Les bactéries présentes dans le tube digestif sont
capables de protéger des allergies. C'est ce qu'ont mis en évidence des
chercheurs de l'Institut Pasteur, dans une étude publiée le 9 juillet
2015, dans la revue Science.
Quelque cent mille milliards de bactéries peuplent notre intestin, c’est ce que l’on appelle la flore intestinale ou le microbiote intestinal.
Les études à son sujet ne cessent de voir le jour, montrant son rôle
dans la digestion, la synthèse de vitamines et, de façon plus étonnante,
sur l’obésité ou encore la régulation de l’humeur.
Cette fois, c’est son implication dans le développement des allergies qu’une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Institut Pasteur vient de mettre en évidence. Une des théories pour expliquer la hausse des allergies dans les pays industrialisés suggère en effet que la diminution de l’exposition aux microbes au cours de l’enfance, grâce à l’amélioration du niveau d’hygiène, serait responsable de la hausse des allergies.
Cette fois, c’est son implication dans le développement des allergies qu’une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Institut Pasteur vient de mettre en évidence. Une des théories pour expliquer la hausse des allergies dans les pays industrialisés suggère en effet que la diminution de l’exposition aux microbes au cours de l’enfance, grâce à l’amélioration du niveau d’hygiène, serait responsable de la hausse des allergies.
Une réponse immunitaire finement orchestrée
De précédents travaux avaient déjà mis en évidence le rôle protecteur
des bactéries intestinales. Des souris traitées quelques semaines après
leur naissance, avec des antibiotiques ayant détruit une partie de leur
microbiote, développaient davantage d’allergies que des souris qui
n'avaient pas subi ce traitement. Mais les mécanismes par lesquels ces
bactéries protègent des allergies restaient un mystère.
Les travaux de chercheurs de l'Institut Pasteur, publiés le 7 juillet 2015, dans la revue Science
apportent une explication. Pour la comprendre, il faut revenir sur les
mécanismes de défense de l’organisme. Celui-ci déploie trois types de
réponses en fonction du pathogène. Si l’intrus est un virus qui pénètre dans le corps, des cellules de type 1 sont mobilisées. Si l’intrus est un parasite, comme un vers ou un allergène, ce sont les cellules de type 2 qui sont stimulées pour leur livrer bataille. Enfin, si l’intrus est une bactérie ou un champignon, ce sont les cellules dites de type 3 qui sont sollicitées pour les "digérer". Chacune de ces catégories de pathogène nécessitant une stratégie d'attaque différente.
Batailler contre les virus ou les bactéries : il faut choisir !
L’ennui, c’est que le système immunitaire ne peut pas faire trois
choses en même temps. S’il s’engage dans la voie immunitaire de type 3
pour contrer une bactérie, il bloque les deux autres. "C’est la
raison pour laquelle on est plus sensible aux infections bactériennes
lorsque l’on a attrapé la grippe provoquée par un virus", explique Gérard Eberl, auteur principal de l'étude.
Avec son équipe, le chercheur a montré que les cellules de types 3,
étant naturellement sollicitées par les bactéries intestinales, bloquent
l’action des cellules de type 2. Ce qui empêche le déclenchement d’une
réaction allergique. "C’est un équilibre immunitaire. Comme
plusieurs centaines de milliards de bactéries se trouvent dans notre
intestin, la réponse de type 3 est très importante. Mais le traitement
par les antibiotiques, surtout à haute dose, bouleverse cet équilibre", précise le chercheur."On
a évolué et grandi dans une soupe d’agents pathogènes de toutes sortes.
Aujourd’hui, on dispose de nombreuses thérapies qui permettent de
combattre les infections, ce qui est une très bonne chose, mais le
revers de la médaille est ce déséquilibre immunitaire".
Ces travaux ouvrent la voie pour de nouvelles pistes thérapeutiques
qui consisteraient à stimuler l'immunité de type 3. Des travaux
préliminaires ont été réalisés chez la souris, mais les chercheurs ont
encore du pain sur la planche...
Source : The microbiota regulates type 2 immunity through RORgt+ T cells. Gérard Eberl. Science. Juillet 2015;
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