur son site Web guerir.org. Une des techniques consiste simplement à ajuster son rythme respiratoire à 6 cycles par minute (inspirations et expirations de 5 secondes chacune). Si, en plus, on se concentre sur des pensées de bienveillance et de paix intérieure, cela accentue encore plus la cohérence cardiaque. (Vous pouvez télécharger la méditation de PasseportSanté.net « La respiration du coeur », qui permet d’améliorer votre cohérence cardiaque.)
Depuis quelques années, on trouve sur le marché toutes sortes d’appareils de biofeedback qui permettent de visualiser la cohérence cardiaque. À l’aide d’un logiciel et d’un petit capteur posé sur le doigt ou sur l’oreille, on peut voir à l’écran, en temps réel, différents graphiques qui donnent la mesure de notre cohérence cardiaque. À force d’expérimentation, on peut découvrir quels types de respirations, quelles attitudes et quelles pensées nous permettent d’atteindre le maximum de cohérence cardiaque. Il est ensuite possible d’y recourir dans la vie de tous les jours, en cas de besoin.

Applications thérapeutiques du biofeedback

  

Efficace Soulager les maux de tête (migraines et céphalées de tension). La grande majorité des articles et des méta-analyses publiés5-7 concluent à l’efficacité du biofeedback pour soulager ces types d’affections. Que ce soit accompagné de relaxation, combiné à un traitement comportemental ou seul, les résultats de nombreuses recherches8-10 indiquent une efficacité supérieure à un groupe témoin, ou équivalente à la médication. Les résultats à long terme sont tout aussi satisfaisants, certaines études allant parfois jusqu’à démontrer le maintien des améliorations après 5 ans pour 91 % des patients souffrant de migraines.
Les techniques de biofeedback principalement utilisées sont celles qui prennent en compte la tension musculaire (tête, cou, épaules), l’activité électrodermale (réponse des glandes de sudation) ou la température périphérique11.
Efficace Traiter l’incontinence urinaire chez la femme. Selon une synthèse d’études12, les exercices visant à renforcer le plancher pelvien à l’aide du biofeedback contribueraient à réduire les périodes d’incontinence d’effort (perte involontaire d’urine durant un effort, par exemple en faisant de l’exercice ou en toussant) de 61 % à 91 % en moyenne. Quant à l’incontinence d’urgence (perte involontaire d’urine aussitôt qu’on sent le besoin d’évacuer), les exercices visant à augmenter la capacité de stockage de la vessie à l’aide du biofeedback conduisent à des réductions moyennes de l’ordre de 76 % à 86 %. Selon une autre synthèse13, les femmes qui n’ont que très peu ou pas conscience de la manière correcte de contracter leurs muscles pelviens profiteraient beaucoup de cette technique (consulter notre fiche incontinence urinaire). Le biofeedback est une technique régulièrement utilisée par les médecins et les professionnels de la santé comme outil d’évaluation et de traitement de l’incontinence14.
Efficace Traiter les symptômes reliés à la constipation chez l’enfant. Une revue de la littérature scientifique publiée en 200415 comprenant 38 études a conclu que le biofeedback pouvait être efficace dans de nombreuses situations de constipation, en particulier chez les enfants. Par exemple, une étude aléatoire effectuée auprès de 43 enfants de 5 ans à 16 ans a démontré la supériorité des soins médicaux classiques combinés au biofeedback. Après 7 mois, la résolution des symptômes touchait 55 % des enfants du groupe expérimental, comparativement à 5 % pour le groupe témoin; et après 12 mois, 50 % et 16 % respectivement. Concernant la normalisation des mouvements de défécation, le taux atteignait 77 % contre 13 % respectivement.
Efficace Traiter la constipation chronique chez l’adulte. En 2009, une méta-analyse incluant 8 études cliniques aléatoires concluait que le biofeedback dans le traitement de la constipation était supérieur à l’utilisation d’autres traitements, comme la prise d’un laxatif, d’un placebo ou une injection de botox16.
Le biofeedback est particulièrement efficace en cas de dyssynergie (manque de coordination entre les intestins et le sphincter anal) au moment de la défécation. Ce problème touche environ 40 % des personnes souffrant de constipation chronique17. Le biofeedback est utilisé afin d’augmenter la perception sensorielle et exercer les muscles du plancher pelvien à se relaxer, amenant ainsi une meilleure coordination18-22. En 2007, une étude clinique aléatoire, réalisée auprès de 117 patients, a comparé l’efficacité du biofeedback à la prise d’un médicament reconnu ou d’un placebo23. Les auteurs ont conclu qu’après 3 mois, le biofeedback a démontré une nette supériorité comparativement au groupe médicament et au groupe placebo. En 2010, les résultats d’une étude clinique ayant duré 1 an ont montré que le biofeedback à long terme était supérieur au traitement standard utilisé chez des patients atteints de dyssynergie24.
Bien que le biofeedback soit relativement efficace pour traiter d’autres types de constipation25,26, les résultats varient et l’efficacité reliée à chacun des types diffère.
Efficacité probable Réduire les symptômes du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Deux méta-analyses27,28 et une revue systématique29 révèlent des améliorations significatives pour les symptômes primaires du TDAH (inattention, hyperactivité et impulsivité) et aux tests standardisés d’intelligence. Les comparaisons faites avec une médication efficace de type Ritalin (méthylphénidate ou dextroamphétamine) soulignent l’équivalence et parfois même la supériorité du biofeedback EEG sur ce traitement classique. Par ailleurs, les auteurs de la revue systématique29 suggèrent qu’une association du biofeedback à d’autres thérapies complémentaires pourrait améliorer l’efficacité du traitement.
Il est important de mentionner que la collaboration de l’entourage (professeurs, parents, etc.) au plan de traitement augmente les chances de succès de ce traitement et le maintien des améliorations chez l’enfant27,30.
Efficacité probable Traiter l’incontinence fécale. Il semble que le biofeedback soit sécuritaire, relativement abordable et efficace pour traiter ce genre de problème31. Une revue générale de la littérature scientifique parue en 200325 révèle que c’est une technique de choix employée depuis plus de 20 ans dans le milieu médical. Sur le plan des paramètres physiques, les bénéfices les plus souvent rapportés sont une sensation rectale de remplissage ainsi qu’une amélioration de la force et de la coordination des sphincters. La plupart des articles publiés, majoritairement des études de cas, concluent à une continence complète ou à une diminution de 75 % à 90 % de la fréquence des périodes d’incontinence. Par contre, les quelques revues systématiques publiées jusqu’à maintenant ne permettent pas de conclure à une « efficacité certaine » du biofeedback pour ce type de problème15,32-34 à cause de la diversité des techniques utilisées et du peu d’études de suivi à long terme.
Efficacité probable Réduire l’insomnie. Une revue des traitements non pharmacologiques de l’insomnie fait état de 9 études qui révèlent l’efficacité du biofeedback pour contrer l’insomnie35. Toutefois, 2 de ces études signalent son équivalence avec un placebo. De plus, les améliorations sont comparables à celles obtenues à l’aide de procédures standard de relaxation. C’est peut-être pour cette raison que, depuis une quinzaine d’années, le nombre d’essais cliniques réalisés à ce sujet va en diminuant. En effet, le biofeedback exige plus de temps que la relaxation sans présenter d’avantages appréciables35.
Efficacité possible Diminuer les symptômes reliés à la fibromyalgie. Une revue de la littérature scientifique sur l’usage de la médecine alternative et complémentaire pour traiter la fibromyalgie mentionne que le biofeedback peut amener des résultats positifs36. En 2007, une étude clinique aléatoire auprès de 30 patients a évalué l’efficacité du biofeedback à l’aide de l’électromyographie dans la réduction de la douleur37. Après 6 jours de traitement quotidien, d’une durée de 45 minutes, une réduction significative de l’intensité de la douleur et du nombre de points sensibles associés à la fibromyalgie a été observée chez les patients du groupe traitement comparé au groupe placebo.
