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2 sept. 2017

Quand la presse américaine spécule sur la santé mentale de Donald Trump

Les allusions à la personnalité problématique du président américain fleurissent dans les médias de tous bords. Un débat exceptionnel dans une campagne présidentielle qui n'a pas été facile.

Depuis le premier jour de sa folle course vers la Maison-Blanche, Donald Trump n'a cessé de déjouer les prédictions des analystes politiques. Celui qu'ils avaient pris pour un amuseur public promis à disparaître dès l'amorce des primaires est devenu le candidat officiel du Parti républicain.
À l'issue d'une convention assez bien tenue à Cleveland, beaucoup de commentateurs ont à l'inverse parié sur la métamorphose du facétieux milliardaire en présidentiable crédible et professionnel. Mais il est resté lui-même et, trois semaines plus tard, ils n'en reviennent pas de le voir s'enferrer dans des polémiques où il n'a rien à gagner. Au point que fleurissent dans les médias des mises en causes - implicites et explicites - de sa santé mentale.

«Donald Trump est-il carrément fou?», s'interroge ainsi Eugene Robinson dans sa chronique du Washington Post. Il y énumère les derniers mensonges du candidat, si grossiers qu'ils ont été dévoilés en cinq minutes: celui d'une prétendue rencontre avec Vladimir Poutine qui n'a jamais eu lieu, celui d'une lettre soi-disant envoyée par la Ligue de football (NFL) pour décaler les débats, etc.
Donald Trump à Scranton, dans le nord-est de la Pennsylvanie, le 27 juillet 2016.Robinson est un «libéral» (de gauche), opposé à Trump. Mais quand, dans le même journal, Robert Kagan, figure des néoconservateurs, proclame «Quelque chose ne tourne pas rond chez Donald Trump», c'est potentiellement plus embarrassant pour le candidat républicain. D'autant que l'auteur n'y va pas de main morte: «Le vrai problème, écrit-il, est que cet homme ne peut pas se contrôler. (…) Certaines de ses insultes sont politiquement incorrectes, d'autres sont juste puériles. Il se peut que le politiquement incorrect soit un effet secondaire de sa maladie.» S'il était élu, estime Kagan, «les déficiences de sa personnalité seraient le facteur dominant de sa présidence». Ce qui ferait de Trump, selon lui, une sorte de «dictateur au tempérament dangereusement instable que personne, pas même lui, ne peut contrôler».

Cette critique extrême est corroborée par un long et glaçant portrait à charge paru dans le New Yorker. Le texte repose sur le témoignage de Tony Schwartz, la plume du milliardaire pour l'écriture de son best-seller paru en 1987, The Art of the Deal (l'art de négocier, bizarrement traduit en français Le plaisir des affaires). Schwartz a passé dix-huit mois dans l'intimité de celui que l'émission de téléréalité The Apprentice (l'apprenti) n'avait pas encore rendu célèbre. «J'ai mis du rouge à lèvre à un cochon», dit-il pour résumer son travail de «nègre». «Le problème n'est pas l'idéologie - il doute que Trump en ait une -, mais sa personnalité impulsive et égotiste», écrit le magazine de l'intelligentsia de gauche. Une obsession pour la publicité, une incapacité à se concentrer, une absence de culture et de curiosité, un manque total d'empathie… Schwartz assure que s'il devait le refaire, il titrerait son livre: «Le Sociopathe».
Résultat d’images pour worst faces trumpLa revue The Atlantica pris la proposition au pied de la lettre et confié à son spécialiste des questions de santé, le Dr. James Hamblin, une longue analyse psychologique du personnage. Il est plus rapide de s'en remettre à la définition du Larousse de la sociopathie: «Trouble de la personnalité caractérisé par le mépris des normes sociales, une difficulté à ressentir des émotions, un manque d'empathie et une grande impulsivité.» Sur la toile, les psychiatres se bousculent pour expliquer les tares dont Trump serait atteint.


Si la plupart des grands médias se gardent de reprendre à leur compte ce diagnostic, les allusions à la personnalité problématique du candidat républicain sont partout. Sur le site du quotidien conservateur The Wall Street Journal, le chroniqueur Bret Stephens s'inquiète «d'une dimension sadique dans (son) caractère». Sur MSNBC, où il présente la matinale, Joe Scarborough, ancien élu républicain de Floride, dramatise la confidence qu'il aurait reçue selon laquelle, lors d'un briefing avec un expert des questions internationales, Trump aurait demandé à trois reprises: «Pourquoi avons-nous des armes nucléaires si on ne peut pas s'en servir?»
Un débat de cette nature est exceptionnel dans une campagne présidentielle qui ne l'est pas moins. Mais la plupart de ces savantes analyses n'atteignent pas le commun des électeurs, qui puise ses informations sur les réseaux sociaux, auprès de sources généralement de son avis. Et les tweets enflammés de Donald Trump sont suivis par près de 11 millions d'abonnés.


