Quoi de neuf, Docteur ? Il apparaît difficile de répondre à
cette question tant la recherche progresse à vitesse grand V. Imagerie
médicale, chirurgie, cardiologie, électrostimulation… Pour vous
présenter la médecine de demain, nous avons sélectionné les innovations
médicales qui vont révolutionner la médecine et changer votre vie.
1 Le traitement extracorporel du cancer
ne équipe italienne a traité un patient atteint d'un cancer
du foie très avancé grâce à une méthode inédite. Les chercheurs ont
retiré l'organe, l'ont traité par irradiation avant de le réimplanter.
Plusieurs mois après l'opération, l'homme qu'on disait condamné va bien.
Cette technique pourra-t-elle demain être étendue à tous les organes
transplantables : reins, poumons, pancréas… ?
Pour la première fois au monde, un cancer a été traité en
retirant l'organe du corps, en lui administrant un traitement par
radiothérapie et en le réimplantant. Cette opération extracorporelle a
permis aux médecins d'administrer de fortes doses de radiations aux
différentes tumeurs disséminées sur le foie, sans affecter les organes
environnants.
Un cas "désespéré"
Agé de 48 ans, le patient était jugé comme étant dans une situation
désespérée. Suite au diagnostic d'un cancer du colon, une partie de
l'intestin lui avait été enlevé en 2000. Mais le cancer avait eu le
temps d'atteindre un autre organe : le foie. Des scanners révélèrent pas
moins de 14 tumeurs sur l'organe et, suite à l'opération, de nombreuses
autres furent identifiées. De tels cancers sont généralement très
difficiles à traiter par les moyens thérapeutiques conventionnels. Le
pronostic avancé ne dépassait pas trois à quatre mois d'espérance de
vie…
Face à l'urgence de la situation et l'inefficacité des
chimiothérapies et des radiothérapies, les chercheurs de l'hôpital de
San Matteo de Pavie (Italie) ont tenté une opération de la dernière
chance.
L'aboutissement de 15 ans de recherche
Les
chirurgiens Aris Zonta et le physicien Tazio Pinelli ont voulu essayer
la méthode sur laquelle ils travaillent depuis 1987 :
- Ils procèdent à une injection d'un composé avec des atomes de bore,
qui va être absorbé sélectivement par les cellules cancéreuses ;
- Un réacteur permet de projeter des neutrons sur l'organe ;
- Une fois irradiés par les neutrons, les atomes de bore se désintègrent et détruisent les cellules cancéreuses.
Le hic est que les neutrons ont une faible capacité de
pénétration, ils peuvent être bloqués par la cavité abdominale ou les
os. C'est pourquoi les scientifiques ont prélevé le foie, qui a de plus
pu recevoir des doses de bore plus importantes.
Un an après l'opération qui a duré 21 heures, l'homme est en bonne santé.
Vers de nouvelles applications ?
Cette
nouvelle technique baptisée TAORMINA devrait bientôt concerner six
autres patients. Des obstacles demeurent parmi lesquels le faible nombre
de réacteurs à neutrons et la durée de l'opération qui limite son
recours aux patients les plus robustes.
"Enthousiaste au vu des
premiers résultats, le Dr Pirelli déclare dès maintenant que ce type
d'opération permet le traitement intégral de l'organe malade et peut
être étendu à tous les organes transplantables : reins, pancréas,
poumons…". Pour le moment, les experts restent prudents, une seule
personne ayant été traitée. Même s'il est encore trop tôt pour se
prononcer sur l'efficacité et l'innocuité de cette technique, elle
apparaît déjà comme une solution inédite pour des patients jusqu'alors
condamnés.
2 Au coeur de l'innovation
En France, plus de cent mille patients subissent chaque année
une opération cardiaque. Dans ce domaine, de nombreuses innovations
vont permettre de révolutionner une discipline encore récente. Zoom sur
les dernières découvertes qui vous tiennent à coeur.
Se développant sur une plaque d'
athérome (dépôt graisseux à l'intérieur d'une artère), un caillot sanguin (ou thrombose) peut conduire à l'occlusion d'une artère
coronaire :
c'est l'infarctus du myocarde. Privé de son irrigation sanguine, le
muscle cardiaque perd de son apport en oxygène. Longtemps, les médecins
ont eu le choix entre la réduction des facteurs de risque d'une part et
la chirurgie lourde de
pontage en
cas de crise aiguë. Face à cette situation d'urgence, les traitements
reposent aujourd'hui sur des techniques de moins en moins lourdes.
Des solutions qui ne manquent pas de ressort !
Ces dernières années ont vu une nette amélioration des techniques non
invasives. Face à l'obstruction d'un réseau coronarien, il est possible
d'introduire un minuscule cathéter, muni à son extrémité d'un ballon
gonflable. Une fois arrivé sur la zone obstruée, le ballon est gonflé et
permet de rétablir le diamètre d'ouverture naturelle de l'artère et
ainsi la circulation sanguine.
Si le résultat n'est pas
satisfaisant, le chirurgien pose alors une endoprothèse, aussi appelée
stent. Cette sorte de petit ressort métallique permet de maintenir
l'artère "ouverte". Il s'agit d'une alternative aux opérations lourdes à
coeur ouvert.
En 2002, on estime qu'environ 110 000 stents ont été implantés 1.
Ils permettent de réduire de 90 % le nombre de pontages coronariens en
urgence et de 35 à 50 % la nécessité de tout type de ré-intervention.
Mais
les complications ne sont pas rares. Dans 20 à 30 % des cas, l'artère
se rétrécit à nouveau à l'endroit même de la dilatation, en raison d'une
cicatrisation excessive, dans un délai de quelques semaines à 6 mois.
Mais
les stents ne se contentent plus de simple contention mécanique, ils
deviennent désormais des dispensateurs de substances qui préviennent la
resténose: la Rapamycine cytostatique et le Taxol cytotoxique.
Développé
par Cordis, un nouveau stent libère une substance naturelle : le
sirolimus. Ce produit est notamment utilisé dans la prévention du rejet
chez les transplantés rénaux. Ses propriétés anti-proliférative et
anti-inflammatoire permettent de bloquer le cycle de prolifération des
cellules sans pour autant les détruire et de réduire la réaction
inflammatoire locale.