Efficacité possible Traiter l’incontinence urinaire (hommes). L’incontinence urinaire chez l’homme résulte souvent d’une prostatectomie (ablation partielle ou totale de la prostate). Dans une synthèse publiée en 200438, le biofeedback est considéré comme un traitement pouvant apporter certains bénéfices aux hommes vivant ce problème. Ainsi, l’entraînement des muscles du plancher pelvien accompagné du biofeedback serait propice à une meilleure continence lorsqu’il suit de près le retrait du cathéter en période postopératoire.
Efficacité possible Diminuer l’énurésie (pipi au lit) chez l’enfant. Le biofeedback pourrait aider les enfants atteints d’énurésie après l’âge de 5 ans39,40. En 2004 et 2005, 4 revues de la littérature scientifique ont été publiées à ce sujet41-44. Diverses techniques de biofeedback ont été étudiées, comme des systèmes de récompense, des exercices d’interruption d’uriner, un entraînement de retenue contrôlée d’urine ou des éveils planifiés. Le taux de réussite semble plus élevé lorsque les interventions de biofeedback sont combinées à des alarmes qui se déclenchent en présence d’urine44. Ces alarmes réveillent l’enfant pendant ou après la miction. Les auteurs des revues concluent toutefois que d’autres études, de meilleure qualité méthodologique, seront nécessaires avant de pouvoir conclure à l’efficacité du biofeedback, seul ou en thérapie combinée.
Efficacité possible Traiter ladysfonction urinaire chez l’enfant. Une revue systématique de la littérature scientifique comprenant 27 études a été publiée en 2011. Les auteurs concluent que, malgré la qualité méthodologique déficiente de la plupart des études, le biofeedback pouvait être un traitement efficace45. Les principaux résultats positifs observés sont une diminution des infections urinaires, de l’incontinence dans la journée, de la constipation et de l’énurésie.
Efficacité possible Aider au contrôle des crises d’asthme. Une revue des essais cliniques réalisés sur l’utilisation du biofeedback comme traitement complémentaire à l’asthme révèle que les résultats sont mitigés46. Bien qu’il semble possible d’apprendre à exercer un certain autocontrôle sur les crises d’asthme à l’aide du biofeedback, les techniques utilisées d’une étude à l’autre diffèrent trop pour tirer des conclusions fermes. Toutefois, un essai clinique aléatoire47 révèle que le biofeedback a contribué de façon significative à une diminution du degré de gravité de l’asthme et de la consommation de corticostéroïdes. Il serait donc un traitement prometteur comme complément à la médication classique.
Efficacité possible Soulager la douleur. En tant qu’approche corps-esprit, le biofeedback peut trouver de nombreuses applications pour la prise en charge de la douleur (ostéoarthrite, douleurs causées par le cancer, douleurs chroniques, etc.). Toutefois, selon une revue de la littérature scientifique publiée en 2004, les données probantes relatives à cette technique dans le contrôle de la douleur concernent surtout le traitement des migraines et des céphalées de tension48.
Efficacité possible Réduire les crises d’épilepsie. Une méta-analyse de 10 études montre des résultats intéressants sur la réduction du nombre de crises d’épilepsie chez des patients non soulagés par la médication classique49. Toutes les études ont observé une diminution de l’incidence des crises et 74 % des patients (64 sur 87 patients au total) ont rapporté moins de crises hebdomadaires.
Efficacité incertaine Soulager la douleur durant l’accouchement. Selon une revue systématique de la médecine alternative et complémentaire concernant la gestion de la douleur au moment de l’accouchement50, le biofeedback pourrait être utilisé efficacement pour diminuer la douleur. Toutefois, une seule étude aléatoire appuie cette position51. Les résultats présentés mentionnent que 70 % des femmes du groupe témoin ont eu recours à l’anesthésie épidurale contre 40 % des femmes du groupe biofeedback. De plus, la durée de l’accouchement était inférieure de 2 heures, en moyenne, pour le groupe biofeedback.
Efficacité incertaine Traiter la dysfonction érectile. Le renforcement des muscles du plancher pelvien à l’aide du biofeedback et de stimulations électriques pourrait aider certains sujets à retrouver une érection normale. Les résultats d‘un essai paru en 200352 révèlent que 47 % des hommes ont retrouvé une fonction érectile normale et que 24 % ont vu leur état s’améliorer à la suite de ce type de traitement (voir notre fiche Dysfonction sexuelle masculine).
Efficacité incertaine Diminuer la douleur et l’inconfort dus au travail prolongé à l’ordinateur. Une étude clinique aléatoire a évalué l’efficacité du biofeedback sur les douleurs et l’inconfort au trapèze (grand muscle entre les épaules)53. Après 5 semaines de thérapie, à raison d’une séance de biofeedback par semaine, un effet positif a été observé. Ces résultats suggèrent que le biofeedback pourrait réduire le risque de douleur au cou et aux épaules pour les travailleurs à l’ordinateur.
Efficacité incertaine Traiter l’arythmie cardiaque. Peu d’études cliniques ont été réalisées jusqu’à maintenant, mais quelques études de cas suggèrent que le biofeedback peut être une alternative ou un complément au traitement médicamenteux. Les patients présentant de l’arythmie cardiaque réussiraient à contrôler leur fréquence cardiaque et à en réduire les irrégularités54.
Efficacité incertaine Soulager la douleur des patients en phase avancée de cancer. En 2007, des chercheurs ont montré que le biofeedback à l’aide de l’électromyographie, en association à de la relaxation basée sur la respiration, pouvait être efficace55. Une réduction significative de l’intensité de la douleur, mesurée au début et à la fin du traitement (4 semaines), a été observée dans le groupe traitement comparativement au groupe témoin recevant les soins usuels.
Efficacité incertaine Aider à la récupération de la capacité motrice après un accident vasculaire cérébral (AVC). En 2007, une revue comprenant 13 essais a constaté qu’un petit nombre d’études suggéraient que le biofeedback à l’aide de l’électromyographie associé à la physiothérapie améliorait la récupération fonctionnelle et la qualité de la démarche des patients plus que la physiothérapie seule. Toutefois, l’analyse de l’ensemble des études disponibles laisse penser que, globalement, le biofeedback est relativement peu bénéfique après un AVC56.
Efficacité incertaine Soulager les acouphènes. Peu de recherches ont été réalisées en ce domaine. Toutefois, dans une étude clinique57, l’intensité des acouphènes chroniques de 21 patients est passée de 25 dB à 16 dB après quelques semaines d’entraînement. De plus, la diminution avait été conservée après 6 mois. Le neurofeedback semble prometteur, mais devra être étudié davantage.
Efficacité incertaine Réduire la pression sanguine des personnes souffrant d’hypertension. En 2010, une revue systématique de 36 études contrôlées aléatoires (1 660 personnes) a fait état des résultats obtenus à la suite du traitement de l’hypertension par le biofeedback58. Globalement, les résultats sont très variables et contradictoires. Ainsi, les auteurs concluent qu’il n’y a aucune preuve que le biofeedback, seul ou en combinaison à d’autres thérapies, soit plus efficace que la pharmacologie, qu’un traitement placebo ou que d’autres thérapies de comportement.
Autres applications. Depuis quelques années, des publications scientifiques ont montré que le biofeedback pourrait aider les individus atteints de la maladie de Raynaud59, de bouffées de chaleur pendant la ménopause60,61 et des nausées et vomissements associés à la chimiothérapie62. Cependant, ces études ont été réalisées auprès de peu de sujets et présentent diverses faiblesses méthodologiques. Il est donc impossible de tirer des conclusions fermes quant à l’efficacité du biofeedback pour ces problèmes de santé.

