On parle aujourd’hui de démence mixte lorsqu’une personne souffre d’une maladie d’Alzheimer et qu’elle présente, en plus, des lésions dues à des AVC.
Une démence est considérée comme mixte s'il existe au moins une maladie ischémique vasculaire associée à une affection systémique ou viscérale pouvant entraîner une démence.
La démence devient mixte si une personne déjà malade déjà diagnostiqué comme "Alzheimer" fait un accident vasculaire qui entraine une aggravation des troubles existant.
Concept et définition
C'est Delay et Brion qui ont donné pour la première fois toute son importance à l'association des deux types de lésions (vasculaire et dégénérative), à l'origine de la démence sénile mixte. Les conceptions de la démence mixte sont très diverses. Le NINDS-AIREN plaide cependant contre l'utilisation du terme de démence mixte en faveur de celui de MA avec maladie cérébrovasculaire. La plupart des études épidémiologiques ont défini la démence mixte comme la coexistence de la MA et de la démence vasculaire.
Le groupe de travail de l'auteur, dans une étude prospective clinicopathologique (Zekry D, 2002), a montré que les patients ayant une MA et des lésions vasculaires cérébrales avaient moins de plaques névritiques et de dégénérescences neurofibrillaires que les patients atteints d'une MA pure, à niveau égal de sévérité de la démence. Corrélativement, le volume des infarctus cérébraux était plus faible dans le groupe des démences mixtes que dans celui des démences vasculaires. Ces données permettent de valider le concept de démence mixte et démontrent que les processus pathologiques impliqués dans la MA et dans la démence par infarctus multiples sont au moins cumulatifs, sinon synergiques (Zekry D, 2002).
Difficulté du diagnostic clinique de démence mixte
Les critères cliniques de la MA tendent à éliminer les malades comportant des facteurs de risque vasculaire ou atteints d'affections vasculaires cérébrales. Au contraire, les critères cliniques de démence vasculaire conduisent à éliminer les patients chez lesquels l'évolution est progressive. Aucune place n'est donc faite aux démences mixtes. Le diagnostic devrait être évoqué dans deux circonstances :
1) lorsqu'un malade, chez lequel le diagnostic de MA a été porté, fait un accident vasculaire qui aggrave son état intellectuel
2) lors de l'aggravation progressive de la démence survenue après un accident cérébrovasculaire.
Prévalence des démences mixtes dans les études neuropathologiques
L'examen post mortem de cohortes prospectives a indiqué que la pathologie mixte est sous-estimée, même lorsque les critères diagnostiques de recherche ont été soigneusement appliqués chez les patients (Holmes et al., 1999). Récemment, une étude prospective de la fonction cognitive et du vieillissement conduite à Oxford par le Conseil de la recherche médicale britannique (MRC CFAS), a confirmé, comme cela était attendu, que les lésions de type Alzheimer ainsi que la pathologie vasculaire étaient les principales données pathologiques liées statistiquement au déclin cognitif ; une constatation plus inattendue était que la plupart des patients souffraient de démence mixte. Mais, plus surprenantes encore, étaient les observations effectuées chez 109 personnes non démentes : dans 33 % des cas, la densité des dégénérescences neurofibrillaires de l'isocortex était équivalente à celle des personnes démentes. Les lésions cérébrales d'origine vasculaire étaient aussi fréquentes dans les deux groupes.
1) MA (au sens neuropathologiques) ne signifie pas démence d'Alzheimer (au sens clinique). Les lésions s'accumulent au cours de la phase préclinique de la maladie avant d'avoir une traduction symptomatique ;
2) le rapport entre le nombre des lésions et les symptômes n'est pas direct et varie d'un individu à l'autre. Une même densité de dégénérescences neurofibrillaires peut être observée chez des patients déments ou chez des sujets qui ne l'étaient pas.
L'observation des écarts de prévalence de la démence mixte rapportés dans les études neuropathologiques (de 0 à 55% selon les études) laisse penser que les critères diagnostiques sont imparfaits. Cela est sans doute en partie dû à l'utilisation de critères diagnostiques différents et la vraie prévalence se rapproche probablement de 20 à 40 %.
L'effet relatif des lésions vasculaires ou dégénératives reste difficile à évaluer : chaque lésion pourrait n'avoir aucune conséquence sur l'état cognitif, contribuer à la démence ou en être la cause principale.Les facteurs vasculaires qui intervenaient le plus clairement dans la genèse des troubles cognitifs étaient au nombre de trois:
1) la topographie et le volume des infarctus cérébraux ;
2) la pathologie de la substance blanche ;
3) l'angiopathie amyloïde.
Lésions vasculaires dans les démences mixtes
Diagnostic
Le diagnostic de démence est évoqué sur 2 éléments:
- l’atteinte de la mémoire portant tant sur les faits récents que anciens.
- l’atteinte des fonctions cognitives (altération des fonctions de raisonnement, altération des praxies, altération des capacités de reconnaissance, le tout à des degrés divers).
Ces atteintes vont engendrer des modifications de la personnalité et des troubles de la thymie.
Ces troubles sont définitifs.