Les premières études (RAVEL 2, CYPHER 3…)
de ces stents "intelligents" ont obtenu des résultats très prometteurs.
Des experts estiment que, chaque année, 25 000 à 30 000 malades
pourraient bénéficier de ce nouveau dispositif pour lequel le fabricant
demande un prix de 2 050 €uros… mais ce coût élevé doit aussi être
comparé avec celui des interventions qui vont de 4 000 à 20 000 €uros !
Un pontage sans suture !
Mais
parfois, en fonction de la localisation ou du caractère urgent de la
situation, le traitement nécessite de plus lourdes interventions. Face à
une situation d'urgence, l'une des solutions est de contourner la zone
obstruée à l'aide d'un morceau de veine du patient. Pour réaliser cette
prouesse, il faut coudre ce greffon ou anastomose de part et d'autre de
l'obstacle. Les sutures de ces anastomoses requièrent beaucoup d'adresse
et de temps, près de 3 heures.
Pour alléger cette procédure, des cardiologues suisses 4
ont mis au point un système de bague à griffes qui réduit l'opération à
quelques minutes. Au-delà de ce gain de temps, la mise en place de ce
mécanisme développé par une société américaine
St Jude Medical Anasmotic Technology Group ne nécessite aucune suture et
est beaucoup plus aisée.
Après de nombreux essais effectués sur
des chiens, les équipes suisses et américaines rapportent les résultats
de la première opération de ce type chez un patient de 61 ans. Après un
triple pontage, le patient se porte bien. Les premiers résultats sont
très encourageants. Avant d'envisager une généralisation de cette
technique, des études sur un plus grand nombre de patients et un suivi
sur une plus longue période seront néanmoins nécessaires.
Pose d'une valve cardiaque sans chirurgie : une première française
Agé
de 57 ans, Eugène est transféré mourant au CHU de Rouen. Victime d'un
rétrécissement d'une artère aortique, son état de santé rend impossible
le recours aux techniques classiques de dilatation aortique et encore
moins de remplacement de la valve par chirurgie à coeur ouvert… Pour ce
"condamné", une tentative de la dernière chance lui a été proposée :
l'introduction d'une valve artificielle par une veine (veine fémorale)
sans chirurgie ni recours à une anesthésie générale.
Les travaux
de l'équipe de Rouen débutés dans les années 1990 ont permis la mise au
point de valve artificielle originale pouvant être implantée grâce à un
cathéter (long tube creux, fin et flexible que l'on introduit jusque
dans le coeur). Schématiquement, la valve est comprimée à la surface
d'un ballonnet gonflable et entouré d'un grillage métallique (stent).
Une fois arrivée à l'endroit désiré, le gonflage permet l'expansion du
stent et l'ancrage de la valve en regard de la valve malade.
Cette
première mondiale a été réalisée en deux heures par l'équipe du Pr.
Cribier, chef de service de cardiologie de l'hôpital Charles Nicolle.
Les résultats ont été immédiatement évalués et ont confirmé l'excellente
fonction valvulaire. Selon le communiqué suivant cette opération
effectuée le 16 avril 2002, l'amélioration est "spectaculaire" avec
retour d'une pression artérielle normale alors qu'elle était effondrée.
Bien
que cette technique ne puisse être rapidement élargie, elle constitue
un espoir considérable pour les patients trop faibles pour une opération
à coeur ouvert, ceux refusant une anesthésie générale ou pour les pays
en voie de développement pour lesquels la chirurgie cardiaque est trop
coûteuse. Mais ces problèmes de coût concernent également la France,
ainsi le Syndicat national des spécialistes des maladies du coeur et des
vaisseaux dénonçait en décembre 2002 l'impossibilité pour les médecins
libéraux d'utiliser deux innovations majeures en cardiologie : le stent
Cypher® et les défibrillateurs automatiques implantables. Faute de
remboursement par l'assurance maladie, seuls les hôpitaux qui peuvent en
assumer le coût financier ont recours à ces deux innovations.
Des radiations pour une meilleure circulation
Publiées en janvier 2001, deux études par le Pr. Vérin
1 de l'hôpital Universitaire de Genève et par le Dr. Leon du Lennox Hill Hospital de New York
2, détaillent les bénéfices apportés par l'utilisation de radiations ionisantes à faible dose, dans la prévention de la
resténose.
En déposant une source de radiations bêta ou gamma dans l'artère des
patients pendant quelques minutes, ils ont réussi à diminuer de 70 % le
taux de resténose. Ces deux techniques, très performantes, permettent
non seulement d'éviter que l'artère se rebouche mais aussi d'augmenter
son élargissement. Cependant l'irradiation gamma doit être couplée à une
prise régulière d'aspirine, pour prévenir la formation de caillots
sanguins. En permettant un élargissement à long terme, cette technique
éviterait aux patients la nécessité d'une nouvelle intervention. Ces
faibles radiations n'ont-elles que des avantages ? Oui, a priori, mais
il est difficile pour une technique aussi récente d'évaluer les
éventuels effets secondaires à moyen et long terme. Delphine Berdah
1 et 2 - New England Journal of Medicine, 25 jan 2001 (vol. 344, n° 4)
3 Greffe de cellules pour sauver votre coeur
Plus de 20 millions de personnes souffrent d'insuffisance
cardiaque dans le monde, dont 500 000 en France. Pour ces malades, un
nouvel espoir de traitement prend forme. En effet, un essai de thérapie
cellulaire mené sur plus de 300 personnes va débuter en Europe et aux
Etats-Unis. Basé sur une greffe de cellules musculaires de la cuisse,
cette technique semble extrêmement prometteuse. Détails d'un procédé
révolutionnaire…
L'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la
firme Genzyme l'ont annoncé : un essai thérapeutique à grande échelle va
être lancé pour traiter l'insuffisance cardiaque.
Quand le muscle cardiaque va mal
L'insuffisance cardiaque est un problème qui fait souvent (une fois sur
deux) suite à un infarctus. Cet accident vasculaire survient lorsqu'une
artère coronaire (qui nourrit le coeur) se bouche. Toute une partie de
cet organe n'est plus irriguée et meurt. Une partie du coeur ne peut
plus se contracter et se nécrose : il y a alors une "insuffisance
cardiaque". Pour l'instant, il existe différentes techniques pour
essayer d'améliorer les fonctions cardiaques des patients. Différents
traitements médicamenteux vont ainsi limiter les troubles et surtout
prévenir les complications. Dans les cas les plus graves, le
défibrillateur automatique implantable, voire la transplantation
cardiaque et le coeur artificiel sont les ultimes méthodes de
traitement.