Biofeedback
Section Applications thérapeutiques
Recherche et rédaction
: Patrick Barré, B. Ps., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval

Révision scientifique
: Dre Isabelle Marc et Claudine Blanchet, Ph. D., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval
(juin 2011)

Le biofeedback en pratique

Le biofeedback est une technique qui s’inscrit généralement à l’intérieur d’un traitement plus global, comme une thérapie comportementale ou de la rééducation physiothérapeutique. On l’utilise souvent en combinaison avec d’autres techniques comme la relaxation et les exercices adaptés. Le déroulement des traitements et le type d’appareils varient grandement selon le problème de santé.
Le biofeedback s’adresse à des patients motivés et persévérants. En effet, une fois le diagnostic établi, il n’est pas rare qu’on doive compter de 10 à 40 séances de 1 heure pour s’assurer d’obtenir des résultats satisfaisants, et surtout durables.
Quel que soit le type de traitement, une séance de biofeedback présente quelques constantes : elle se déroule dans un endroit calme et reposant; parfois, on fait jouer de la musique douce; le patient est assis confortablement, ou couché, et se concentre sur les signaux auditifs ou visuels transmis par le moniteur à partir de capteurs placés à certains endroits stratégiques de son corps (encore une fois, selon la région du corps à traiter et le type d’appareil).
Le praticien agit comme un guide ou, si l’on préfère, un conseiller. Il aide le patient à prendre conscience de ses réponses physiologiques (tension nerveuse, température corporelle, rythme cardiaque, respiration, résistance musculaire, etc.) en fonction des données que lui communique la machine. Il prodigue information et encouragements et aide le patient à appliquer au quotidien ses nouvelles habiletés.
Dans sa vie normale, le patient devrait donc être capable d’agir sur son propre organisme, c’est-à-dire de modifier ses réactions ou ses comportements sans le concours des appareils. À la sortie d’une séance de biofeedback, on se sent normalement plus en contrôle de son corps.
Au Québec, les praticiens en biofeedback sont peu nombreux, mais quelques cliniques offrent le service.

