J’ai vu des corps froids, figés et qui portaient la marque de la souffrance humaine, des corps surpris dans différentes postures, entassés dans les morgues d’hôpital ou de celles de fortune dans des casernes militaires à la Capitale.
Je l’ai côtoyé et je m’étais habitué un peu avec elle malgré une peur bleu et la question vielle depuis que l’être humain s’est redressé sur ses deux pattes arrière pour marcher et contrôler la planète qu’il habitait. Pour tout être vivant, la mort est une réalité inéluctable: sa vie s'achèvera tôt ou tard par une mort définitive. Cet aspect de l'existence est un des défis les plus difficiles que la vie nous propose. Il peut sembler totalement désespérant et absurde à celui qui refuse d'y faire face et de l'assumer complètement. Mais pour celui qui parvient à accepter vraiment cette réalité, c'est toute la valeur de la vie, du présent, des relations interpersonnelles et du développement personnel qui se trouve changée.
Cette semaine, après presque 20 ans j’ai l’ai revue, encore plus laide et plus assoiffée dans une chambre d’hôpital, prendre l’âme d’une vielle patiente qui n’était pas la mienne, mais que j’observais depuis quelques jours parce qu’elle me rappelait de mon père et de son agonie d’il y à 26 ans déjà. Mon père comme médecin il a été conscient et lucide jusqu'à sa dernière seconde de vie, peu après une opération qui lui extirpait un astro-cytome temporo-frontal gauche bien réussie, mais avec un cœur affaiblit des deux infarctus de myocarde qui n’en pouvait plus. Il arrivait contrôler sa tête, garder un sang froid que j’envie des fois, dicter son propre traitement et s’attribuer des stratégies médicamenteuses pour compenser sa cardiomégalie, sa profonde dyspnée, son angoisse, ses peurs et améliorer sa souffrance et même envisager le retour chez lui, revoir sa femme qui ne l’a pas quitté une seconde, prendre soins des ses deux jeunes enfants qu’il aimait tant et retourner pratiquer le plus noble métier au monde.
La plupart d'entre nous évitons de penser à la mort. Mais il nous arrive tous, de temps en temps, de nous faire rattraper par cette question. Les événements de notre vie se chargent de nous la rappeler. La mort imprévue d'un être cher, un accident sérieux, une maladie grave ou une tragédie dans notre environnement viennent nous rappeler que nous pouvons mourir à tout moment, que notre vie pourrait être radicalement écourtée ou soudainement changée de façon drastique. Nous n'avons pas vraiment le choix: la mort est nécessairement la dernière partie de notre vie. Mais il est difficile d'accepter cette réalité; notre mission comme être vivant est de vivre le plus complètement possible et non pas d'arrêter de vivre!
La mort perd de sa gravité si notre vie est uniquement souffrante. Elle peut même devenir un soulagement ou une libération. Elle perd aussi beaucoup d'importance si nous croyons ressusciter ailleurs dans de meilleures conditions. Elle est alors un passage nécessaire vers une vie meilleure, un peu de la même façon qu'une intervention chirurgicale qui nous guérirait vraiment d'une maladie.
Victor Hugo écrivait :
Ce que c'est que la mort
Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.
On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
On est l'homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
On tâche d'oublier le bas, la fin, l'écueil,
La sombre égalité du mal et du cercueil ;
Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;
Car tous les hommes sont les fils du même père ;
Ils sont la même larme et sortent du même oeil.
On vit, usant ses jours à se remplir d'orgueil ;
On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
On monte. Quelle est donc cette aube ? C'est la tombe.
Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu
Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,
Impur, hideux, noué des mille noeuds funèbres
De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
Et soudain on entend quelqu'un dans l'infini
Qui chante, et par quelqu'un on sent qu'on est béni,
Sans voir la main d'où tombe à notre âme méchante
L'amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.
On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
Fondre et vivre ; et, d'extase et d'azur s'emplissant,
Tout notre être frémit de la défaite étrange
Du monstre qui devient dans la lumière un ange.
On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
On est l'homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
On tâche d'oublier le bas, la fin, l'écueil,
La sombre égalité du mal et du cercueil ;
Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;
Car tous les hommes sont les fils du même père ;
Ils sont la même larme et sortent du même oeil.
On vit, usant ses jours à se remplir d'orgueil ;
On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
On monte. Quelle est donc cette aube ? C'est la tombe.
Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu
Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,
Impur, hideux, noué des mille noeuds funèbres
De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
Et soudain on entend quelqu'un dans l'infini
Qui chante, et par quelqu'un on sent qu'on est béni,
Sans voir la main d'où tombe à notre âme méchante
L'amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.
On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
Fondre et vivre ; et, d'extase et d'azur s'emplissant,
Tout notre être frémit de la défaite étrange
Du monstre qui devient dans la lumière un ange.
Et Charles Baudelaire aussi donnait son avis sur la Dame en noir dans « Les Fleurs du Mal » :
LXXII. Le Mort joyeux
Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme une requin dans l'onde.
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
À saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! Noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
À travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme une requin dans l'onde.
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
À saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! Noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
À travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
Sénèque pensait que : Après la mort, il n'y a rien et la mort elle-même n'est rien.
Voila d’autres proverbes sur la mort :
Mourir, ce n'est rien. Commence donc par vivre. C'est moins drôle et c'est plus long.
Anouilh (Jean)
Anouilh (Jean)
Il est plus facile de mourir que d'aimer.