Un coeur qui a de la cuisse
La technique qui
va être testée par l'AP-HP et Genzyme est celle de la thérapie
cellulaire. Les cellules du coeur n'ont en effet aucune capacité de
régénération. L'idée est donc de prélever des cellules musculaires
ailleurs et de les réimplanter dans le coeur. Il n'y a ainsi aucun
risque de rejet. C'est ce qu'a réalisé pour la première fois en 2000
l'équipe du Pr. Menasché, de l'Hôpital Saint-Louis (Paris)*. Les
scientifiques ont prélevé des cellules souches musculaires de la cuisse
d'un patient : les myoblastes. Ils les ont ensuite mises en culture pour
en obtenir presque un milliard en quelques semaines. Puis ils les ont
implantées dans le coeur du malade. Et les résultats étaient
surprenants : la partie du coeur endommagée se remet à fonctionner
partiellement. Depuis ce premier résultat, 10 malades ont bénéficié de
ce traitement, dans le cadre d'un essai de faisabilité.
Qui pourra en profiter ?
Ce
traitement s'adresse potentiellement aux 500 000 insuffisants
cardiaques français, ainsi qu'aux 100 000 nouveaux cas environ qui
apparaissent chaque année. Mais concrètement, il concerne uniquement
ceux qui répondent mal aux traitements ou chez qui la transplantation
cardiaque n'est pas envisageable. De plus, cette thérapie cellulaire ne
pourra pas remplacer une greffe de coeur lorsque cette alternative
s'avère indispensable. Enfin, il faut souligner que cette méthode n'est
pas dénuée de risques : une tachycardie (troubles du rythme cardiaque)
pourrait apparaître momentanément entre 2 et 4 semaines après
l'implantation des cellules.
L'essai devrait débuter à l'automne,
en Europe et en Amérique du Nord, sur un total de 300 patients. En
France, 100 personnes seront prises en charge, le protocole étant
coordonné par le Pr. Menasché à l'Hôpital Européen Georges Pompidou. Les
cellules utilisées seront produites à l'hôpital Saint-Louis et à
Cambridge (USA). Si l'efficacité de cette technique est confirmée, elle
pourrait être disponible d'ici quelques années…
4 La vidéo-capsule, une alternative à la coloscopie ?
La capsule vidéo-endoscopique sert, au même titre que
l'endoscopie, à explorer l'intérieur du tube digestif à la recherche
d'éventuelles anomalies de l'intestin ou du côlon. Développé au début
des années 2000 par une firme israélienne, ce dispositif, qui se
présente sous la forme d'une gélule, est une sorte d'appareil photo
numérique que l'on ingère et qui progresse tout au long du tube
digestif.
Saignements digestifs, dépistage de polypes, pour toutes
les pathologies de l'intestin la méthode d'exploration la plus efficace
est, sans aucun doute, de regarder ce qui se passe à l'intérieur du tube
digestif. Jusqu'au début des années 2000, c'est l'endoscopie qui était
l'examen de référence. Depuis, une nouvelle technique, beaucoup moins
invasive, est venue compléter l'arsenal diagnostique dans le dépistage
des anomalies de l'intestin.
Un véritable progrès diagnostic
L'endoscopie
consiste à introduire par la bouche, ou par l'anus, un long tube muni
de fibres optiques, afin de filmer l'intérieur du conduit digestif, de
réaliser des prélèvements, voire d'enlever des polypes ou de colmater un
vaisseau endommagé. On parle de
coloscopie pour l'exploration du gros intestin (ou côlon) et d'entéroscopie pour celle de l'intestin grêle.
Mais l'endoscopie présente quelques inconvénients majeurs :
- Sans anesthésie générale, elle est parfois désagréable, et source d'appréhension par les patients ;
- Du fait de la longueur de l'appareil digestif, certaines zones sont difficiles ou impossibles à explorer.
"
Ainsi, on a longtemps considéré l'intestin grêle comme une
véritable "boîte noire". Du fait de sa longueur de 3 à 9 mètres, les
procédures classiques telles que l'entéroscopie ne permettent pas d'explorer plus d'un mètre de sa partie proximale - le jéjunum - et 70 cm de sa partie distale - l'iléon", précise à Doctissimo le Pr Gérard Gay du CHU de Nancy, vice-président de la société française d'endoscopie digestive.
Une caméra vidéo sous forme de capsule à ingérer
En l'an 2000, des chercheurs israéliens de la société
Given Imaging ont développé une vidéocapsule pour faciliter l'exploration du tube digestif.
Baptisé PillCam, le dispositif se présente sous la forme d'une gélule
contenant une minuscule caméra vidéo et une source lumineuse,
indispensable pour éclairer l'intérieur de l'intestin. Une fois avalée,
la vidéocapsule progresse naturellement à l'intérieur du corps,
propulsée par les contractions habituelles de la muqueuse digestive et
la gravité. La caméra permet d'enregistrer des images vidéos, transmises
par télémétrie à un enregistreur externe que le patient porte à la
ceinture. La personne peut continuer à vaquer à ses occupations,
notamment travailler, tandis que la gélule explore son tube digestif. La
capsule est éliminée dans un délai de 24 heures avec les selles.
"Cette
capsule est un véritable progrès en matière de diagnostic des maladies
de l'intestin grêle. Au terme de l'exploration, huit heures d'images
sont stockées et doivent être analysées. Un tel volume d'informations
nécessite une analyse d'une heure et demi à trois heures", précise le Pr. Gay.
Les indications de la vidéocapsule
La vidéocapsule est utilisée depuis ses débuts pour l'exploration de l'intestin grêle.
Sa principale indication est la recherche de la cause d’un saignement,
non découverte par un des examens classiques. Elle intervient donc en
deuxième intention. Seule contre-indication : un rétrécissement de
l'intestin grêle, dû à une maladie inflammatoire de l'intestin, une
maladie de Crohn, ou conséquences d'une radiothérapie de l'intestin
grêle.