Formation en biofeedback

Aux États-Unis, le Biofeedback Certification Institute of America (BCIA), fondé en 1981, encadre la pratique du biofeedback. L’organisme a établi un ensemble de normes auxquelles devraient se conformer les professionnels accrédités, et offre plusieurs formations en biofeedback un peu partout à travers les États-Unis.
Seuls les professionnels de la santé, de la psychologie et de certaines sciences sociales (orientation, par exemple) détenant un diplôme universitaire ou un équivalent peuvent accéder à cette spécialisation.
Au Québec, aucune école n’offre les formations accréditées par le BCIA. En Europe francophone, la technique est également marginale, même s’il existe en France un regroupement national appelé Association pour l'Enseignement du Biofeedback Thérapeutique (voir Sites d’intérêt).

Livres, etc.

Il existe peu de livres en français sur le sujet. Voici tout de même un titre intéressant. Pour des livres en anglais, consultez la bibliographie du site de l’AAPB.
Ligonde Paultre. Se contrôler par le biofeedback, Éditions de l'Homme, Canada, 1983.

Sites d’intérêt

Guerir.org
Le site du Dr David Servan-Schreiber présente une technique particulière de biofeedback basée sur la cohérence cardiaque. (Tapez cohérence cardiaque dans le moteur de recherche.)
www.guerir.org
Association for Applied Psychophysiology & Biofeedback (AAPB)
L’AAPB est une organisation à but non lucratif dont la mission est de faire connaître et de promouvoir les différentes applications de la psychophysiologie, dont le biofeedback. Nombreuses ressources : documentation et livres de références, liens vers d’autres sites d’intérêt, etc.
www.aapb.org
Biofeedback Certification Institute of America (BCIA)
La référence en matière de certification et de formation. Description des différents programmes et conditions d’admissibilité.
www.bcia.org
Biofeedback Foundation of Europe
Pour en savoir plus sur les types de formations (accréditées par la BCIA) offertes aux professionnels.
www.bfe.org
EEG Spectrum International
Site spécialisé sur le neurofeedback, une des formes de biofeedback.
www.eegspectrum.com
Institute of HeartMath
Beaucoup d’information sur la cohérence cardiaque.
www.heartmath.org

Références

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.
Bibliographie
Guerir.org, France. www.guerir.org
Ligonde Paultre, psychothérapeute (diplômé en orientation et en criminologie), certifié BCIA. Institut de biofeedback de Laval. Entrevue le 4 février 2004.
Ernst Edzard. The Desktop Guide to Complementary and Alternative Medicine, Mosby, Grande-Bretagne, 2001.
Novey Donald W. (Dir). Clinician's Complete Reference to Complementary & Alternative Medicine, Mosby, États-Unis, 2000.
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Pub Med - National Library of Medicine
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www.heartmath.org
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Vani a dit…

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Le biofeedback, qu’est-ce que c’est?

Le biofeedback (parfois appelé biorétroaction ou rétroaction biologique) est une application de la psychophysiologie, une discipline qui étudie les liens entre l’activité du cerveau et les fonctions physiologiques. En d’autres mots, il s’agit de la science de l’interaction « corps-esprit ».

Les psychophysiologistes s’intéressent d’une part à la façon dont les émotions et les pensées touchent l’organisme. D’autre part, ils étudient comment l’observation et la modulation volontaire des fonctions du corps (le rythme cardiaque, par exemple) peuvent influencer d’autres fonctions (la pression sanguine, par exemple) et divers comportements et attitudes.

L’objectif est simple et concret : redonner au patient le contrôle sur son propre corps, y compris sur certaines fonctions dites involontaires, de façon à prévenir ou à traiter un ensemble de problèmes de santé.
Un exemple de séance
Une personne hypertendue et nerveuse est assise devant un écran d’ordinateur. Quelques capteurs placés sur ses doigts et sa tête la relient à la machine. À mesure qu’elle se détend, elle voit et entend que son rythme cardiaque diminue, que sa pression baisse et que ses ondes cérébrales s’apaisent. Elle découvre progressivement quel type de respiration, quelles pensées, quelles postures et quelles attitudes lui procurent les meilleurs résultats. Et à l’inverse, elle prend conscience de ce qui fait augmenter sa tension et sa nervosité.