Ces éléments sont évoqués au niveau du médecin généraliste à partir de questions simples faisant appel à la mémoire et au raisonnement. Il existe quantité de tests à partir desquels il est possible de quantifier les atteintes et performances résiduelles. Le plus utilisé est le MMS (minimental status) , il demande une vingtaine de minutes pour être effectué.
Diagnostic différentiel
Les deux principaux diagnostics différentiels sont :
- La dépression
- Les états confusionnels (traumatismes, troubles métaboliques, iatrogénie, syndromes infectieux...).
La différentiation peut être très difficile d’autant que les pathologies sont souvent intriquées.
A la différence de la démence, ces troubles sont passagers mais peuvent être graves et létaux. Leur recherche ne peut être négligée.
Principales étiologies démentielles
Les démences vasculaires et mixtes.
Elles représentent environ 30 % des démences. Leur évolutivité est liée au traitement de la cause, et donc à sa mise en évidence.
Le bilan auscultatoire simple, l’ECG, le doppler cervical, l’échographie cardiaque, le holter ECG, le scanner y trouvent une importance dans la prévention de la récidive.
Le bilan auscultatoire simple, l’ECG, le doppler cervical, l’échographie cardiaque, le holter ECG, le scanner y trouvent une importance dans la prévention de la récidive.
Toutefois une pourcentage très important de démences mixtes , Alzheimer et vasculaires, modère les résultats.
Volume et topographie des lésions vasculaires
Les auteurs ont cherché une corrélation statistique entre les données neuropathologiques quantitatives et la sévérité de la démence dans les trois groupes de patients : démence associée à des infarctus cérébraux volumineux (démence par infarctus multiples), MA pure et démence mixte. La sévérité du déficit cognitif était significativement liée au volume total des infarctus, plus particulièrement lorsque les lésions atteignaient les aires limbiques et les aires associatives multimodale. L'atteinte de la substance blanche était également importante, ce qui souligne le rôle des interconnexions, qu'elles soient cortico-corticales ou cortico-sous-corticales.
Pathologie de la substance blanche
Deux études récentes ont étudié le rôle des lésions ischémiques microscopiques corticales et sous-corticales chez des personnes âgées. La première a montré que la démyélinisation péri ventriculaire expliquait 10 % de la variance du fonctionnement cognitif, la démyélinisation diffuse 4,6 % et les micro-infarctus corticaux 36 % (Kovari et al., 2004). La deuxième a révélé que les lacunes thalamiques et des noyaux gris centraux avaient un impact significatif sur la cognition ; à l'inverse, les lacunes de la substance blanche dans les régions frontales, temporales et pariétales ne semblaient pas avoir d'effet important lorsque leur nombre était relativement faible (Gold et al., 2005).
Parmi les symptômes de la démence vasculaire, on retrouve :
-des crises soudaines, et sans motif, de rire ou de larmes ;
-une modification de la démarche ;
-une perte précoce du contrôle des intestins ou de la vessie ;
-une perte soudaine de la mémoire ou d'autres fonctions mentales ;
-des symptômes d'accident vasculaire cérébral (par ex. une paralysie, des troubles du langage et perte de l'acuité visuelle) ;
-les mêmes symptômes que pour la maladie d'Alzheimer.
Prise en charge et traitement des démences type Alzheimer (et mixtes).
L’information de la famille est fondamentale car le maintien à domicile le plus longtemps possible est essentiel pour ces patients. Les nouveaux traitements anticholinesthérases n’ont d’effets que dans 6% des cas, et donc ne constituent pas la panacée attendue par l’entourage.
Un certain nombre de classes thérapeutiques seront à proscrire, de type anticholinergique, car aggravant les troubles mnésiques et engendrant des états confusionnels: ce sont les antidépresseurs tricycliques et les antiparkinsoniens de synthèse.
Dans la mesure du possible, les benzodiazépines sont à éviter. Les neuroleptiques sont aussi à éviter mais certains produits comme le tiapridal* ou le risperdal* peuvent être utilisés à moindre risque.
Les antidépresseurs de type sérotoninergique sont utilisables. Ils sont même utilisé systématiquement en début de prise en charge afin d’éliminer un syndrome dépressif atypique et de lutter contre la composante dépressive qui accompagne les démences.
Les anticholinesterasiques.
Ils représentent le traitement actuel et n’apportent que 6% de résultats positifs. Ces résultats positifs, avec le recul actuel, ne sont évaluables que sur les tests psychométriques et pas cliniquement. Ils se caractérisent surtout par un ralentissement de l’évolutivité. Toutefois, il importe de savoir que chez les non répondeurs, l’arrêt du traitement se solde souvent par une aggravation "vertical" des troubles. Il est donc habituellement conseillé de continuer ces traitements. Les deux produits actuellement utilisés sont Aricept* et Exelon*. Contrairement à leurs prédécesseur, ils ne demandent pas de surveillance ou précaution d’emploi particulière. D’autres molécules sont à l’étude.
A noter enfin une thérapie vaccinale, amiloïde, qui semble avoir donné des résultats prometteurs chez le rat.
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