Depuis 2013,
PillCam a été adaptée à l'exploration du côlon,
d'un diamètre plus large que celui de l'intestin grêle. Nécessitant la
même préparation qu'une coloscopie, l'exploration du côlon par
vidéocapsule n'est réalisée que lorsque la coloscopie est
contre-indiquée, qu'elle a été incomplète ou refusée par le patient. En
outre, la vidéocapsule ne permet pas d'intervenir sur la lésion qu'elle a
permis de repérer ; le patient à qui l'on découvre un polype doit donc
subir une coloscopie pour se le faire retirer. La vidéocapsule ne
remplace donc en aucun cas l'examen classique qui est pratiqué pour le
diagnostic du
cancer du côlon.
5 Cancer du sein : vers une chirurgie à minima
Le cancer du sein peut se propager à d'autres organes
(métastases du foie, du poumon, etc.) via la lymphe. Passage obligé de
ce liquide, un certain nombre de ganglions axillaires peut être enlevé
en même temps que l'opération de la tumeur. Ce curage axillaire peut
néanmoins entraîner des séquelles douloureuses. Une nouvelle méthode
moins traumatisante pourrait y remédier : la technique du ganglion
sentinelle.
L'envahissement des ganglions lymphatiques situés dans
les aisselles représente la première étape vers le développement de
métastases dans le cancer du sein. Il conditionne en grande partie le
pronostic de ce cancer et son traitement.
Eviter la propagation du cancer
Si une tumeur opérée mesure moins d'un millimètre de diamètre et n'a
pas encore envahi les ganglions, elle a neuf chances sur dix de guérir.
Mais s'il existe déjà un envahissement ganglionnaire au moment du
traitement, les chances de guérison ne sont plus que de 50 %.
Pour
préserver au maximum les possibilités de survie, les ganglions atteints
doivent être enlevés et le traitement complété par une chimiothérapie
qui permettra de détruire les cellules tumorales disséminées dans
l'organisme.
Jusqu'à une période très récente, l'ablation d'une
tumeur invasive du sein (c'est-à-dire ayant commencé à infiltrer la
glande mammaire) était donc systématiquement associée à un curage
axillaire du côté atteint. Cette opération consiste en l'ablation d'une
partie de la chaîne ganglionnaire située dans l'aisselle du côté du sein
traité. Autrefois, la totalité des ganglions était enlevée.
Aujourd'hui, une dizaine de ganglions sont enlevés et examinés.
Les inconvénients du curage
Parmi
les conséquences du curage axillaire, on note l'atteinte du drainage
lymphatique du sein et du bras, une augmentation de la sensibilité aux
infections au niveau du bras. De plus, ce curage peut entraîner des
douleurs et une certaine impotence du bras dans les semaines qui suivent
l'intervention. L'aide d'un kinésithérapeute permettra de retrouver
progressivement toute sa mobilité.
Au terme des trois à huit
jours d'opération, un redon (petit tuyau servant à évacuer la lymphe)
est laissé en place en dessous du bras. Malgré cela, le drainage de la
lymphe se fait moins efficacement, ainsi un tiers des femmes a besoin
d'une ponction suite à l'opération.
Enfin, 5 % des femmes doivent
faire face après plusieurs années à un problème de "gros bras" ou
lymphoedème du bras. Ce gonflement de la main et du bras très douloureux
empoisonne la vie des patientes atteintes. Actuellement, on ne dispose
d'aucun traitement réellement efficace face à ce problème.
Repérer les sentinelles
Développée
depuis le début des années 1990, la technique du ganglion sentinelle
est beaucoup moins traumatisante. Il s'agit de repérer les premiers
ganglions de la chaîne axillaire, ceux qui seront les premiers à être
envahis par les cellules malignes, et de les enlever pour les examiner.
Un véritable curage ne sera effectué que s'ils sont atteints.
En pratique, une substance radioactive légère et un colorant sont
injectés autour de la tumeur, peu avant son ablation. Ces substances
vont cheminer dans le système lymphatique et se concentrer dans les
premiers ganglions qui drainent la tumeur, les ganglions sentinelles. Ce
"marquage" permet au chirurgien de les repérer et de les enlever à
travers une toute petite incision.
En moyenne deux ganglions sont
prélevés et examinés aussitôt au laboratoire, au cours même de
l'intervention. S'ils sont cancéreux, toute la chaîne ganglionnaire est
enlevée. Dans le cas contraire, l'opération s'arrête là.
Mais une
analyse plus approfondie sera réalisée dans les jours qui suivent.
Certaines femmes pourront être à nouveau opérées pour un véritable
curage, si les ganglions se révèlent finalement envahis. L'indication
d'une chimiothérapie sera décidée selon plusieurs critères, parmi
lesquels la présence ou l'absence d'envahissement ganglionnaire tient
une place importante.
Plus d'une femme sur deux
La
technique du ganglion sentinelle s'adresse à toutes les femmes ayant un
cancer du sein de diamètre inférieur à 15 ou 20 mm, sans ganglion
palpable dans l'aisselle, à condition que la tumeur soit unique et que
la femme n'ait pas reçu de chimiothérapie dite néoadjuvante
(chimiothérapie proposée dans certains cas, avant l'intervention pour
diminuer la taille de la tumeur et augmenter les chances d'une chirurgie
conservatrices).
"Dans notre expérience, cela représente plus de
la moitié des patientes » estime le Dr Emmanuel Barranger (hôpital
Tenon) "Mais cela concernera de plus en plus de femmes à mesure que le
dépistage deviendra plus performant. La taille moyenne des tumeurs
dépistées est actuellement de 15 mm".
Dans quelques centres seulement
Introduite
en France il y a deux ou trois ans, cette technique n'est
malheureusement réalisée que dans quelques centres anticancéreux. Elle a
l'avantage d'éviter des curages axillaires inutiles dans 70 % des cas,
car le risque d'envahissement ganglionnaire n'est que de 30 % dans ces
petites tumeurs.
"Cela signifie pas de soins postopératoires
(drains), moins de douleurs, tout un confort" souligne le Dr Barranger.
L'hospitalisation est plus courte et le risque de séquelles minime.