De retour chez elle, elle pourra utiliser ces nouvelles compétences pour avoir une meilleure maîtrise d’elle-même et éventuellement réduire son hypertension.
Le biofeedback n’est pas une thérapie à proprement parler. Il s’agit plutôt d’une technique d’intervention spécialisée. Elle se distingue des autres méthodes d’autorégulation par l’utilisation d’appareils (électroniques ou informatiques) comme outils d’apprentissage (ou de rééducation). Ces appareils captent et amplifient l’information transmise par l’organisme (température corporelle, rythme cardiaque, activité musculaire, ondes cérébrales, etc.) et les traduisent en signaux auditifs ou visuels. Par exemple, on nomme neurofeedback la technique de biofeedback qui permet de rendre « visibles » les ondes cérébrales. Et on appelle biofeedback par électromyographie (EMG) celle qui permet de voir sous forme graphique les courants électriques qui accompagnent l'activité musculaire. Témoin de ces signaux, le patient parvient ainsi à décoder les messages de son corps. Avec l’aide du thérapeute, il peut ensuite apprendre à moduler ses propres réactions physiologiques. Un jour ou l’autre, il arrivera à répéter l’expérience par lui-même, en dehors du cabinet.
Le concept de base se résume ainsi : « Prendre conscience, c’est prendre contrôle. »
Le terme biofeedback a été créé en 1969, mais les premières expériences à l’origine de la technique ont débuté 10 ans plus tôt.
Au cours d’expériences utilisant des électroencéphalographes (appareil qui capte les ondes du cerveau), des chercheurs avaient découvert que les participants étaient capables de générer par eux-mêmes des ondes alpha dans leur cerveau, et donc de se plonger à volonté dans un état de profonde relaxation. Le principe allait ensuite être testé, puis appliqué à d’autres champs de la physiologie humaine, et la technologie a suivi. Il existe maintenant plusieurs types d’appareils, chacun conçu pour mesurer l’une ou l’autre des réactions physiologiques associées aux problèmes et maladies.
Aujourd’hui, le biofeedback n’est plus l’apanage des praticiens de médecines alternatives et des psychologues. Plusieurs professionnels de la santé, comme les physiothérapeutes, les conseillers d’orientation et les spécialistes en médecine sportive ont intégré cette technique à leur pratique.

 

La cohérence cardiaque

La cohérence cardiaque est une mesure de la variabilité fine du rythme cardiaque. Même si le coeur bat régulièrement, par exemple à 60 pulsations par minute (1 battement par seconde), les intervalles exacts entre 2 battements varient constamment : parfois un peu plus de 1 seconde, parfois un peu moins. Quand ces variations augmentent et diminuent en suivant un rythme régulier (figure 1), on dit qu’il y a cohérence cardiaque. Cela se produit quand on est calme et détendu. Par contre, en cas de stress, de colère ou de frustration, les variations se produisent de façon chaotique (figure 2).

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À partir de ces constatations, des chercheurs ont mis au point des techniques permettant de susciter la cohérence cardiaque. Cela permettrait de réduire le stress et l’anxiété et de renforcer le système immunitaire. Cette approche a entre autres été popularisée par le Dr David Servan-Schreiber. Il en traite dans son livre Guérir (publié en 2003) et sur son site Web guerir.org. Une des techniques consiste simplement à ajuster son rythme respiratoire à 6 cycles par minute (inspirations et expirations de 5 secondes chacune). Si, en plus, on se concentre sur des pensées de bienveillance et de paix intérieure, cela accentue encore plus la cohérence cardiaque. (Vous pouvez télécharger la méditation de PasseportSanté.net « La respiration du coeur », qui permet d’améliorer votre cohérence cardiaque.)
Depuis quelques années, on trouve sur le marché toutes sortes d’appareils de biofeedback qui permettent de visualiser la cohérence cardiaque. À l’aide d’un logiciel et d’un petit capteur posé sur le doigt ou sur l’oreille, on peut voir à l’écran, en temps réel, différents graphiques qui donnent la mesure de notre cohérence cardiaque. À force d’expérimentation, on peut découvrir quels types de respirations, quelles attitudes et quelles pensées nous permettent d’atteindre le maximum de cohérence cardiaque. Il est ensuite possible d’y recourir dans la vie de tous les jours, en cas de besoin.

Applications thérapeutiques du biofeedback

  

