Le dévouement et la probité de la plupart des professionnels de la santé sont indubitables, mais la corruption s’est installée au coeur du système. La logique du profit a dévoyé la science. Chaque année, près de 200 000 personnes décèdent en Europe suite aux effets médicamenteux qualifiés de « secondaires » ; les overdoses d’antidouleurs tuent plus que l’héroïne et la cocaïne réunies ; l’abus de médicaments a pollué jusqu’à l’eau du robinet, devenue un cocktail de Prozac, d’antibiotiques, d’anticancéreux et de perturbateurs endocriniens. Extraits de "Big pharma", (2/2).
Les vendeurs de maladie Documentaire sur les pratiques de l'industrie pharmaceutique
Le
dévouement et la probité de la plupart des professionnels de la santé sont
indubitables, mais la corruption s’est installée au coeur du système. La
logique du profit a dévoyé la science. Chaque année, près de 200 000 personnes
décèdent en Europe suite aux effets médicamenteux qualifiés de « secondaires »
; les overdoses d’antidouleurs tuent plus que l’héroïne et la cocaïne réunies ;
l’abus de médicaments a pollué jusqu’à l’eau du robinet, devenue un cocktail de
Prozac, d’antibiotiques, d’anticancéreux et de perturbateurs endocriniens.
Extraits de "Big pharma", (2/2).
Les vendeurs de maladie Documentaire sur les pratiques de l'industrie pharmaceutique
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Les vendeurs de maladie Documentaire sur les pratiques de l'industrie pharmaceutique
Jusque dans les années 1980, l'industrie pharmaceutique orientait ses efforts vers la guérison des maladies existantes, même si les pathologies affectant les populations pauvres, comme la malaria, étaient négligées parce que peu rentables. Désormais, la tendance s'est inversée. Pour garantir leurs retours sur investissement et recycler leurs médicaments, les firmes inventent des pathologies sur mesure, si possible chroniques. Une publicité déguisée en information médicale, doublée d'un intense lobbying, se charge de les "vendre" au grand public et aux praticiens. Ce film - auquel l'industrie a refusé de participer - démonte les mécanismes d'une médecine sous l'emprise du marché.
Le spot publicitaire de Pfizer n’est qu’un
exemple parmi d’autres de ce que les marketeurs pharmaceutiques appellent des
« unbranded campaigns », c’est-à-dire des campagnes où il n’est pas
fait explicitement mention de la marque (brand) qui est promue. Tout comme dans
les campagnes de prévention et de sensibilisation sponsorisées par les
autorités de santé nationales ou internationales, on nous apprend simplement à
reconnaître les signes de maladies dont nous ignorions jusque-là la gravité, la
prévalence et peut-être même l’existence.
LE PATIENT. – Quand j’ai dîné, il y a des
fois que je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt ça
me gratouille.
LE DOC. – Attention. Ne confondons pas. Est-ce
que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ?
LE PATIENT. – ça me grattouille. Mais ça me
chatouille bien un peu aussi…
LE DOC. – Est-ce que ça ne vous grattouille
pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
LE PATIENT. – Je n’en mange jamais. Mais il
me semble que si j’en mangeais, effectivement, ça me grattouillerait plus.
Après les dangers du sida, du tabac et de
l’hypertension, voici donc ceux de la fibromyalgie, du reflux
gastro-oesophagien, du syndrome des jambes agitées, du syndrome du côlon
irritable, du syndrome métabolique, de la vessie hyperactive, de l’andropause,
du papillomavirus, de l’ostéopénie, de la préhypertension, du prédiabète, de la
dysfonction érectile, de la dysfonction sexuelle féminine, de la
spondylarthrite ankylosante. Depuis une trentaine d’années, il ne se passe pas
de jour qu’on n’apprenne l’existence d’une nouvelle maladie ou la gravité
insoupçonnée d’un « facteur de risque ». C’est vrai notamment dans le
domaine psychiatrique, où l’on a assisté à une véritable explosion de troubles
psychiques inconnus ou précédemment négligés : le trouble bipolaire, le
syndrome dysphorique prémenstruel, le syndrome de fatigue chronique, le stress
post-traumatique, le trouble du déficit d’attention avec hyperactivité
(d’ordinaire réservé aux enfants et aux adolescents, mais étendu à présent aux
adultes), le trouble affectif saisonnier, la phobie sociale (naguère appelée
« timidité », rebaptisée depuis « trouble d’anxiété
sociale »), les attaques de panique, la boulimie nerveuse ou encore le
trouble de l’expression involontaire des émotions.
.
Le nombre des troubles mentaux répertoriés
dans le DSM, le manuel diagnostique de l’Association américaine de psychiatrie,
ne cesse d’ailleurs d’augmenter à chaque nouvelle édition. Le DSM-I, qui date
de 1952, en comptait 106. Le DSM-III, sorti en 1980, en comptait d.j. 265.