Néanmoins, 30 % des patientes devront avoir finalement un curage
ganglionnaire :
- Soit au cours de l'intervention, parce que l'examen immédiat était
positif ou, plus rarement, parce que le ou les ganglions sentinelles
n'ont pas pu être repérés ;
- Soit lors d'une deuxième intervention, car l'examen plus approfondi des ganglions a montré la présence de cellules malignes.
Un certain nombre de "réinterventions"
La technique du
ganglion sentinelle a aussi des inconvénients. Le premier est de devoir
réopérer un certain nombre de patientes, là aussi sous anesthésie
générale, pour un curage. Le deuxième est de courir le risque de laisser
en place des ganglions métastatiques. La proportion de ces faux
négatifs est de 3 à 5 %. "Mais le risque est étroitement lié à
l'expérience du chirurgien, au nombre d'interventions qu'il réalise"
observe le Dr Barranger.
Enfin, bien que le recul soit de dix ans
environ aux Etats-Unis, on ne dispose pas encore d'études comparatives
entre le curage axillaire systématique et la technique du ganglion
sentinelle pour évaluer les effets de ces deux stratégies sur la survie à
long terme. C'est seulement lorsque de telles études seront disponibles
que l'on pourra juger véritablement des avantages de cette technique.
6 La santé, c'est simple comme un coup de fil !
Longtemps décrié, le téléphone portable pourrait bien se voir
attribuer de nouvelles vertus. Des scientifiques britanniques viennent
de développer un système de veille à distance via le téléphone portable.
Cette technologie pourrait permettre la surveillance de patients situés
à des milliers de kilomètres de là.
Exaspéré par des sonneries au restaurant, au cinéma ou au
théâtre, vous avez plus d'une fois maudit l'inventeur du téléphone
portable. Mais de récentes découvertes pourraient bien vous faire
changer d'avis !
Surveiller des patients via leur mobile
Des
chercheurs de l'Université de Loughborough ont réussi à développer une
technologie permettant de surveiller des malades à distance. Les
paramètres corporels tels que les pulsations cardiaques, la tension
artérielle ou la température pourraient être transmis à des médecins
très éloignés via le réseau des téléphones portables. Responsable de
cette découverte, le Pr. Woodmard précise que toute variable qui peut
être mesurée électroniquement peut être transmise via le réseau des
téléphones portables.
Vivant à plusieurs kilomètres d'un hôpital, un patient pourra subir un
examen de routine grâce à quelques électrodes placées sur son torse et
reliées à un boîtier électronique fixé à sa ceinture. Les signaux
produits par les électrodes seront enregistrés par le boîtier et
convertis en signaux infrarouges similaires à ceux de votre
télécommande. Un récepteur fixé sur votre portable recueillera les
données et les transmettra à l'ordinateur de votre médecin.
Selon
les scientifiques britanniques, les signaux ont pu être retranscrits
fidèlement à maintes reprises. La seule limitation étant celle du réseau
téléphonique… Attention quand vous passez dans un tunnel !
Détecter l'Alzheimer par téléphone
Détecter
les premiers signes de démence par téléphone ! Voilà une bien étrange
idée, non ? Pas vraiment, car une telle technologie permettrait un
dépistage aisé des premiers signes de la maladie d'Alzheimer ou d'autres
types de démences.
La firme HealthCare Technology Systems 1
déclare être capable d'un tel exploit avec des résultats très
satisfaisants. Dans l'étude conduite par le Pr. Mundt, le système
identifia 82 % des personnes âgées de 56 à 93 ans diagnostiquées avec
des troubles cognitifs par leur médecin. Chez les personnes qui en
étaient exemptes, 80 % furent détectées. Au total, 155 personnes
participèrent à cette étude.
Financé par le National Institute on
Aging (institut américain de la vieillesse), ce système pourrait se
révéler très utile pour les personnes détectées plus tôt. Pour la
maladie d'Alzheimer, les traitements permettent de ralentir la
progression de la maladie. Ainsi, on comprend aisément le bénéfice d'une
prise en charge précoce.
Les chercheurs précisent néanmoins que
cette détection ne remplace en aucun cas le diagnostic clinique. Alertés
par cette technologie, les patients pourront prendre rendez-vous avec
leur médecin. Des systèmes similaires ont été développés pour un
dépistage de la dépression, de l'anxiété, de la toxicomanie ou de
l'hypertension.
Pas même besoin de décrocher
Plus
étonnant encore, des scientifiques américains ont constaté que les ondes
émises par votre téléphone portable sont modifiées par les mouvements
des poumons et du coeur 2.
Cet effet Doppler à
l'origine du fonctionnement des scanners serait à l'origine de
variations de la fréquence des ondes de l'ordre d'un milliardième de
hertz. Pourtant, les chercheurs sont persuadés de pouvoir les capter en
modifiant les portables. Suite à une catastrophe naturelle ou un
accident, votre portable pourrait transmettre aux premiers secours des
indications capitales sans même avoir à décrocher.
7 Réalité virtuelle, scalpel intelligent... la chirurgie de demain est en marche
Des systèmes de réalité virtuelle pour permettre aux
chirurgiens de se former, des scalpels capables de "sentir" ce qu'ils
coupent, des robots chirurgiens de plus en plus performants… Voilà
quelques-unes des innovations, qui vont changer la chirurgie de demain.
Vous ne regarderez plus votre chirurgien de la même manière…
Les nouvelles technologies ont déjà un impact majeur sur
la gestion de la santé. La révolution numérique n'épargne pas même la
chirurgie. Découvrez trois domaines qui pourraient bien transformer les
salles d'opération.
Les chirurgiens se mettent à la réalité virtuelle
De
la même manière que les pilotes de ligne s'entraînent des heures sur
des simulateurs, les chirurgiens bénéficient de plus en plus des progrès
informatiques.
Ainsi, de nombreuses entreprises se sont lancées dans la mise au point
de simulateurs en trois dimensions, permettant aux chirurgiens d'exercer
la dextérité propre à leur activité. Les médias se sont ainsi fait
l'écho de systèmes permettant la modélisation d'organes humains
s'appuyant sur la réalité virtuelle.
En tapant "réalité virtuelle
et chirurgie" sur Medline, la plus grande base de données recensant les
publications scientifiques, on ne trouve pas moins de 214 publications.