Efficace Soulager les maux de tête (migraines et céphalées de tension). La grande majorité des articles et des méta-analyses publiés5-7 concluent à l’efficacité du biofeedback pour soulager ces types d’affections. Que ce soit accompagné de relaxation, combiné à un traitement comportemental ou seul, les résultats de nombreuses recherches8-10 indiquent une efficacité supérieure à un groupe témoin, ou équivalente à la médication. Les résultats à long terme sont tout aussi satisfaisants, certaines études allant parfois jusqu’à démontrer le maintien des améliorations après 5 ans pour 91 % des patients souffrant de migraines.
Les techniques de biofeedback principalement utilisées sont celles qui prennent en compte la tension musculaire (tête, cou, épaules), l’activité électrodermale (réponse des glandes de sudation) ou la température périphérique11.
Efficace Traiter l’incontinence urinaire chez la femme. Selon une synthèse d’études12, les exercices visant à renforcer le plancher pelvien à l’aide du biofeedback contribueraient à réduire les périodes d’incontinence d’effort (perte involontaire d’urine durant un effort, par exemple en faisant de l’exercice ou en toussant) de 61 % à 91 % en moyenne. Quant à l’incontinence d’urgence (perte involontaire d’urine aussitôt qu’on sent le besoin d’évacuer), les exercices visant à augmenter la capacité de stockage de la vessie à l’aide du biofeedback conduisent à des réductions moyennes de l’ordre de 76 % à 86 %. Selon une autre synthèse13, les femmes qui n’ont que très peu ou pas conscience de la manière correcte de contracter leurs muscles pelviens profiteraient beaucoup de cette technique (consulter notre fiche incontinence urinaire). Le biofeedback est une technique régulièrement utilisée par les médecins et les professionnels de la santé comme outil d’évaluation et de traitement de l’incontinence14.
Efficace Traiter les symptômes reliés à la constipation chez l’enfant. Une revue de la littérature scientifique publiée en 200415 comprenant 38 études a conclu que le biofeedback pouvait être efficace dans de nombreuses situations de constipation, en particulier chez les enfants. Par exemple, une étude aléatoire effectuée auprès de 43 enfants de 5 ans à 16 ans a démontré la supériorité des soins médicaux classiques combinés au biofeedback. Après 7 mois, la résolution des symptômes touchait 55 % des enfants du groupe expérimental, comparativement à 5 % pour le groupe témoin; et après 12 mois, 50 % et 16 % respectivement. Concernant la normalisation des mouvements de défécation, le taux atteignait 77 % contre 13 % respectivement.
Efficace Traiter la constipation chronique chez l’adulte. En 2009, une méta-analyse incluant 8 études cliniques aléatoires concluait que le biofeedback dans le traitement de la constipation était supérieur à l’utilisation d’autres traitements, comme la prise d’un laxatif, d’un placebo ou une injection de botox16.
Le biofeedback est particulièrement efficace en cas de dyssynergie (manque de coordination entre les intestins et le sphincter anal) au moment de la défécation. Ce problème touche environ 40 % des personnes souffrant de constipation chronique17. Le biofeedback est utilisé afin d’augmenter la perception sensorielle et exercer les muscles du plancher pelvien à se relaxer, amenant ainsi une meilleure coordination18-22. En 2007, une étude clinique aléatoire, réalisée auprès de 117 patients, a comparé l’efficacité du biofeedback à la prise d’un médicament reconnu ou d’un placebo23. Les auteurs ont conclu qu’après 3 mois, le biofeedback a démontré une nette supériorité comparativement au groupe médicament et au groupe placebo. En 2010, les résultats d’une étude clinique ayant duré 1 an ont montré que le biofeedback à long terme était supérieur au traitement standard utilisé chez des patients atteints de dyssynergie24.
Bien que le biofeedback soit relativement efficace pour traiter d’autres types de constipation25,26, les résultats varient et l’efficacité reliée à chacun des types diffère.
Efficacité probable Réduire les symptômes du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Deux méta-analyses27,28 et une revue systématique29 révèlent des améliorations significatives pour les symptômes primaires du TDAH (inattention, hyperactivité et impulsivité) et aux tests standardisés d’intelligence. Les comparaisons faites avec une médication efficace de type Ritalin (méthylphénidate ou dextroamphétamine) soulignent l’équivalence et parfois même la supériorité du biofeedback EEG sur ce traitement classique. Par ailleurs, les auteurs de la revue systématique29 suggèrent qu’une association du biofeedback à d’autres thérapies complémentaires pourrait améliorer l’efficacité du traitement.
Il est important de mentionner que la collaboration de l’entourage (professeurs, parents, etc.) au plan de traitement augmente les chances de succès de ce traitement et le maintien des améliorations chez l’enfant27,30.
Efficacité probable Traiter l’incontinence fécale. Il semble que le biofeedback soit sécuritaire, relativement abordable et efficace pour traiter ce genre de problème31. Une revue générale de la littérature scientifique parue en 200325 révèle que c’est une technique de choix employée depuis plus de 20 ans dans le milieu médical. Sur le plan des paramètres physiques, les bénéfices les plus souvent rapportés sont une sensation rectale de remplissage ainsi qu’une amélioration de la force et de la coordination des sphincters. La plupart des articles publiés, majoritairement des études de cas, concluent à une continence complète ou à une diminution de 75 % à 90 % de la fréquence des périodes d’incontinence. Par contre, les quelques revues systématiques publiées jusqu’à maintenant ne permettent pas de conclure à une « efficacité certaine » du biofeedback pour ce type de problème15,32-34 à cause de la diversité des techniques utilisées et du peu d’études de suivi à long terme.
Efficacité probable Réduire l’insomnie. Une revue des traitements non pharmacologiques de l’insomnie fait état de 9 études qui révèlent l’efficacité du biofeedback pour contrer l’insomnie35. Toutefois, 2 de ces études signalent son équivalence avec un placebo. De plus, les améliorations sont comparables à celles obtenues à l’aide de procédures standard de relaxation. C’est peut-être pour cette raison que, depuis une quinzaine d’années, le nombre d’essais cliniques réalisés à ce sujet va en diminuant. En effet, le biofeedback exige plus de temps que la relaxation sans présenter d’avantages appréciables35.
Efficacité possible Diminuer les symptômes reliés à la fibromyalgie. Une revue de la littérature scientifique sur l’usage de la médecine alternative et complémentaire pour traiter la fibromyalgie mentionne que le biofeedback peut amener des résultats positifs36. En 2007, une étude clinique aléatoire auprès de 30 patients a évalué l’efficacité du biofeedback à l’aide de l’électromyographie dans la réduction de la douleur37. Après 6 jours de traitement quotidien, d’une durée de 45 minutes, une réduction significative de l’intensité de la douleur et du nombre de points sensibles associés à la fibromyalgie a été observée chez les patients du groupe traitement comparé au groupe placebo.
Efficacité possible Traiter l’incontinence urinaire (hommes). L’incontinence urinaire chez l’homme résulte souvent d’une prostatectomie (ablation partielle ou totale de la prostate). Dans une synthèse publiée en 200438, le biofeedback est considéré comme un traitement pouvant apporter certains bénéfices aux hommes vivant ce problème. Ainsi, l’entraînement des muscles du plancher pelvien accompagné du biofeedback serait propice à une meilleure continence lorsqu’il suit de près le retrait du cathéter en période postopératoire.