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour...
Aragon (Louis)
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour...
Aragon (Louis)
Mourir, c'est accomplir un acte d'une portée incalculable.
France (Anatole François Thibault, dit Anatole)
France (Anatole François Thibault, dit Anatole)
On voudrait revenir à la page où l'on aime
Et la page où l'on meurt est déjà sous nos doigts.
Lamartine (Alphonse de)
Et la page où l'on meurt est déjà sous nos doigts.
Lamartine (Alphonse de)
Proverbe chinois.
Le sage regarde la vie et la mort comme le matin et le soir.
Proverbe espagnol.
Les morts ouvrent les yeux aux vivants.
Proverbe italien.
Une journée bien employée donne un bon sommeil, une vie bien employée procure une mort tranquille.
Léonard de Vinci (1452-1519), Carnets.
Léonard de Vinci (1452-1519), Carnets.
Proverbe latin.
Attends le soir pour louer le beau jour, et la mort pour louer la vie.
Laus in fine cantatur et vespere laudatur dies.
Laus in fine cantatur et vespere laudatur dies.
Proverbe persan.
La vie est un rêve dont la mort nous réveille.
La tragédie de la mort est en ceci qu'elle transforme la vie en destin –
André MALRAUX
- Tout finit afin que tout recommence, tout meurt afin que tout vive - Jean Henri FABRE
L'espérance, toute trompeuse qu'elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable - LA ROCHEFOUCAULD
De quoi est-il mort ? - De toute façon, on ne savait déjà pas de quoi il vivait.
Alfred Capus
Alfred Capus
A mesure que les soucis de la vie diminuent, ceux de la mort augmentent.
Alfred Bougeard
Alfred Bougeard
La mort c'est le meilleur moment de la vie. C'est pourquoi il est préférable de la garder pour la fin.
Vers la mort nous allons. Tous. En dansant ou en boitant, en riant ou en geignant, peu importe, puisque c'est là que nous allons.
… et sur la vie :
La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie - André Malraux
La vie est faite d'illusions. Certaines réussissent, ce sont les autres qui constituent la réalité.
Le plus beau présent de la vie est la liberté qu'elle vous laisse d'en sortir à votre heure
Que choisir ? Tout, dans la vie est affaire de choix. Cela commence par la tétine ou le téton et cela s'achève par le chêne ou le sapin
Le plus fructueux de tous les arts, c'est l'art de bien vivre.
Cicéron, Tusculanae Disputationes, IV, III, 5 ; env. 45 av. J.-C.
Cicéron, Tusculanae Disputationes, IV, III, 5 ; env. 45 av. J.-C.
Il faut toute la vie pour apprendre à vivre.
Sénèque, De brevitate vitae, VII, 3 ; env. 45.
Sénèque, De brevitate vitae, VII, 3 ; env. 45.
Les hommes se transmettent la vie comme les coureurs se passent le flambeau.
Lucrèce, De natura rerum, II, 79 ; env. 60 av. J.-C.
Lucrèce, De natura rerum, II, 79 ; env. 60 av. J.-C.
Nous savons que nous mourrons. Ce savoir nous donne en partage un sentiment d’impuissance fondamentale (égalité de tous les êtres devant la mort). Quoi que je fasse, où que je sois, je mourrai. Chacun d’entre nous, s’il pense à la mort, se pense comme mortel. La mort est constitutive de l’existence.
Nous savons que nous mourrons, nous ne savons pas vraiment ce que cela signifie. Deux significations sont communément envisagées :
- le néant
- l’accès à l’immortalité.
La mort demeure une idée. Nous ne pouvons avoir de certitude à son propos. C’est pourquoi la réflexion sur la mort est fondamentalement liée à celle sur l’existence. Selon que l’on croit à un anéantissement par la mort ou au contraire, à la mort comme point d’accès vers l’au-delà, le sens donné à son existence peut être très différent.
Selon Épicure, la crainte de la mort est inutile et infondée : la mort n’existe pas tant que nous vivons et nous n’existons plus quand elle est là. Il identifie la mort à une perte de sensations et en conclut donc qu’il faut jouir de son existence mortelle et non souffrir à l’avance pour une souffrance (celle de la mort) qui n’existe pas.
Épicure rejette la tradition orphique, reprise par Platon, qui croit à la survie et au jugement de l’âme. L’homme qui s’attache à vivre pour atteindre le paradis après sa mort, oublie trop souvent d’être heureux ici bas.
La philosophie d’Épicure apparaît séduisante. Néanmoins, il occulte tout le côté affectif. Il n’évoque aucunement la fin de la vie, la possible déchéance… Par ailleurs, il semble oublier que, même si nous demeurons vivants et si la mort ne nous fait pas souffrir en elle-même, c’est bien souvent la mort des autres, celle de nos proches, qui nous angoisse et nous fait souffrir.
« Philosopher, c’est apprendre à mourir » (Cicéron) Le sage stoïcien présente une certaine résignation, voire une résignation certaine face aux événements qui ne dépendent pas de lui, en particulier la mort. Pour Sénèque, faire de la philosophie, c’est dépasser sa condition mortelle, donc apprendre à mourir… Épictète pense que c’est par nos craintes et nos peurs que nous rendons la mort terrifiante. Nous ne pouvons certes éviter la mort mais nous pouvons éviter de la craindre, puisqu’elle est de toute façon inévitable !
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