On a vu tour à tour un simulateur de gestes pour les opérations du foie
développé par l'Institut national de recherche en informatique et
automatique (Inria), les opérations en coloscopie présentées lors du
festival de la science en Grande-Bretagne, gastroscopie, gynécologie,
neurologie, ophtalmologie, etc.
Casques virtuels, scalpels au
bout de bras robotiques… La salle d'opération pourrait bientôt changer
de physionomie. Mais quel que puisse être le degré de sophistication de
ces systèmes, ils se heurtent actuellement à un obstacle de taille :
rendre compte de la texture des tissus opérés. La distinction entre la
peau et l'os peut être rendue mais pour des différences tactiles plus
subtiles, les chercheurs progressent à petit pas.
Un scalpel intelligent !
La
chirurgie du futur pourrait bien accueillir de nouveaux outils parmi
lesquels des scalpels intelligents. Des scientifiques japonais de
l'Université de Tokyo développent actuellement des outils capables de
"sentir" la forme et la texture des objets qu'ils touchent.
Ces
nouvelles avancées en haptique (étude scientifique du toucher)
pourraient révolutionner la chirurgie. Pour démontrer les possibilités
de leur technologie Smart-Tool, les chercheurs ont utilisé un verre dans
lequel se superposaient une couche d'huile et une couche d'eau. Alors
que la distinction est impossible au toucher, le stylet Smart-Tool a
permis de distinguer les deux milieux. L'expérience a pu être reconduite
avec des oeufs durs, le stylet distinguant le jaune du blanc.
On
comprend les incroyables possibilités chirurgicales si des scalpels
pouvaient être équipés de la même technique. Ils permettraient une
précision inégalée.
Les robots envahissent la salle d'opération
Les
robots débarquent également en salle d'opération. Dès 1998, un nouveau
robot d'intervention "Da Vinci", développé par une société américaine
Intuitive Surgical Inc, est utilisé lors d'une opération du coeur,
pratiquée par le Professeur Carpentier.
Les principales
innovations de ce système comprennent un poignet artificiel (encore bien
plus performant que la main du chirurgien !) et une caméra
tridimensionnelle. Derrière sa console, le chirurgien opère
virtuellement à l'aide de petites manettes. Ses gestes sont analysés
puis retranscrits par les bras articulés du robot au contact du malade.
En France, deux programmes de "robots chirurgicaux" sont déjà l'essai.
Mi-juillet,
une équipe de chirurgie orthopédique de Bordeaux a réalisé
l'implantation d'une prothèse du genou, aidée par un robot chirurgien.
Cette première nationale a succédé à une première mondiale réalisée par
une équipe de l'Institut mutualiste Montsouris : une ablation du colon
gauche et une autre du rectum grâce à un assistant robot fabriqué par la
firme Altera.
Les robots peuvent même assister l'homme dans des
opérations de neurochirurgie. L'une des principales difficultés de la
chirurgie du cerveau est le risque d'endommager des tissus sains en
ciblant la tumeur ou la zone affectée. Ainsi, certaines localisations
tumorales rendent les opérations impossibles.
Les robots peuvent
assister le chirurgien en guidant les instruments chirurgicaux sur la
zone ciblée avec une extrême précision, minimisant ainsi les risques de
dommages cérébraux. Le robot Pathfinder de la firme Armstrong Healthcare
est le premier robot capable d'établir une cartographie du cerveau à
partir d'une visualisation par scanner du crane d'un patient et d'aider
le praticien dans le choix du parcours
Ces découvertes ne
représentent que trois grands axes de recherche et ne prétendent en rien
être exhaustives. Les techniques d'imagerie médicale avec la mise au
point d'endoscopes toujours plus performant ou de techniques non
invasives de plus en plus précises sont autant de domaines qui
préfigurent sans nul doute la chirurgie du futur. Demain, passer sur le
billard pourrait être un jeu d'enfant !
Gadgets high-tech ou incontournables du futur ?
Des caméras aussi petites qu'une gélule, des robots capables
de pratiquer des opérations avec une précision toute chirurgicale… les
avancées technologiques ne cessent de nous surprendre. Mais elles
peuvent parfois trouver des applications plus étonnantes encore. Une
brosse à dents avec caméra, un T-shirt à la vitamine C, des toilettes
intelligentes… Doctissimo vous présente trois produits, qui pourraient
bientôt constituer des éléments de votre quotidien.
La recherche emprunte parfois des voies surprenantes.
Vous pourriez bientôt commencer votre journée en vous lavant les dents
avec une brosse équipée d'une caméra et enfiler un T-shirt qui vous
fournira votre dose journalière de vitamines. En cas de petits besoins,
vous pourriez faire un petit check-up santé en passant aux toilettes.
Ils sont fous ces Japonais !
Une compagnie japonaise est en train de développer une brosse à dents
équipée d'une caméra. Cette étrange invention devrait permettre aux
utilisateurs de vérifier l'efficacité du brossage. Les déchets piégés
dans les dents peuvent entraîner des caries ainsi qu'une mauvaise
haleine. Une hygiène dentaire insuffisante a même été reliée à des
problèmes respiratoires ou à des accouchements prématurés. Mais grâce à
l'oeil indiscret de cette mini-caméra, pas moyen d'échapper à un bon
coup de brosse. Rapporté par le New Scientist, cette découverte est
développée par Panasonic.
Autre innovation japonaise des plus
surprenantes : des T-Shirts capables de délivrer une dose journalière de
vitamine C. La compagnie Fuji Spinning Company aurait ainsi développé
une fibre contenant une "pro-vitamine" capable de se transformer en
vitamine C au contact de la peau. Les fibres conserveraient même leur
efficacité après 30 lavages.
Rappelons néanmoins, que le seul
moyen de disposer de la bonne dose quotidienne de vitamines reste
aujourd'hui une alimentation équilibrée, riche en fruits et en légumes.
Les WC du futur sont là !
"Vous
semblez en bonne santé mais vous ne mangez pas assez de fibres". Tel
pourrait bientôt être ce que vous entendrez dans vos toilettes !