Efficacité possible Diminuer l’énurésie (pipi au lit) chez l’enfant. Le biofeedback pourrait aider les enfants atteints d’énurésie après l’âge de 5 ans39,40. En 2004 et 2005, 4 revues de la littérature scientifique ont été publiées à ce sujet41-44. Diverses techniques de biofeedback ont été étudiées, comme des systèmes de récompense, des exercices d’interruption d’uriner, un entraînement de retenue contrôlée d’urine ou des éveils planifiés. Le taux de réussite semble plus élevé lorsque les interventions de biofeedback sont combinées à des alarmes qui se déclenchent en présence d’urine44. Ces alarmes réveillent l’enfant pendant ou après la miction. Les auteurs des revues concluent toutefois que d’autres études, de meilleure qualité méthodologique, seront nécessaires avant de pouvoir conclure à l’efficacité du biofeedback, seul ou en thérapie combinée.
Efficacité possible Traiter ladysfonction urinaire chez l’enfant. Une revue systématique de la littérature scientifique comprenant 27 études a été publiée en 2011. Les auteurs concluent que, malgré la qualité méthodologique déficiente de la plupart des études, le biofeedback pouvait être un traitement efficace45. Les principaux résultats positifs observés sont une diminution des infections urinaires, de l’incontinence dans la journée, de la constipation et de l’énurésie.
Efficacité possible Aider au contrôle des crises d’asthme. Une revue des essais cliniques réalisés sur l’utilisation du biofeedback comme traitement complémentaire à l’asthme révèle que les résultats sont mitigés46. Bien qu’il semble possible d’apprendre à exercer un certain autocontrôle sur les crises d’asthme à l’aide du biofeedback, les techniques utilisées d’une étude à l’autre diffèrent trop pour tirer des conclusions fermes. Toutefois, un essai clinique aléatoire47 révèle que le biofeedback a contribué de façon significative à une diminution du degré de gravité de l’asthme et de la consommation de corticostéroïdes. Il serait donc un traitement prometteur comme complément à la médication classique.
Efficacité possible Soulager la douleur. En tant qu’approche corps-esprit, le biofeedback peut trouver de nombreuses applications pour la prise en charge de la douleur (ostéoarthrite, douleurs causées par le cancer, douleurs chroniques, etc.). Toutefois, selon une revue de la littérature scientifique publiée en 2004, les données probantes relatives à cette technique dans le contrôle de la douleur concernent surtout le traitement des migraines et des céphalées de tension48.
Efficacité possible Réduire les crises d’épilepsie. Une méta-analyse de 10 études montre des résultats intéressants sur la réduction du nombre de crises d’épilepsie chez des patients non soulagés par la médication classique49. Toutes les études ont observé une diminution de l’incidence des crises et 74 % des patients (64 sur 87 patients au total) ont rapporté moins de crises hebdomadaires.
Efficacité incertaine Soulager la douleur durant l’accouchement. Selon une revue systématique de la médecine alternative et complémentaire concernant la gestion de la douleur au moment de l’accouchement50, le biofeedback pourrait être utilisé efficacement pour diminuer la douleur. Toutefois, une seule étude aléatoire appuie cette position51. Les résultats présentés mentionnent que 70 % des femmes du groupe témoin ont eu recours à l’anesthésie épidurale contre 40 % des femmes du groupe biofeedback. De plus, la durée de l’accouchement était inférieure de 2 heures, en moyenne, pour le groupe biofeedback.
Efficacité incertaine Traiter la dysfonction érectile. Le renforcement des muscles du plancher pelvien à l’aide du biofeedback et de stimulations électriques pourrait aider certains sujets à retrouver une érection normale. Les résultats d‘un essai paru en 200352 révèlent que 47 % des hommes ont retrouvé une fonction érectile normale et que 24 % ont vu leur état s’améliorer à la suite de ce type de traitement (voir notre fiche Dysfonction sexuelle masculine).
Efficacité incertaine Diminuer la douleur et l’inconfort dus au travail prolongé à l’ordinateur. Une étude clinique aléatoire a évalué l’efficacité du biofeedback sur les douleurs et l’inconfort au trapèze (grand muscle entre les épaules)53. Après 5 semaines de thérapie, à raison d’une séance de biofeedback par semaine, un effet positif a été observé. Ces résultats suggèrent que le biofeedback pourrait réduire le risque de douleur au cou et aux épaules pour les travailleurs à l’ordinateur.
Efficacité incertaine Traiter l’arythmie cardiaque. Peu d’études cliniques ont été réalisées jusqu’à maintenant, mais quelques études de cas suggèrent que le biofeedback peut être une alternative ou un complément au traitement médicamenteux. Les patients présentant de l’arythmie cardiaque réussiraient à contrôler leur fréquence cardiaque et à en réduire les irrégularités54.
Efficacité incertaine Soulager la douleur des patients en phase avancée de cancer. En 2007, des chercheurs ont montré que le biofeedback à l’aide de l’électromyographie, en association à de la relaxation basée sur la respiration, pouvait être efficace55. Une réduction significative de l’intensité de la douleur, mesurée au début et à la fin du traitement (4 semaines), a été observée dans le groupe traitement comparativement au groupe témoin recevant les soins usuels.
Efficacité incertaine Aider à la récupération de la capacité motrice après un accident vasculaire cérébral (AVC). En 2007, une revue comprenant 13 essais a constaté qu’un petit nombre d’études suggéraient que le biofeedback à l’aide de l’électromyographie associé à la physiothérapie améliorait la récupération fonctionnelle et la qualité de la démarche des patients plus que la physiothérapie seule. Toutefois, l’analyse de l’ensemble des études disponibles laisse penser que, globalement, le biofeedback est relativement peu bénéfique après un AVC56.
Efficacité incertaine Soulager les acouphènes. Peu de recherches ont été réalisées en ce domaine. Toutefois, dans une étude clinique57, l’intensité des acouphènes chroniques de 21 patients est passée de 25 dB à 16 dB après quelques semaines d’entraînement. De plus, la diminution avait été conservée après 6 mois. Le neurofeedback semble prometteur, mais devra être étudié davantage.
Efficacité incertaine Réduire la pression sanguine des personnes souffrant d’hypertension. En 2010, une revue systématique de 36 études contrôlées aléatoires (1 660 personnes) a fait état des résultats obtenus à la suite du traitement de l’hypertension par le biofeedback58. Globalement, les résultats sont très variables et contradictoires. Ainsi, les auteurs concluent qu’il n’y a aucune preuve que le biofeedback, seul ou en combinaison à d’autres thérapies, soit plus efficace que la pharmacologie, qu’un traitement placebo ou que d’autres thérapies de comportement.
Autres applications. Depuis quelques années, des publications scientifiques ont montré que le biofeedback pourrait aider les individus atteints de la maladie de Raynaud59, de bouffées de chaleur pendant la ménopause60,61 et des nausées et vomissements associés à la chimiothérapie62. Cependant, ces études ont été réalisées auprès de peu de sujets et présentent diverses faiblesses méthodologiques. Il est donc impossible de tirer des conclusions fermes quant à l’efficacité du biofeedback pour ces problèmes de santé.

