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3 sept. 2017

États-Unis: l’implantation de puces sous-cutanée autorisée sur des individus

Les hôpitaux américains ont le feu vert pour injecter à leurs patients une puce qui les aidera à consulter rapidement leur dossier médical. L'agence de sécurité sanitaire du pays a donné son accord. D’autres États testent cette technologie.                                           

SAN FRANCISCO – L’agence de sécurité sanitaire américaine (Food and Drug Administration, FDA) autorise désormais l’usage de puces à identifiant radio RFID dans le corps humain – à des fins de suivi médical dans les hôpitaux. L’information a été communiquée cette semaine par Applied Digital, fabricant californien de ce type de produits. Il indique que l’administration fédérale a rendu son verdict au terme d’une année d’étude.
De la taille d’un grain de riz, les puces à signal radio sont injectées à l’aide d’une seringue dans le bras des patients. Les données ne sont pas contenues dans la puce proprement dite, mais dans une base de données distante. Pour récupérer les informations – identité de la personne, son groupe sanguin ou sa pathologie –, le personnel médical utilise un scanner. Il lit les données dans la base grâce au numéro de série unique dont chaque puce dispose.
Avec son produit phare baptisé Verichip, la société Applied Digital indique cibler, par exemple, les personnes atteintes de la malades d’Alzheimer, de diabète, de troubles cardiovasculaires ou autres nécessitant des traitements lourds.
Implantées comme système de sécurité au Mexique
Pour l’heure, les puces n’ont pas encore trouvé leur place dans les hôpitaux américains, poursuit un représentant de la société. Pour les inciter à les adopter, elle compte tout bonnement faire don de scanners, coûtant 650 dollars l’unité, à 200 centres de traumatologie.
D’autres pays ont en revanche déjà adopté la technologie. Au Mexique, plus de 1.000 patients se sont
fait implanter une puce Verichip. Et le ministère italien de la Santé les teste dans plusieurs hôpitaux.
Mais les produits conçus par Applied Digital trouvent d’autres applications que l'on pensait jusqu'ici réservées aux animaux ou aux produits. Des sociétés les utilisent comme outils d’authentification pour renforcer la sécurité et le contrôle d'accès. Toujours au Mexique, le ministre de la Justice et 200 de ses collaborateurs se sont fait injecter une puce pour contrôler l’accès aux zones sensibles où des documents confidentiels sont conservés.
En juillet dernier, Applied Digital indiquait avoir vendu environ 7.000 de ses Verichips; sur ce nombre, 1.000 ont été injectées dans des corps humains, selon l’entreprise. Elle s’est refusée à fournir des chiffres plus récents, ainsi que le prix de ses puces.
Risques de fuites incontrôlées
Dans son étude, la FDA s’est penchée sur les enjeux que pose cette technologie pour la vie privée, indique Applied Digital. Notamment les risques éventuels de divulgation des informations médicales personnelles sans autorisation. Mais ce feu vert n'est pas là pour rassurer les défenseurs des libertés individuelles.
C’est le cas de Roger Clarke, un activiste australien qui s’oppose depuis plus de dix ans à ce type de technologie. «On va d'abord mettre une puce aux personnes qui sont régies par les institutions, car elles sont prisonnières et on a un pouvoir sur eux. Mais viendra ensuite le tour des grands-mères atteintes de sénilité.»
Et d’alerter également sur les risques de fuites au quotidien, entre la puce et tout capteur de signal radio. En effet, étant donné le nombre croissant de scanners RFID qui vont se développer un peu partout dans notre vie quotidienne, les risques de dérapage sont très importants, renchérit David Vaile, directeur d'un institut de recherche juridique (Cyberspace Law and Policy Centre) de l’université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie. Sans compter qu’une fois en place, difficile de retirer une puce.
Quoi qu'il en soit, il estime qu'un palier a été franchi dans les esprits, et c'est peut-être le plus important: «Si vous sautez dans de l’eau bouillante, vous en ressortirez aussitôt. Mais votre réaction ne sera pas la même si l’on élève la température progressivement. On a l’impression d’être passé aujourd’hui au niveau supérieur, et l’eau n’est plus du tout à température ambiante – elle se réchauffe carrément».
Enfin ce juriste note que la loi américaine Patriot Act, nouveau socle légal de la lutte antiterroriste aux États-Unis, demeure floue concernant les types d’informations qui sont protégés, ou d’ores et déjà en circulation...

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