C'est
du moins la promesse d'une firme anglo-saxonne Twyford qui a déjà
fabriqué un prototype de cuvette interactive ! Premièrement, ces
toilettes reconnaissent les utilisateurs à la voix et s'adaptent à la
stature de chacun, se baissant pour un enfant. Mais la véritable
révolution a lieu à l'intérieur même de la cuvette où plusieurs capteurs
vont vérifier l'état de santé des utilisateurs. En cas de problèmes,
l'ordinateur intégré pourrait même envoyer un e-mail au médecin pour le
prévenir. Ces toilettes font aussi de la prévention en surveillant les
carences alimentaires de chacun. Dernière innovation, la chasse d'eau
est déclenchée par infrarouge et libère la quantité d'eau minimum.
Cette
invention devrait être commercialisée d'ici cinq ans. Mais son prix
reste élevé : environ 7 600 €uros ! Si elles ne sont pas remboursées par
la Sécurité sociale, ces toilettes ne risquent donc pas de détrôner les
cabinets… de médecins !
8 La médecine s'affranchit des distances
Septembre 2001, France Telecom et l'Institut de recherche
contre les cancers de l'appareil digestif réalisaient à New-York une
première mondiale en télé-chirurgie en opérant de la vésicule biliaire
une patiente, qui se trouvait à Strasbourg. Novembre 2002, les mêmes
partenaires rendent possible l'analyse 3D du dossier médical d'un
patient par plusieurs spécialistes distant de centaines de kilomètres.
Cap sur la médecine de demain !
Baptisée "opération Lindbergh", la première intervention
chirurgicale transatlantique avait été rendue possible grâce au
savoir-faire et au talent de l'Institut de recherche contre les cancers
de l'appareil digestif et de France Telecom. Son auteur, le Pr.
Marescaux déclarait alors que cette intervention chirurgicale réalisée à
7000 km de distance représente la 3
e révolution chirurgicale depuis 10 ans. Mais depuis cette date, une nouvelle révolution a eu lieu !
Un télé-diagnostic en trois dimensions
Dévoilé le 5 novembre 2002, Argonaute 3D est décrit comme "une
plate-forme expérimentale permettant à plusieurs acteurs distants du
corps médical d'analyser et de traiter ensemble en temps réel le dossier
d'un patient reconstitué en trois dimensions, afin de décider de la
meilleure stratégie opératoire à adopter".
Concrètement, la prise en charge optimale d'un patient se passe actuellement selon le schéma suivant :
- Un
patient se rend chez son médecin généraliste qui, après l'avoir
examiné, décèle un risque de tumeur. Le radiologue réalise des clichés
en deux dimensions, les étudie et rédige une synthèse. Le patient
revient alors vers son médecin généraliste qui, suite à la conclusion de
son confrère, envoie les clichés à un cancérologue. Cet expert lui
confirme le diagnostic et l'oriente sur le traitement à appliquer
(radiothérapie ou intervention chirurgicale). Le médecin généraliste
informe son patient et transmet son dossier au chirurgien. A la vue des
clichés, ce dernier décide de l'intervention à réaliser. Après
l'opération, de plus amples analyses sont effectuées et transmises au
médecin traitant. Entre la première consultation et l'intervention,
plusieurs semaines voire plusieurs mois se sont écoulés… un délai
difficilement compatible avec une maladie qui peut être évolutive.
Mais d emain, l'innovation Argonaute 3D pourrait totalement bouleverser la donne :
- Une
fois les scanners et les IRM réalisés et assemblés autour d'une
reconstruction 3D, l'ensemble des médecins se connectent ensemble à une
plate-forme expérimentale grâce à un portail Web et discutent du cas
clinique en temps réel et à distance. Ils pourront ainsi visualiser en
trois dimensions la pathologie grâce à des images 3D, discuter de la
localisation des lésions, simuler les thérapies envisageables et décider
ensemble de la meilleure stratégie opératoire à adopter.
Après la théorie : la pratique
Une
première simulation et utilisation de la plate-forme expérimentale
Argonaute 3D s'est déroulée le 5 novembre 2002. Depuis plusieurs sites
(Strasbourg, Brest, Paris et Lannion), la première expérimentation a
permis la coordination de :
- Le Docteur Christine Vidal, médecin généraliste, à Lannion ;
- Le professeur Jacques Marescaux, expert en chirurgie des cancers de l'appareil digestif à Paris ;
- Le professeur Luc Soler (IRCAD), expert en imagerie médicale et le professeur Afshin Gangi, radiologue, à Strasbourg ;
- Le Professeur Patrick Lozac'h, chirurgien, au CHU de Brest.
Au programme, établir le diagnostic d'un patient atteint d'un
cancer du foie. Grâce à différents clics, les veines et les tumeurs se
colorent différemment. La localisation d'une tumeur située près d'une
artère complique l'opération. Les experts choisissent ensuite la
meilleure façon de détruire la tumeur par laser, sans endommager les
poumons et la rate.
Des avantages multiples
Les avantages sont nombreux pour le patient :
-
Amélioration de la prise en charge thérapeutique
En
réseau, plusieurs experts médicaux peuvent gagner beaucoup de temps
dans l'anal yse de la pathologie et dans la préparation de l'acte
chirurgical ;
-
Amélioration du diagnostic et de la stratégie chirurgicale
Grâce
à une meilleure visualisation de la pathologie, ces échanges permettent
aux intervenants de débattre en direct et de fournir une analyse plus
approfondie du cas clinique présenté ;
-
Accès facilité aux experts médicaux
Le
patient, où qu'il se trouve géographiquement, profite de cette avancée
technologique : le cas peut en effet être traité depuis de nombreuses
localisations grâce à la mise en réseau de son dossier.
"Argonaute
3D est une réelle évolution pour l'ensemble du corps médical" commente
le professeur Jacques Marescaux. "A l'IRCAD, nous développions depuis
1995 un outil de reconstitution en 3 dimensions du patient et de ses
pathologies. Il nous manquait cependant l'essentiel : la possibilité de
travailler de façon coopérative, à distance et en temps réel, sur le cas
clinique d'un patient (…). Argonaute 3D est une nouvelle étape dans la
prise en charge thérapeutique du patient et dans la façon de travailler
des équipes médicales". En novembre 2001, cet expert nous déclarait
déjà : "La chirurgie passe de l'ère industrielle à l'ère de
l'information. Ceux qui la refusent ne réussiront pas à répondre à la
demande de leurs patients et se retrouveront isolés face à leurs
confrères. Nous devons balayer la notion d'individualisme qui reste
attachée à l'image du corps médical et accepter d'être plus humbles. Les
médecins ont commencé à partager des images fixes, puis des images
animées, nous allons à présent vers le partage du geste, ce que l'on
peut appeler le télé-compagnonnage. A l'avenir, les jeunes chirurgiens
pourront être assistés à distance sur leurs premières opérations,
gagnant en sûreté". Vaste programme !