De nombreux psychologues et psychiatres, des législateurs démocrates et républicains, des journalistes et commentateurs politiques n'hésitent plus à parler publiquement de la maturité émotionnelle et de la stabilité mentale et psychologique de Donald Trump. Certains suggèrent même que ce dernier subisse un examen de santé mentale, car, selon leurs dires, la présence au centre du monde d'un tel dirigeant aussi instable et incapable d'accepter la réalité est excessivement dangereuse.
Résultat d’images pour grimaces trumpLes critiques qui s'interrogent sur la santé mentale du président le font à partir de deux éléments. Premièrement, ils perçoivent Trump comme un menteur pathologique qui arrange les faits pour les faire correspondre à sa vision de la réalité. Sa fixation enfantine sur la taille de la foule à son inauguration présidentielle, sa fausse évaluation du taux de meurtres des États-Unis, ses fausses allégations d'émeutes en Suède, comme son insistance sur une fraude électorale massive inexistante en 2016, ne représentent que quelques exemples parmi des centaines d'autres d'une tendance impulsive chez Trump à fabriquer des « faits alternatifs ».
Pour expliquer le délire apparent qui amène le président américain à mentir systématiquement pour masquer la réalité, les psychologues et psychiatres consultés s'en remettent à la présumée personnalité narcissique de Trump.
Deuxièmement, ces mêmes observateurs notent comment Donald Trump, incapable de contrôler ses pensées et ses émotions, sent le besoin de tweeter régulièrement à toutes les heures de la nuit. Cette tendance prolifique à tweeter s'apparenterait aussi à une forme de désordre mental.        
En effet, son père lui a inculqué un fait fondamental : le monde est un endroit dangereux et par conséquent il faut être prêt à combattre. Le jeune Donald est devenu très vite très compétitif dans un environnement très concurrentiel. Ce faisant, il a ressenti dès sa jeune enfance un besoin irrésistible d'exceller, d'être le premier.
Son comportement devint d'autant plus extrême qu'il développa rapidement un intense narcissisme. En conséquence, lorsque son importance personnelle n'est pas reconnue comme il l'espère, son côté narcissique se manifeste dans une anxiété insupportable et une rage incontrôlable.
Dans cette perspective, Trump chercherait à soulager son anxiété viscérale produite par son besoin d'être reconnu par différents comportements compulsifs liés au narcissisme : insulter ou ridiculiser publiquement ses rivaux, confronter ceux qui le défient ou le critiquent, manquer d'empathie et se montrer très vindicatif, recourir à un langage inflammatoire et faire appel à la peur ou la colère, mentir effrontément et réinventer l'histoire, tweeter au milieu de la nuit, favoriser un culte de l'homme fort, etc.
Résultat d’images pour crazy trumpAinsi, il a un besoin constant de recevoir de l'attention et de l'amour, d'être admiré et adulé. Ce besoin apparent se manifeste dans la pratique par un besoin d'inscrire son nom partout : casino Trump, compagnies Trump, université Trump, édifices Trump, steak Trump et vin Trump, etc. Toutefois, cette tendance pourrait tout aussi refléter, non un narcissisme, mais un marketing intelligent.
En effet, un comportement compulsif n'est pas nécessairement la preuve d'un trouble obsessionnel, voire d'un désordre mental. Une personne peut jouer constamment à des jeux vidéo, magasiner sans cesse ou vérifier continuellement son téléphone, sans qu'elle soit classée comme souffrant d'un déséquilibre mental. Il faut faire la distinction entre maladie mentale et troubles de la personnalité. Trump a plusieurs autres traits effrayants sans que l'on puisse pour autant le qualifier de malade mental.        
D'ailleurs, les experts qui s'interrogent sur la santé mentale du nouveau président ne l'ont pas examiné personnellement. Ils oublient que le côté narcissique de Trump se retrouve aussi chez un taux élevé de présidents américains qui n'ont pas vu pour autant leur santé mentale remise en cause.
Par ailleurs, Trump a un côté théâtral qu'il faut prendre en considération. Il agit constamment comme s'il était un acteur sur scène. Mais son rôle serait de jouer Donald Trump. Son comportement a donc quelque chose d'irréel, parce qu'il se dissimule derrière son masque d'acteur. Comme Ronald Reagan, il sait qu'il est constamment observé. Il agit en conséquence.
Résultat d’images pour crazy trumpEn ce sens, son comportement public vise à dissimuler un maquillage émotionnel. Tous ses gestes sont calculés. En conséquence, les déclarations intempestives et les comportements particuliers de nouveau président doivent être compris non comme le résultat d'une déficience mentale, mais comme faisant partie d'une stratégie politique intentionnelle. D'ailleurs, son style de confrontation et son apparent narcissisme lui ont bien servi à ce jour.
Résultat d’images pour atomic trumpTout au long de sa carrière, que cela soit comme homme d'affaires, producteur et principal acteur de la série télévisée The Apprentice, ou durant sa campagne présidentielle, Donald Trump a toujours montré une grande perspicacité mentale. S'il est fou, il est resté rusé comme un renard. Cette aptitude lui a permis de réaliser régulièrement ses objectifs de manière inattendue.
Néanmoins, un grand nombre d'Américains sont inquiets, avec raison. Les commentateurs politiques et les professionnels de la santé ont raison d'exprimer leurs préoccupations.
Le côté narcissique de Donald Trump l'amène à refuser d'avoir des « briefings » quotidiens de renseignement. Ce comportement est d'autant plus dangereux que la campagne présidentielle a démontré chez lui une méconnaissance grave des dossiers internationaux. Or, le président des États-Unis est aussi le commandant en chef. Il peut ordonner des frappes militaires sur un ennemi potentiel, réel ou non, voire recourir aux armes nucléaires.                               

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