Biofeedback
Section Applications thérapeutiques
Recherche et rédaction
: Patrick Barré, B. Ps., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval

Révision scientifique
: Dre Isabelle Marc et Claudine Blanchet, Ph. D., Chaire en approche intégrée en santé, Université Laval
(juin 2011)

Le biofeedback en pratique

Le biofeedback est une technique qui s’inscrit généralement à l’intérieur d’un traitement plus global, comme une thérapie comportementale ou de la rééducation physiothérapeutique. On l’utilise souvent en combinaison avec d’autres techniques comme la relaxation et les exercices adaptés. Le déroulement des traitements et le type d’appareils varient grandement selon le problème de santé.
Le biofeedback s’adresse à des patients motivés et persévérants. En effet, une fois le diagnostic établi, il n’est pas rare qu’on doive compter de 10 à 40 séances de 1 heure pour s’assurer d’obtenir des résultats satisfaisants, et surtout durables.
Quel que soit le type de traitement, une séance de biofeedback présente quelques constantes : elle se déroule dans un endroit calme et reposant; parfois, on fait jouer de la musique douce; le patient est assis confortablement, ou couché, et se concentre sur les signaux auditifs ou visuels transmis par le moniteur à partir de capteurs placés à certains endroits stratégiques de son corps (encore une fois, selon la région du corps à traiter et le type d’appareil).
Le praticien agit comme un guide ou, si l’on préfère, un conseiller. Il aide le patient à prendre conscience de ses réponses physiologiques (tension nerveuse, température corporelle, rythme cardiaque, respiration, résistance musculaire, etc.) en fonction des données que lui communique la machine. Il prodigue information et encouragements et aide le patient à appliquer au quotidien ses nouvelles habiletés.
Dans sa vie normale, le patient devrait donc être capable d’agir sur son propre organisme, c’est-à-dire de modifier ses réactions ou ses comportements sans le concours des appareils. À la sortie d’une séance de biofeedback, on se sent normalement plus en contrôle de son corps.
Au Québec, les praticiens en biofeedback sont peu nombreux, mais quelques cliniques offrent le service.

Formation en biofeedback

Aux États-Unis, le Biofeedback Certification Institute of America (BCIA), fondé en 1981, encadre la pratique du biofeedback. L’organisme a établi un ensemble de normes auxquelles devraient se conformer les professionnels accrédités, et offre plusieurs formations en biofeedback un peu partout à travers les États-Unis.
Seuls les professionnels de la santé, de la psychologie et de certaines sciences sociales (orientation, par exemple) détenant un diplôme universitaire ou un équivalent peuvent accéder à cette spécialisation.
Au Québec, aucune école n’offre les formations accréditées par le BCIA. En Europe francophone, la technique est également marginale, même s’il existe en France un regroupement national appelé Association pour l'Enseignement du Biofeedback Thérapeutique (voir Sites d’intérêt).

Livres, etc.

Il existe peu de livres en français sur le sujet. Voici tout de même un titre intéressant. Pour des livres en anglais, consultez la bibliographie du site de l’AAPB.
Ligonde Paultre. Se contrôler par le biofeedback, Éditions de l'Homme, Canada, 1983.

Sites d’intérêt

Guerir.org
Le site du Dr David Servan-Schreiber présente une technique particulière de biofeedback basée sur la cohérence cardiaque. (Tapez cohérence cardiaque dans le moteur de recherche.)
www.guerir.org
Association for Applied Psychophysiology & Biofeedback (AAPB)
L’AAPB est une organisation à but non lucratif dont la mission est de faire connaître et de promouvoir les différentes applications de la psychophysiologie, dont le biofeedback. Nombreuses ressources : documentation et livres de références, liens vers d’autres sites d’intérêt, etc.
www.aapb.org
Biofeedback Certification Institute of America (BCIA)
La référence en matière de certification et de formation. Description des différents programmes et conditions d’admissibilité.
www.bcia.org
Biofeedback Foundation of Europe
Pour en savoir plus sur les types de formations (accréditées par la BCIA) offertes aux professionnels.
www.bfe.org
EEG Spectrum International
Site spécialisé sur le neurofeedback, une des formes de biofeedback.
www.eegspectrum.com
Institute of HeartMath
Beaucoup d’information sur la cohérence cardiaque.
www.heartmath.org

Références

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.
Bibliographie
Guerir.org, France. www.guerir.org
Ligonde Paultre, psychothérapeute (diplômé en orientation et en criminologie), certifié BCIA. Institut de biofeedback de Laval. Entrevue le 4 février 2004.
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