10 La stimulation cérébrale : avenir de la neurochirurgie
Loin des lobotomies ou autres procédures mutilantes, la
stimulation cérébrale offre aujourd'hui de nouveaux horizons à la
neurochirurgie. Il est maintenant possible de soulager efficacement des
patients atteints de la maladie de Parkinson ou de troubles
obsessionnels compulsifs. Cette technique pourrait demain concerner
d'autres maladies.
Les yeux ouverts, parfaitement réveillé, Alain est
constamment sollicité alors que le chirurgien implante au coeur de son
cerveau des électrodes au millimètre près. Cette technique
impressionnante a permis à des centaines d'autres patients atteints de
la maladie de Parkinson de retrouver une vie normale.
Neurochirurgie : la fin de la mauvaise réputation ?
Fini
la lobotomie et autres opérations chirurgicales mutilantes, la
stimulation cérébrale permet de redorer le blason d'une discipline qui
n'a pas bonne presse. Contrairement aux opérations pratiquées
principalement dans les années 1950, la nouvelle technique est
pratiquement dépourvue de complications et n'entraîne pas de
destructions cérébrales définitives.
Elle consiste à l'introduction de mini-électrodes délivrant des
impulsions à haute fréquence au sein d'une zone cérébrale profonde de la
taille d'un petit pois. Les stimulations à haute fréquence inhibent les
neurones et interrompent la transmission du message nerveux. Le
groupement de neurones ciblé intervient dans un contrôle particulier que
l'on veut modifier.
La stimulation électrique de ces structures
cérébrales modifie leur fonctionnement et améliore les symptômes. Grâce
au développement de l'imagerie cérébrale, certaines zones ont pu être
identifiée avec précision.
Bien entendu, une fois en place, les
stimulations se font sans que le patient n'en soit conscient et les
électrodes ne sont pas visibles de l'extérieur. Ce procédé fonctionne
sur le même modèle que le pacemaker pour le coeur, les deux électrodes
sont reliées au stimulateur placé sous la peau. Pour le moment, cette
technique a démontré une certaine efficacité dans le cadre du traitement
de la maladie de Parkinson et, par hasard, des troubles obsessionnels
compulsifs.
La nécessité d'un suivi rigoureux permet un contrôler
régulièrement l'évolution du traitement. En cas de problème, il est
possible d'arrêter le traitement en arrêtant les stimulations voire en
enlevant les électrodes.
Stimulation cérébrale profonde contre la maladie de Parkinson
Plusieurs
centaines de patients souffrant de la maladie de Parkinson avancée ont
été traitées avec succès grâce à l'implantation d'électrodes au niveau
d'une région du cerveau située sous le thalamus : le noyau
sous-thalamique. Ces électrodes sont alors reliées par un câble
sous-cutané à un petit boîtier de stimulation placé juste sous la
clavicule.
La stimulation a réellement amélioré la qualité de vie
des patients en agissant sur la triade des symptômes de la maladie de
Parkinson : les tremblements, la raideur et la difficulté à contrôler
ses mouvements. La stimulation profonde n'est indiquée qu'à des malades
depuis plus de 5 ans. Aujourd'hui, en France, seule une quinzaine de
centres réalisent ce type d'intervention de neurochirurgie. Et
malheureusement, un nombre restreint de malades a accès à cette
technique, en raison de la lourdeur de l'intervention et de son coût
très élevé.
Plus récemment, une équipe du Groupe hospitalier de la
Pitié-Salpétrière ont fortuitement découvert une nouvelle application à
cette technique. Au cours de l'enquête psychologique précédant
l'intervention, les chercheurs ont constaté la présence de troubles
obsessionnels compulsifs chez deux parkinsoniens. Les deux patients
opérés et suivis par l'équipe de la Salpetrière, ont vu leurs TOC quasi
disparaître. 18 mois après l'intervention, l'arrêt de ces troubles
psychiatriques est toujours observé.
Quant à leur maladie de
Parkinson, l'amélioration des troubles moteurs a été presque complète
chez l'un des malades, et seulement partielle chez l'autre. Bien que ne
concernant que deux personnes, cette observation suggère que
l'électrostimulation peut agir non seulement sur des symptômes
neurologiques mais également des phénomènes psychiatriques.
Vers des applications contre les maladies psychiatriques ?
Spécialiste
du traitement neurochirurgical de la maladie de Parkinson, le Pr.
Alim-Louis Benabid avait saisi en octobre 2001 le Comité Consultatif
national d'éthique (CCNE) sur les implications éthiques liées au
développement de nouvelles applications de ce traitement. En juin 2002,
le CCNE donnait son feu vert de principe tout en fixant des limites
assez strictes. Vis-à-vis d'autres applications possibles (dépressions
graves résistantes au traitement, psychoses schizophréniques résistantes
au traitement…), le comité émet des réserves, en l'absence d'études
complémentaires. Dans tous les cas, un encadrement très strict de ces
pratiques, la mise en place d'un comité de contrôle et l'acceptation du
traitement par le malade sont essentiels. Ces restrictions devraient,
selon le CCNE, éviter les risques de dérives.
L'intérêt
scientifique pour cette technique est très élevé. Lors du troisième
forum européen sur les neurosciences en juillet 2002, le Pr. Benabid
rappelait que les chercheurs ont évoqué une large gamme d'applications
potentielles dans des cas aussi variés que l'épilepsie et l'obésité due à
un dysfonctionnement
endocrinien. Le professeur avait également évoqué de possibles applications préventives : "
Des
expériences sont par ailleurs en cours de réalisation pour envisager
les façons d'utiliser cette technique pour développer des méthodes
neuroprotectrices. Ces dernières pourraient servir à empêcher les
lésions du système nerveux, et donc les troubles neurologiques".
Source :
ICI