Quatorze ans plus tard, le DSM-IV portait ce nombre à 297. Le récent DSM-V a
encore ajouté de nouvelles catégories diagnostiques telles que le
« trouble neurocognitif mineur », l’ « ingestion
alimentaire excessive », le « trouble de la dérégulation d’humeur
avec dysphorie », sans oublier le « trouble de l’accumulation »
qui affecte les malheureux qui ont du mal à se débarrasser des objets.
Comment expliquer dès lors cette
multiplication générale de maladies, de syndromes et de facteurs de risques ?
Est-ce la science médicale qui progresse et découvre chaque jour, pour notre
plus grand bien, des morbidités contre lesquelles il convient de lutter à coup
de traitements ciblés ou de campagnes de prévention, sur le modèle des
antibiotiques et des vaccinations ? Ou bien n’est-ce pas plutôt qu’on assiste à
une vaste entreprise de marketing destinée à nous convaincre d’être plus
malades que nous ne le sommes afin de nous vendre toujours plus de médicaments
?
Extrait de "Big pharma", Coordonné par Mikkel Borch-Jacobsen, (Les Arènes Editions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.
Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/condition-branding-ou-art-inventer-maladies-pour-vendre-plus-medicaments-mikkel-borch-jacobsen-892888.html#EVu6bJwJtVeAgiAs.99
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Extrait de "Big pharma", Coordonné par Mikkel Borch-Jacobsen, (Les Arènes Editions), 2013. Pour vous
procurer ce livre, cliquez ici.
e spot publicitaire de Pfizer n’est qu’un exemple parmi d’autres de ce que les marketeurs pharmaceutiques appellent des « unbranded campaigns », c’est-à-dire des campagnes où il n’est pas fait explicitement mention de la marque (brand) qui est promue. Tout comme dans les campagnes de prévention et de sensibilisation sponsorisées par les autorités de santé nationales ou internationales, on nous apprend simplement à reconnaître les signes de maladies dont nous ignorions jusque-là la gravité, la prévalence et peut-être même l’existence.
LE TAMBOUR. – Quand j’ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt ça me gratouille.
KNOCK. – Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ?
LE TAMBOUR. – ça me grattouille. Mais ça me chatouille bien un peu aussi…
KNOCK. – Est-ce que ça ne vous grattouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
LE TAMBOUR. – Je n’en mange jamais. Mais il me semble que si j’en mangeais, effectivement, ça me grattouillerait plus.
Après les dangers du sida, du tabac et de l’hypertension, voici donc ceux de la fibromyalgie, du reflux gastro-oesophagien, du syndrome des jambes agitées, du syndrome du côlon irritable, du syndrome métabolique, de la vessie hyperactive, de l’andropause, du papillomavirus, de l’ostéopénie, de la préhypertension, du prédiabète, de la dysfonction érectile, de la dysfonction sexuelle féminine, de la spondylarthrite ankylosante. Depuis une trentaine d’années, il ne se passe pas de jour qu’on n’apprenne l’existence d’une nouvelle maladie ou la gravité insoupçonnée d’un « facteur de risque ». C’est vrai notamment dans le domaine psychiatrique, où l’on a assisté à une véritable explosion de troubles psychiques inconnus ou précédemment négligés : le trouble bipolaire, le syndrome dysphorique prémenstruel, le syndrome de fatigue chronique, le stress post-traumatique, le trouble du déficit d’attention avec hyperactivité (d’ordinaire réservé aux enfants et aux adolescents, mais étendu à présent aux adultes), le trouble affectif saisonnier, la phobie sociale (naguère appelée « timidité », rebaptisée depuis « trouble d’anxiété sociale »), les attaques de panique, la boulimie nerveuse ou encore le trouble de l’expression involontaire des émotions.
Le nombre des troubles mentaux répertoriés dans le DSM, le manuel diagnostique de l’Association américaine de psychiatrie, ne cesse d’ailleurs d’augmenter à chaque nouvelle édition. Le DSM-I, qui date de 1952, en comptait 106. Le DSM-III, sorti en 1980, en comptait d.j. 265. Quatorze ans plus tard, le DSM-IV portait ce nombre à 297. Le récent DSM-V a encore ajouté de nouvelles catégories diagnostiques telles que le « trouble neurocognitif mineur », l’ « ingestion alimentaire excessive », le « trouble de la dérégulation d’humeur avec dysphorie », sans oublier le « trouble de l’accumulation » qui affecte les malheureux qui ont du mal à se débarrasser des objets.
Comment expliquer dès lors cette multiplication générale de maladies, de syndromes et de facteurs de risques ? Est-ce la science médicale qui progresse et découvre chaque jour, pour notre plus grand bien, des morbidités contre lesquelles il convient de lutter à coup de traitements ciblés ou de campagnes de prévention, sur le modèle des antibiotiques et des vaccinations ? Ou bien n’est-ce pas plutôt qu’on assiste à une vaste entreprise de marketing destinée à nous convaincre d’être plus malades que nous ne le sommes afin de nous vendre toujours plus de médicaments ?
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